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MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT PATRISTIQUE

moine, ne soit pas pleinement démontrée. NotreSeigneur dans son enfantement, ouvrit t// ; ài^XovTov u^Tpav. Non s : ">s miracle, et par sa propre autorité, il la scella lui-même après son enfantement, le sceau de la virginité n’ayant été aucunement violé. Epist., i. 270, col. 182. Ailleurs, il est dit que le divin enfantement s’est accompli sans aucune corruption ni souillure, Epist., ii, 180, col. 294.

3. A l'époque de ta controverse nestorienne et de la controverse cutychienne. — Bien que la virginité de Marie ne lût point directement en jeu dans ces deux controverses, il en fut souvent question d’une manière incidente, à cause de son intime connexion avec la maternité divine et le dogme de l’incarnation.

a) De Nestorius nous dirons seulement que, malgré son opposition à la maternité divine de Marie, il rendit hommage à la virginité de celle-ci. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912.. p. 286. U l’appelle « la mère de Dieu vierge ». Homélie sur la seconde tentation, dans Nau, Le livre d’Héraclide de Damas, Paris, 1910, p. 345. Faisons remarquer toutefois qu’au dire de saint Cyrille, Nestorius n’a point reconnu l’enfantement accompli sans lésion aucune de la virginité. Homil. diverses, xi. P. G., t. lxxvii, col. 1033.

b) Le principal défenseur de la vérité catholique à cette époque est saint Cyrille d’Alexandrie qui, surtout dans ses écrits sur la maternité divine, loue souvent, d’une manière générale, la virginité de Marie. Il enseigne, d’une manière explicite, que Marie a conçu par l’opération du Saint-Esprit. In Joan., t. V, P. G., t. lxxiii, col. 876 ; Contra Julianum, t. VIII, t. lxxvi, col. 900. Il interprète en ce sens la prophétie d’Isaïe, col. 901. La virginité perpétuelle de Marie est également affirmée, Homilise diversæ, xi, t. lxxvii, col. 1032, ainsi que l’enfantement virginal. Marie a enfanté d’une manière divine : le Fils de Dieu est entré dans son sein et il en est sorti comme il a voulu ; la porte est restée close, col. 1032.

Proclus de Constantinople († 446) affirme spécialement la virginité de Marie in partu. Jésus qui est entré dans le cénacle, les portes restant fermées, est né de Marie d’une manière ineffable. Orat., i, 2, P. G., t. lxv, col. 684. Emmanuel devait, comme homme, ouvrir les portes de la nature : mais, comme Dieu, il n’a pas brisé la clôture de la virginité. La porta clausa du prophète Ézéchiel et la prophétie d’Isaïe sont interprétées dans ce sens, col. 692. La virginité post purtum est également affirmée. Orat., ii, 6, col. 700. Les paroles non cognoscebat eam… de Matth., i, 25, sont expliquées en ce sens : Joseph, tant que Marie n’avait pas enfanté le Seigneur, ne connaissait point l'économie du plan divin concernant la mère de Dieu. Orat., vi, 7 sq., col. 733 sq.

Saint Isidore de Péluse († 434) appelle Marie : rj 71ap6évoç, Epist., i, 7, P. G., t. lxxviii, col. 184. Ailleurs il émet cette affirmation : Ilàaav yàp (xyjrpav ui ; i< ; xai auvouata àvoîywcri, ttjv Se tov Kùpiov r)fj.âiv T/jaoGv Xp'.arôv x’JTjaaaav, aùxôç auXXvjqiGelç àarcopcoç 7rpoep/6u, evoç fy/oiÇe, xai 7ràXiv êaçpayiffjxév/jv xaxÉXiTrev. Èpist., i, 23, col. 196 sq. Ces paroles ne peuvent signifier qu’il y a eu, dans l’enfantement divin, perte momentanée de l’intégrité virginale, rétablie presque aussitôt dans toute sa perfection. Une telle restitution n'étant pas moins miraculeuse que sa constante conservation, on ne conprendrait point pourquoi la perte de la virginité aurait été momentanément permise. Cette perte est d’ailleurs exclue par les deux expressions è9ppayia|i.évi, v xaréX17tev. Par ellesmêmes et par le double emploi du passé, elles expriment la constante permanence du sceau de la virginité.

Le sens est donc que le sein de Marie, sans perdre |

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l’intégrité virginale, laissa miraculeusement passage au corps de Jésus et qu’il ne laissa ce passage qu’a lui ; , 1( ' telIe SOrte que le sein de Marie fut de nouveau' à jamais scellé. Sens que nous avons déjà rencontré chez plusieurs au 1res Pères.

En Occident, saint Pierre Chrysologue († 450) enseigne de même la constante virginité de Marie virgo concipit, virgo parturil, virgo permanel. Serm., xcvui, P. L., t. ui, col. 521. L’intégrité virginale' loin d'être lésée dans la conception et l’enfantement de Jésus, y a été consolidée. Serm., cxlii, col. 581 Jésus est sorti du sein de Marie de telle manière que la porte virginale ne fût jamais ouverte, et que la parole de l’Ecriture, hortus clausus, soror mea sponsa, tons signalas, fût pleinement réalisée, Serm., cxlv[ col. 589. Dans son enfantement Marie a de 'plus en plus conquis la glorieuse couronne de la virginité Serm., clxxv, col. 658.

Le pape saint Léon I « († 461) affirme aussi plusieurs fois, dans ses sermons et dans ses épîtres, la conception virginale, Serm., xxii, 2 ; xxiv, 1 ; xxv 3 P. L., t. liv, col. 195, 204, 209 ; Epist., xxxv, 3, col ! 809 ; et l’enfantement virginal, Serm., xxi, 2 : xxii, 2 : xxiii, 1 ; xxiv, 1, col. 192, 195 sq., 199 sq', 204* Epist, xxxv, 3, col. 809. Relativement à la virginité in partu, on remarquera particulièrement ces expressions : Utero quidem materno sed partu est enixa virgineo, col. 204, et cette autre phrase : Oportui tenim ut primam genitricis virginitatem nascentis incorruptio custodiret et complacilum sibi claustrum pudoris et sanctilatis hospitium divini Spiritus virlus in/usa servaret, col. 196. La virginité post partum résulte de toutes les affirmations si absolues de l’intégrité virginale de Marie dans les textes précités, et de cette affirmation générale : Divina potestate subnixum est quod virgo conceperil, quod virgo pepereril et virgo permanserit, col. 195.

c) Les conciles d'Éphèse et de Chalcédoine ne contiennent directement aucun enseignement explicite sur la virginité de la Mère de Dieu, en dehors de l’affirmation générale natus ex Maria virgine, qui à cette époque, était depuis longtemps déjà formulée dans le symbole.

Le Tome de saint Léon I" (449), dont on connaît la souveraine autorité doctrinale, et à laquelle le concile de Chalcédoine adhéra pleinement, est plus explicite. La virginité de Marie, dans la naissance de Jésus, y est enseignée comme une vérité de foi crue par tous les fidèles. Epist., xxviii, 2, P. L., t. liv, col. 757 sq ? Ce qui comprend manifestement la virginité de Marie dans l’enfantement aussi bien que dans la conception : Conceptus quippe est de Spiritu Sancto intra uterum matris virginis, quæ illum ita salva virginilate edidit quemadmodum salva virginitate concepil, col. 759. En ce sens aussi, col. 761, est interprétée la prophétie d’Isaïe, vii, 14.

En terminant l’histoire du dogme de la virginité de Marie dans les cinq premiers siècles, nous croyons utile d’attirer l’attention du lecteur sur U-s incorrections critiques qui abondent dans l’ouvrage déjà cité du pseudo Guillaume Herzog, La sainte Vierge dans l’histoire. Nous mentionnerons, à titre d’exemples, les erreurs suivantes ouvertement affirmées ou habilement insinuées, laissant les autres à l’appréciation du lecteur qui pourra lui-même, à l’aide des documents précités, en faire prompte justice : 1° La doc trine de la naissance virginale de Jésus a été introduite dans l'Église sous l’empire des idées docétes, qui, dans tout le cours du n » siècle, étaient en vogue dans les communautés chrétiennes, p. 39 ; 2° Irénée, grand adversaire du docétisme gnostique, a soumis la naissance du Christ à la loi commune, p. 39 ; 3° La piété chrétienne, au rve siècle, lit triompher dans l'Église la cliristologie docète relativement à la conception virginale, qui se maintint dans la suite, grâce à l’autorité considérable des grands hommes d'Église