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MAGIE. R APPORTS IVEI LA RELIGION

en relativistes, tentent de plus en plus vivement la témérité qu’il y aurait à vouloir applique ! aux phénomènes psychologiques des formules trop simples, trop uniformes, trop r i m « 1 1- s.

1922, un autour américain, A. Goldenweisar, dans un livre remarqué, Early civilisation, NewYork, après avoir admis que la notion d’un dieu Père de tous i {.ll Father) est. malgré son ancienneté, une notion d’emprunt, reconnaît bien vite que cotte ailiraaatlon est une hypothèse. < Après tout, psychologiqueincnt, il n’est pas impossible qu’une Idée plus on moins

ic d’un Être supérieur so soit développée parmi do-, tribus primitives, a la même époque à pou prêt nue l’animisme, la magie, et d’autres formes de

ance primitive. P. 211 En rendant compte de l’opuscule de A. Longuet, dont il a ouquestion plus haut. R. KregUnger mot

garde les savants contre le danger d’admettre a priori que révolution île tous les peuples a dû suivre les nu-nii I que les nations civilisées d’au jourd’hui ont dû passer par un état semblable a celui où continuent a végéter les non civilisées. > Hev.d’hist. des rtlig., 1. 1 xxxvi, p. 211. < En général, contlnue-t-11, l'évolution dos religions s’est faite d’une façon beaucoup moins logique que M. Longuet ne le suppose : - it moins des idées que des sentiments, dos aspirations, des désirs qui déterminent le mouvement religieux. » Évidemment, ces derniers mots sont cités non comme répondant à la réalité, mais pour montrer que le critique, en protestant contre les certitudes de certains évolutionnistes, n’obéit a aucune préoccupation dogmatique ou apologétique. Cf. une étude approfondie de la méthode anthropologique ancienne, a priori et systématique, et de la méthode anthropologique nouvelle, positive et historique dans l’ouvrage remarquable du P. Pinard de la Boullaye, L'élude comparée des religions, t. ii, c. v et

Ce n’est pas à dire qu’il ne puisse pas y avoir un mot de vrai dans la doctrine évolutionniste ; mais quand on aura enlevé a la loi de Spencer son déterminisme et son relativisme, on se trouvera eu face « le la loi générale du progrès. Or, pareille loi peut être admise, si l’on se borne à parler de la connaissance naturelle de Dieu. Le R. P. Schmidt reconnaît un fond de vérité au principe de Spencer ; seulement, dit-il, les notions primitives ne sont pas les plus basses, mais les plus simples : ainsi, il peut y avoir un théisme et même un monothéisme, très rudimentaire. W. Schmidt, L’origine de l’idée de Dieu, trad. française dans Anthropos., t. iii, et sq. Cf. Rech. de science relig., t. ii, p. 95, 97. Les exemples trouveront leur place dans la m* question, la question de fait.

Cette légère concession au principe de H. Spencer est une constatation de bon sens ; elle n’est nullement une concession faite à l'école évolutionniste et elle ne saurait la satisfaire. Car enfin, ce que veulent nos adversaires, les partisans de l'évolution intégrale, c’est établir un système d'évolution universelle, qui

; de jusqu'à la religion et à la morale, qui se

passe absolument d’un Dieu personnel, créateur, providence, et qui explique l’idée de ce Dieu par une évolution toute subjective, réaction psychologique, individuelle ou collective, devant les phénomènes de l’univers, réaction indépendante de tout objet extérieur, sauf peut-être cette légère excitation, cette relation de conséquent à antécédent ; et donc, interprétation humaine à laquelle ne répond aucun objet, aucun objet du moins dont on puisse affirmer quoi que ce soit avec certitude. Ainsi, ce qui rend le sy s tème évolutionniste absolument inacceptable pour la foi et même pour une saine philosophie, c’est son déterminisme strict, et, sur le problème de l’existence de

Dieu, son relativisme, son agnosticisme, voire son athéisme. Purifié do toutes cet tares, le principe de l'évolution peut avoir quelque utilité, quelque vérité, mais oo n’est plus du tout | « système évolutionniste

dont nous parlons.

on va se demander maintenant Jusqu'à quel point, ou matière religieuse, une certaine évolution est possible et si oiio est historique. Plus précisément, on so demande si une religion caractérisée par la croyance à la divinité et, secondairement, par le culte de cette divinité car le grand problème qui passionne et qui divise les historiens dos religions est celui de l’origine et do la valeur de la croyance à la divinité - - on se demande si une pareille religion a pu sortir d’un étal antérieur magique ou proinagique (W question), et si l’histoire des religions offre dos exemples d’une pareille transformation (nr" question).

2 " Est-il possible de mettre la manie à l’orii/inc des relit/ions ? — A cette deuxième question, ni la foi, ni la raison, semble-t-il, n’imposent péremptoirement une réponse négative.

Au préalable, néanmoins, il faut que l’on admette dans le passage d’une conception a l’autre, un progrès vers la vérité, vers la réalité, un progrès justifié et causé par la vérité, par la réalité : le monde conçu comme emprisonné dans un système de forces mystérieuses et aveugles (magisme ou prémagisme), ou bien de forces conscientes, mais amorales et dont l’homme ne dépend pas en droit (animisme ou préanimisme) est un monde irréel et faux ; tandis que le monde, conçu comme dépendant d’un être personnel et transcendant, est le vrai monde où la religion et la morale trouveront leur fondement et leur place.

On peut se représenter d’une façon vraisemblable par quelles démarches l’esprit humain s'élèverait des notions les plus grossières à celle d’une divinité transcendante. L’homme a l’expérience de forces extérieures qui le dominent, bienfaisantes parfois, parfois brutales et cruelles ; alors, il essaye de les dompter par des pratiques que, pour des raisons ordinairement futiles, pour une relation de ressemblance ou de contiguïté, il croit efficaces ; bientôt, par anthropomorphisme, il attribue ces forces à des esprits, qu’il essaie encore d’influencer, de séduire ; enfin, après avoir constaté trop souvent l’impuissance de ses formules, de ses recettes, il recourt à la prière, il implore : la religion est née ; au même stade de développement — et ce trait semble, plus fondamental, plus essentiel — il en arrive à la croyance en un être transcendant, créateur ou du moins organisateur, architecte du inonde, sans que sa croyance — c’est un fait — s'épanouisse toujours en religion, en culte, en prière. Telle est à peu près la suite imaginée par J.-G. Frazer : « Une tardive reconnaissance de la fausseté et de la stérilité de la magie porta les hommes les plus réfléchis à rechercher une théorie plus vraie de la nature et une méthode plus fructueuse pour utiliser ses ressources… Si le vaste monde allait son chemin sans le secours de l’homme, c'était sans doute qu’il existait d’autres êtres semblables à l’homme, mais beaucoup plus forts. C'étaient eux qui faisaient souiller îe vent, briller l'éclair, gronder le tonnerre. Vers ces êtres puissants, l’homme se tournait pour les implorer. » The magie art, 1. 1, p. 237-249.

La raison ne voit donc pas pourquoi un même esprit humain, un même groupe d’hommes ne s'élèverait pas par ces phases successives au monothéisme luimême. Mais c’est à l’histoire des religions à nous dire si, de fait, pareil progrès a jamais été constaté ou du inoins si l’on est conduit a l’admettre a posteriori, parce que les peuples les plus primitifs se présenteraienta nous, dénués de toute croyance en unedivinlté suprême.