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reviendra souvent à Ratisbonne, au moment des diètes d’Empire. Il était à Prague, vers la fin de 1631, quand la ville lut investie par les troupes protestante !

du duc de Saxe, et il s’employait avec succès à maintenir le moral des catholiques. I. 'année suivante, ii travaillait à assurer la couronne de Pologne à Lndislas IV, lils de Sigismond ; aussi, le nouveau roi l’invilail-il aux l'êtes de son couronnement et obtenait, 3 juillet 1634, qu’il vint se dépenser dans son royaume, En récompense de ses services, Ladislas demandait pour lui au pape le ebapeau de cardinal, par une lettre que celui qu’elle concernait eut la petitesse de laisser imprimer (dépêche du nonce à Varsovie, 7 avril 1636, nis. Barber, lot. 0596), avec la relation qu’il avait envoyée à la Propagande des événements de Prague pendant l’occupation : Epistola… in qna narratur status fidei catholiese in civitate Pragensi, quo tempore occupubatur a Duce Saxoniæ, in-4o, s. L, 1636. On veut qu’un peu plus tard, après qu’il eut négocié son mariage avec une fille de l’empereur, 1637, Ladislas ait renouvelé sa demande, qu’appuyèrent et l’empereur et le roi d’Espagne ; mais sans plus de suecsC-, le pape motivant son refus sur ce que le P. Magni n'était point sujet du roi de Pologne. L’archevêque de Prague l’ayant réclamé, il était revenu dans cette ville en 1636, pour retourner ensuite en Pologne sur les instances du roi, auquel on l’accordait pour un an, au mois de janvier 1638. Pendant cette année, il va jusqu'à Dantzig, où il prépare la conversion d’un ministre fameux, Barthélémy Nigrinus, qui se déclarera catholique trois ans plus tard, après de nouveaux entretiens avec Valérien. De retour dans sa province, il profite de son repos pour rédiger les réponses aux ministres, qui ont attaqué son traité sur la règle de foi. Il aurait voulu n’avoir d’autre occupation que celle de la composition de ses ouvrages de philosophie, qui, écrivait-il le 23 mars 1641, causeraient une telle admiration qu’il croîtrait en autorité pour son ministère apostolique. Plusieurs fois déjà il était venu à Rome, et il aurait désiré s’y retirer, mais tout ce qu’il obtenait était d’y faire un séjour d’un an environ, 1642-1643, au bout duquel il devait retourner en Autriche et en Bohême, où nous le voyons qualifié de missionnaire apostolique dans la Saxe Électorale, la Hesse, la Marche de Brandebourg et à Dantzig. De 1646 à 1648, il est en Pologne, où il fait imprimer plusieurs ouvrages. Les années suivantes, on le retrouve à Vienne et c’est de là, vers la fin de 1651, qu’un ordre de la Propagande l’envoie sur les bords du Rhin pour travailler à la conversion du landgrave de Hesse, qui le demandait personnellement. En la fête de l’Epiphanie, le landgrave et sa femme faisaient leur abjuration publique dans la cathédrale de Cologne. Le jour même, le prince écrivait au pape, implorant sa bénédiction, et à la Propagande pour la remercier de lui avoir envoyé le P. Valérien. Celui-ci avait commencé alors un système de controverses par écrit, qu’il jugeait infaillible, et il les continua pendant toute l’année, jusqu'à ce que le nonce lui ordonnât de les interrompre, le pape et la Propagande ne l’approuvant pas. Il publia encore quelques opuscules, dont un fort malheureux, qui ne fut probablement pas sans influence sur le décret de la S. Congrégation, du 6 décembre 1655, défendant aux missionnaires de publier quelque ouvrage que ce soit, sans son autorisation. L’ardent polémiste, qui déclarait ne pouvoir se passer de la presse, ego sine usu pradi inermis sum, regarda ce décret comme le visant spécialement et il s’estima victime de ses adversaires. Rentré en Autriche et réduit à ne pouvoir se défendre que par de courts manuscrits, il finit par ne plus se contenir, et il fait paraître son Apologia contra imposturas jesuitunim, car, pense-t-il, ce sont eux la cause de tous ses

malheurs. Bientôt, elle est à Rome, où lui-même l’a envoyée, au mois d’octobre 1660. Le résultat ne fut pas celui qu’il attendait peut-être. Au commencement de l’année suivante, il était parti pour Vienne, afin de se justifier près du nonce. Celui-ci recevait l’ordre de L’arrêter, et, son grand âge ne permettant pas de le transférer a Home, de le faire interner. Le soir du premier lévrier, l’auditeur de la nonciature se présentait au couvent et, avec l’aide du bras séculier, le conduisait à la prison dite l’Hôpital de l’Empereur. Ses frères en religion, ses amis intervinrent auprès de l’empereur et du nonce, ses parents se portèrent caution, el il lui lut permis de se retirer au couvent de son ordre a Salzbourg. C’est dans la litière impériale qu’il y est transporté ; le prince-archevêque lui fait le plus bienveillant accueil, mais la secousse avait été trop violente et la goutte, dont il soulTrait depuis des années, remontant au cœur, ne tarda pas a terrasser l’intrépide jouteur. Après avoir protesté n’avoir de rancune contre qui que ce fût, le P. Valérien mourut pieusement en baisant son crucifix, le 29 juillet 1611, dans la soixante-quinzième année de son âge et la soixantième de sa vie religieuse.

II. Écrits. —.Malgré cette vie errante et pleine de contrastes, le P. Valérien a beaucoup écrit.

Ouvrages philosophiques.

Dans ses lettres, il

parle assez souvent de ses ouvrages philosophiques, auxquels il aurait voulu pouvoir travailler à loisir. Im 1641, il écrivait que deux ans auparavant, profitant d’un temps de repos, il avait entrepris un ouvrage pêne immensæ di/ficultalis : sistema scilicet omnium scientiarum, quæ sub lutiore vocabulo philosophiee et lheologi : v numerantur (Judicium de catholicorum régula credendi, p. 4). Le plan était vaste et celui qui l’avait conçu semble avoir été incapable d’en suivre aucun.

Dans les premiers écrits où il expose sa philosophie, philosophiaV aleriani, il s’attaque à Aristote. Pour lui, le Stagirite est un tyran, tyrannus est, qui premit genus humunum perniciosius ullo heresiarcha, ullove hominum quos tulerit œtas ulla (De atheismo Aristotelis). Aussi, se révolte-t-il contre cette tyrannie dont il veut délivrer la philosophie chrétienne. En combattant l’aristotélisme, le P. Magni ne faisait que suivre les traditions de l'école franciscaine, mais il n’appartenait pas pour autant à celle-ci. D’ailleurs, il ne se réclame d’aucune et pose plutôt en autodidacte et en indépendant ; il dit toujours ma philosophie. Celle qu’on lui avait enseignée ne satisfaisant pas son esprit curieux, pendant dix ans, il chercha un système, avant d’entrevoir un peu de lumière et de se rendre compte que, pour arriver à la vérité, il lui fallait se dégager de l’autorité qu’on lui imposait. Il donna un premier aperçu de cette indépendance dans un petit traité que Wadding, un de ses examinateurs, qualifie magis nujslicus quam philosophicus et qu’ailleurs il appelle opus peregrinum et obscurum, haud omnibus perinum. Il avait pour titre : De luce mentium et ejus imagine, in-12, Rome, 1642, Anvers ( ?), Vienne, 1645. Nous ne pouvons mieux faire que de le citer : Sentio ac dico Lucem mentium, seu lumen rationis esse Deum benediclum… Quod autem lux mentium se ipsa sit intelligibilis ab homine, ut ego sentio ac dico, id negatur ab omnibus penc theologis ; cum enim ponam lucem mentium esse homini per se notam eamque esse Deum, sequitur Deum esse homini per se notum ; quod negatur ab omnibus, si paucos excipias theologorum. Ci. —Son opuscule ayant été fortement attaqué, il en publiait un second, De luce mentium et ejus imagine, ex sanctis palribus Augustino et Bonaventura, in-12. Vienne, 1646, où il donne simplement les te Ues de ces saints docteurs, sur lesquels il s’appuie, et qui n'étaient que brièvement indiqués dans le précédent. C’est sous ce titre inexact