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MARIE, VIRGINITÉ : NOUVEAU TESTAMEN1


de saint Matthieu et « le saint Luc n’est valable. L’authenticité reste « loue certaine.

Parmi les auteurs catholiques récents qui défendent l’authenticité 'les deux textes évangéliques, on peut consulter particulièrement : Knabenbaucr, CommenUwtiU in euangelium sec. Malthœum, Paris, 1922, 3e édit., p. il'.) sq. ; Kirchenlexicon, - édit., Fribourg, 1893, article Maria, l.m ; CatholicEncyclopœdia, 'Nev/-York, 1912, t.xv, p. 160 ; I.. de Grandmaison, La conception virginale du Christ, dans les Études, 1907, t. i, p. 503 sq. ; A. Durand, L'évangile de l’enfance, 1908, p. 86 sq. ; E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 89 sq. ; M.-.J. I* grange, i.<i conception surnaturelle du Christ d’après suint Lue, dans Revue biblique, 1914, p. 60 sq., lsx sq. ; voir aussi du même auteur, même revue, 1895, p. 160 sq. ; 1906, p. 503 sq. ; 1907, p. 146 sq. ; 1909, p. 60 sq., 188 sq. ; S loin manu, Die jungfruuliche Geburt des Herrn, Munster, 1916 ; Jésus der Jungfrauensohn und die altorientalische Mythe, Munster, 1917 ; Steinmetzer, Jésus der Jung frauensohn und die altorientalische Mythe, Munster, 1917 ; Hôpfl, Inlrodiietio specialis in libros Novi Testamenti, Subiaco, 1922, p. 68 ; A. Médebielle, art. Annonciation, dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible de L. Pirot, Paris, 1920, t. i, col. 271 sq.

Parmi, les auteurs non catholiques qui défondent cette mémo authenticité nous citerons : Godet, Commentaire sur l'évangile de suint Luc, 2e édit., 1888, t. i, p. 180 sq. ; Ch. (iore, Dissertations on subjects connected with the Incarnation, Londres, 1907 ; Briggs, The virgin birth o/ Our Lord, dans American Journal o) Theology, 1908, t. xxii, p. 189 sq. ; Hastings, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 405 sq., 456, 043 sq., 046 sq. ; Protest. Realencyklopâdie, 1900, t. viii, P.575 sq., t. xii, p. 3Il sq. ; The international standard Bible Encyelopivdia, Chicago, 1915, t. v, p. 3053 sq.

2° La conception virginale enseignée par les deux textes de saint Matthieu et de saint Luc. Étudions successivement les deux textes :

1. Texte de saint Matthieu, i, 20 sq. — Joseph ftli David, noli timere accipere Mariam eonjugem tuum ; quod enim in ca natum est de Spiritu Sanclo est. — Pour mettre fin aux douloureuses incertitudes de Joseph et l’engager à recevoir.Marie comme épouse, en la conduisant dans sa propre demeure après l’année des fiançailles, l’ange atteste que ce qui a été engendré en elle est l'œuvre de Saint-Esprit. C’est donc le fruit du sein de Marie puisqu’il a été engendré eu elle ; mais tout s’est accompli par l’action du Saint-Esprit. Par cet éclatant témoignage rendu à la virginale conception de Jésus, l’ange écarte, au nom de Dieu, l’incertitude de Joseph.

Au témoignage du messager divin, l'évangéliste inspiré ajoute sa propre attestation : il déclare que la conception, ainsi produite par l’opération du Saint-Esprit, est l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe : Ecce virgo in utero habebit et pariet fdium et vocabunl nomen ejus Emmanuel quod est interpretatum Nobiscum Deus, Matth., i, 23.

En étudiant la tradition catholique, nous constaterons la même interprétation d’Isa ve dans les Pères des premiers siècles, notamment chez saint Justin, saint Irénée, Tertullien, Origène, saint Éphrem, saint Jérôme, saint Cyrille d’Alexandrie et saint Léon le Grand.

2. Texte de saint Lue, i, 34 sq. — Dixit autan Maria ad angelum : quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco' Et respondens angélus dixit ei : SpiritusSanclus superveniet in te et virtus Altissimi obumbrabit tibi. — Marie indique un obstacle qui, de soi, s’oppose à la réalisation du dessein annoncé par l’ange ; obstacle qui, suivant la réponse de l’ange, sera écarté par une intervention spéciale de l’Esprit-Saint couvrant Marie de sa protection. Cet obstacle ne pouvait être le simple fait que Marie était vierge jusqu'à ce moment ; l’obstacle ne pouvait exister que par le ferme et perpétuel engagement de Marie de rester vierge. Marie avait donc fermement résolu de garder une virginité perpétuelle, comme le montre encore la réponse de l’ange,

expliquant la manière doni l'événement s’accomplira sans préjudice pour l’intégrité virginale de Marie. Ainsi ce qui ne peut être accompli de la manière naturelle et commune, s’accomplira par l’action du Saint-Esprit, protégeant Marie pour que sa virginité soit a l’abri <le toute atteinte.

Parmi les interprètes qui ont entendu en ce sens les paroles Quomodo fiel istud quoniam virum non cognosco, nous citerons saint Augustin, De sancta virginilate, iv, /'. L., t. xl, col. 398 ; S. Bernard, Super M issus est, hom. iv, .'i : De ussumptione, serm. r I'. i… t. cLxxxiii, col. 80. 128 ; I lugues de Saint-Victor, De IL Marinvirginitate, c. i, /'. L., t. clxxvi, col. 866 ; Maldonat, Commentaria in quatuor evangelistas, Pont-à -Mousson, 1597, l. n. col. 50 sq. ; Calmet, Commentaire littéral sur stiint Marc et saint Luc, Paris. 1730. p. 280 sq. : Benoît XIV, De festis IL Mariât uirginis, m. 9 sq. ; Knabenbauer, Commentarius in euangelium secundum Lucam, 2e édit., Paris, 1905, p. 72 sq. ; Bardenhewer, Maria Yerkilndigung, Fribourg-en-Brisgau. 1905, p. 125 sq. ; A. Médebielle, ail. Annonciation, dans le Supplément du Dictionnaire de lu Bible, t. i, col. 271 sq., 288 sq.

3. Contre cet enseignement néo-testamentaire de la conception virginale on ne peut objecter le nom de père plusieurs fois donné à Joseph, Luc, ii, 33, 39 ; m, 23 ; Joa., i, 45 : vi, 42 : ni l’expression plurielle parentes ejus, Luc, ii, 27, 41 sq. Ces expressions peuvent s’entendre de la croyance commune des Juifs, encore ignorants du mystère accompli. S. Augustin, Contra Julianum, Y, 47, P. L., t. xliv, col. 811. Dans le même sens on peut entendre aussi que, dans les deux généalogies de Notre-Seigneur, la descendance davidique est établie par saint Joseph. Ces assertions sont d’autant plus vraies que Joseph, en vertu de son mariage avec Marie, avait, nonobstant la conception virginale, quelque droit de paternité comme le montre saint Augustin, De cons. evang., I, i, 2 sq.. P. L., t. xxxiv, col. 1071 : Contra Fauslum, III, 2, P. L.. t. xlii, col. 214. Voir aussi S. Jean Chrysostome, /n Mallhieum, homil. iv, (i, P. G., t. lvii, col. 47. — Et si, d’après l’usage constamment suivi chez les juifs, la paternité légale, telle qu’elle existait en vertu de la loi du lévirât, avait droit à figurer dans les listes généalogiques, voir Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 164, à plus forte raison la paternité plus réelle, bien qu’imparfaite, appartenant à Joseph en vertu de son mariage avec Marie. N’est-ce pas en vertu de cette paternité que, selon l'Évangile, Joseph est chargé par l’ange, au nom de Dieu, de donner à l’enfant le nom de Jésus, Matth., i, 21? C’est encore lui qui a mission de conduire l’enfant et sa mère en Egypte. Matth., ii, 13 sq. C’est lui, qui, en compagnie de Marie, accomplit, à l'égard de Jésus, les prescriptions légales concernant sa présentation au temple. Luc. ii, 22, 27, et les voyages annuels à Jérusalem, Luc, n, 41.

La virginité de Marie dans l’enfantement divin.


Les deux textes de saint Matthieu et de saint Luc autorisent encore à conclure que Marie a été vierge, non seulement dans la conception de son divin Fils, mais aussi dans son enfantement. La demande de Marie concernait tout l’accomplissement du message divin, comprenant à la fois la conception et l’enfantement. Quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco'/ La résolution de garder perpétuellement la virginité élait, par elle-même, un obstacle à l’un et à l’autre événement. La réponse de l’ange garantissant l’action protectrice du Saint-Esprit doit donc, pour répondre à l’interrogation de Marie, s’appliquer à l’enfantement aussi bien qu'à la conception.

La pensée de saint Matthieu est également très certaine, par le fait qu’il entend la prophétie d’Isaïe nom