Page:Alladine et Palomides.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
Alladine et Palomides

je rencontrasse un être humain. On eût dit que j’avais vécu jusqu’alors dans une chambre fermée, que vous aviez ouverte ; et j’ai su tout à coup ce que devait être l’âme des autres hommes et ce que la mienne aurait pu devenir… Depuis, je vous ai connue davantage. Je vous ai vu agir, et puis, d’autres aussi m’ont appris tout ce que vous étiez.

Il y eut des soirs où je vous quittais sans rien dire, et où j’allais pleurer d’admiration dans un coin du palais, parceque vous aviez simplement levé les yeux, fait un petit geste inconscient ou souri sans raison apparente, mais au moment où toutes les âmes autour de vous le demandaient et voulaient être satisfaites. Il n’y a que vous qui sachiez ces moments, parceque l’on dirait que vous êtes l’âme de tous, et je ne crois pas que ceux qui ne vous ont pas approchée puissent savoir ce que c’est que la vie véritable. Aujourd’hui, je viens vous dire tout cela, parceque j’ai senti que je ne serai jamais celui que j’avais espéré devenir… Un hasard est venu —