Page:Alladine et Palomides.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
Intérieur

m’ont jamais vu… Je ne suis qu’un passant ; je suis un étranger…

Le Vieillard

Il vaut mieux ne pas être seul. Un malheur qu’on n’apporte pas seul est moins net et moins lourd… J’y songeais en venant jusqu’ici… si j’entre seul, il me faudra parler dès le premier moment ; ils sauront tout en quelques mots et je n’aurai plus rien à dire ; et j’ai peur du silence qui suit les dernières paroles qui annoncent un malheur… C’est alors que le cœur se déchire… Si nous entrons ensemble, je leur dis par exemple, après de longs détours : On l’a trouvée ainsi… Elle flottait sur le fleuve et ses mains étaient jointes…

L’Étranger

Ses mains n’étaient pas jointes ; ses bras pendaient le long du corps.

Le Vieillard

Vous voyez qu’on parle malgré soi… Et le