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DEUX ET DEUX FONT CINQ

compte — un peu cruel, peut-être — au récit d’infortunes inédites.

— Quoi de nouveau, mon vieux ? fais-je hypocritement. Toujours content ?

— Content ?… Tu te moques de moi, dis ? Content !… Enfin, je me fais une raison ! Et toi ?

— Parfaitement heureux, merci, plus heureux même que je mérite.

— Ça ne se mérite pas, le bonheur… malheureusement !… Car ça commencerait bien à être mon tour.

— Encore embêté ?

— Bien sûr !… Imagine-toi que j’ai couché au poste, lundi dernier.

— Couché au poste, toi ! Le plus tranquille des hommes !

— Parfaitement ! Moi, le plus tranquille des hommes !… j’ai couché au poste !

— Et pour quelle cause ?

— Pour cause de soûlographie.

— Pour cause de soûlographie, toi ! Le plus sobre des hommes !

— Parfaitement ! Moi, le plus sobre des hommes ! Couché au poste !… Pour cause de soûlographie !

— Mais, enfin…

— Oh ! ça n’est pas bien compliqué, va !… Lundi dernier, je rencontre rue Royale, vers six heures, Cap (Martin), le cousin du Captain. Il me fait entrer à l’Irish Bar, et commande un gin-soda. Moi, qui