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— J’espère, ajoutait-il, que tu n’es pas embarrassé pour lui tourner un madrigal de temps en temps ?

— Un madrigal !

C’était toute une révélation pour le candide Alfred. Un madrigal !

— Eh, bien ! oui, continua l’obligeant ami. Tu peux, par exemple, lui faire des compliments sur ses grands yeux, sa petite bouche, etc.

L’imagination d’Alfred travailla ferme sur cette donnée.

Un beau soir, dans le salon, comme les jeunes gens se trouvaient seuls, Alfred prit dans sa main la main de sa fiancée et lui dit :

— Ma chère Valentine, vous avez des yeux si grands et une bouche si petite que, s’il vous prenait fantaisie d’avaler un de vos yeux, il vous faudrait au moins le couper en quatre.