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vaudrait mieux, dit-on, remplacer par d’abondantes aumônes aux pauvres, p. 777. Mais on oublie la réponse de Notre-Seigneur à une objection similaire faite par le traître Judas : Quid molesli estis huic mulieri ? opus enim bonum operata est in me, Matth, , wi, 10. On reproche aussi à la dévotion catholique la préférence qu’elle donne à certains sanctuaires de.Marie considères coin me plus favorisés de ses grâces ainsi que les pèlerinages dont ces sanctuaires sont l’objet. C’est un l’ait, que Dieu, dans sa sagesse, communique inégalement ses dons dans les divers lieux qui lui sont consacrés, I. Y. e. xxiv, p. 780 scj. Si quelques abus se sont parfois produits dans les pèlerinages, ce n’est point une raison suffisante pour condamner cette pratique, bien justifiée par tant d’exemples donnés dans l’histoire des siècles chrétiens, qu’il s’agisse des pèlerinages aux lieux saints, ou de pèlerinages à des sanctuaires de .Marie dans la capitale du monde chrétien ou ailleurs, p. 782 sq.

L’excellente argumentation de Canisius fut habituellement reproduite, au moins en partie, par les théologiens du xvif et du xviiie siècle, parmi lesquels nous citerons particulièrement : Vasquez, In ///' » ", disp. XCIXj Suarez, In III-> iii, disp. XXII, sect. i ; Novato, op. cit., t. il, p. 364 sq. ; Reichenberger, Mariant cultus vindiciæ, Prague, 1677, p. 17 sq. ; Plazza, Christianorum in sanctos sanctorumque reginam eorumque jesta, imagines, reliquias propensa devotio, Païenne, 1751, p. 225 sq., 238, 242 sq. On remarquera que ces deux derniers auteurs s’occupent surtout de réfuter les objections des Monita salutaria et de leurs partisans.

A l’argumentation des théologiens contre les détracteurs du culte mariai, on doit joindre les interventions du magistère ecclésiastique dirigées, pendant toute cette période, contre ces mêmes attaques. Le concile de Trente, dans le décret De invocatione, venendione et reliquiis sanctorum et sacris imaginibus, enseigne la doctrine catholique relativement au culte, à l’intercession et à l’invocation des saints et au culte des images de Notre-Seigneur, de la très sainte Vierge et des autres saints, sess. xxv, Denzinger, n. 984 sq. Innocent XI, dans la constitution apostolique Ccelestis paslor du 19 novembre 1687, condamne ces deux propositions de Michel de Molinos : Nec debent (animas hujns via ? interna') elicere actus amoris erga beatam Virginem, sanctos aut humanitatem Christi, quia cum ista objecta sensibilia sint, talis est amor erga illa. Prop. xxxv. Nu.Ua creatura, nec beala Virgo, nec sancti sedere debent in noslro corde, quia solus Deus vuîl illud occupare et possidere. Prop. xxxvi. Denzinger, n. 1255 sq. Le 7 décembre 1690, Alexandre VIII condamne, parmi les erreurs des baïanistes et des jansénistes, cette proposition : Laus quæ de/ertur Maria ? ut Marias vana est. Prop. xxvi, Denzinger, n. 1316. Voir Alexandre VIII, t. i, col. 760. Pie VI, par la constitution apostolique Auctorem fldei du 28 août 1794, réprouve, entre autres propositions, celles qui blâment le culte spécial rendu à certaines images, ainsi que les titres spéciaux donnés à certaines images de la très sainte Vierge. Prop. lx.x : Item doctrina et præscriptio generalim reprobans omnem specialem cultum quem alicui specialim imagini soient fidèles impendere, et ad ipsam potius quam ad aliam confugere, temeraria, perniciosa, pio per Ec.cle.siam frequentato mori, tum et illi proridentiæ ordini injuriosa, quo ita Deus in omnibus memoriis sanctorum 'fia fieri uolu.it, qui dividit propria unicuique prout vult — Prop. lxxi : Item quæ vetat ne imagines præserlim beatas Virginis, ullis titulis distinguante, prseUi juam denominationibus quas sint analogie mijsteriis de quibus in Sacra Scripturu expressa fit mentio ; quasi nec udscribi possent imaginibus pias (diw denominationes quas vel in ipsismel publicis preeibus Ecclesia probal et commendal, lemerar.'a, piarum

ami mu offenslva, venerationî beaise prtesertùn Virgini débitée injuriosa. Denzinger, n. 1570 sq.

2. Quant aux controverses théologiques concernant, a cette époque, le culte dû à Marie, nous nous bornerons, à cause de leur importance toute relative, à quelques indications sur le mouvement des id

a) Marie peut-elle être l’objet d’un culte relatif de latrie ? — Saint Thomas avait aiïirmé que Marie ne peut aucunement recevoir ce culte, même d’une manière relative, l’n tel culte ne peut être rendu aux créatures qui sont susceptibles d'être vénérées en elles-mêmes, comme le sont toutes les créatures douées d’intelligence parmi lesquelles Marie occupe un rang éminent. Cet enseignement fut communément suivi jusqu'à la fin du xvie siècle. A cette époque, Suarez admit, au moins spéculativement, que Marie mérite le culte relatif de latrie, comme la croix de NolreSeigneur, à cause du contact très intime qu’elle a eu avec lui. Toutefois il estimait qu’au point de vue pratique, à cause du danger de culte absolu de latrie qui pourrait s’y adjoindre, surtout pour les fidèles peu instruits, toute pratique du culte relatif de latrie à l'égard de Marie doit être évitée surtout dans l’usage public. In III' m S. Thomx, t. ii, disp. XXII. sect. ii, 2. L’opinion de Suarez, adoptée par Ysambert, Dispulaliones in III* m S. Thomas, Paris, 1639, p. 584 ; Novato, op. cit., p. 372, sq. ; Christophe de Vega, op. cit., t. ii, p. 508, fut, à cause des arguments déjà donnés par saint Thomas, communément rejetée par les théologiens du xviie siècle et des siècles suivants, G. de Rhodes, op. cit., t. ii, p. 271 ; Gotti, Theologia scholastico-dogmatica, tract. XIV, q. vii, dub. ii, Venise, 1750, t. iii, p. 650 sq. ; Billuart, Tractatus de incarnatione, dissert. XXIII, a. 5 ; Sedlmayr, op. cit., Summa aurea, t. viii, p. 171 sq. ; Lépicier, op. cit., p. 621 sq. ; Terrien, op. cit., t. iv, p. 196 sq. ; P. Hugon, op. cit., Tractatus dogmatici, t. iii, p. 486.

b) Le motif formel du culte d’hyperdulie dû à Marie est-il la dignité de la maternité divine ou la suréminente sainteté de Marie ? — Sur cette question les théologiens prennent position selon leur opinion sur la dignité comparée de la grâce sanctifiante et de la maternité divine.

Selon Vasquez, In III am, t. i, disp. C, c. ii, Marie est honorée d’un culte d’hyperdulie principalement à cause de son éminente sainteté. C’est une conséquence de son opinion attribuant à la grâce sanctifiante une dignité supérieure. Il estime d’ailleurs que, dans la supposition adverse, il faudrait admettre que les actes du culte d’hyperdulie envers Marie proviennent de la vertu de religion et se rattachent conséquemment au culte de latrie. Suivant Suarez, c’est principalement à cause de l'éminente dignité de la maternité divine que Marie est honorée d’un culte d’hyperdulie, à condition toutefois que la maternité divine soit considérée, non pas en elle-même, mais autant qu’elle est, de droit, accompagnée des dons de la grâce sanctifiante, autant qu’elle constitue Marie, dans l’ordre providentiel actuel, reine et souveraine de tous les hommes à la rédemption desquels elle a coopéré secondairement. In IIIim, disp. XXII, sect. ii, n. 4. D’où cette conclusion que les actes de ce culte envers Marie se rapportent, au moins d’une manière secondaire, à la vertu de religion, ou qu’ils appartiennent à une vertu spéciale, qui est comme intermédiaire entre la vertu de religion et celle de dulie. Dis]). XXII, sect. iii, n. 8. L’exposition de Suarez fut suivie par Novato, op. cit., t. n. p. 366 sq.. et par Christophe de Vega, op. cit., t. ii, p. 508 sq. Mais presque tous les théologiens, s’appuyant sur la transcendance de la maternité divine, continuèrent à affirmer que c’est à cause de cette dignité considérée en elle-même, bien que toujours accompagnée de la