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MACRAIOS — MACHAI

1504

titution fut supprimée, il revint à l'École des lettres pour y professer jusqu’en 1801, hormis le court intervalle d’un an en 1793-1794. Il mourut en mars 1819 en laissant tous ses manuscrits au Métochion du SaintSépulcre de Constantinople, où il avait habituellement passé les dernières années de sa vie.

Macraios avait fait imprimer de son vivant les ouvrages suivants : 1° TpÔTtaiov èx tvjç £XXa81KÎ)ç 7Tavo7r>i « ç xarà tojv ÔTcaSwv toû Ko7rEpvîxou, in-8o, Vienne, 1797, recueil de trois dialogues contre le système de Copernic, composés à l’occasion de la publication par Panagiotes Kodricas d’une traduction grecque de l’ouvrage de Fontenelle sur la pluralité des mondes ; 2° 'Op0680Çoç ûw.vwS6ç, in-8o, Vienne, 1802, exposé de la philosophie chrétienne en vers imités de Pindare ; 3° 2xa-/uoXoyîa Ypau.u.aTix/ ; xaxà 71àpo80v StaTp16r, ç, in-8o, Venise, 1810, résumé de ses leçons de grammaire ; 4° 'EpaaTrjç aoeptaç Ù7rô twm Gelcov ypacpwv ô8r ( Yoô[i.Evoç, in-8o, Constantinople, 1816, cours de théologie, ou plutôt traité de la sainte Écriture servant d’introduction à la théologie ; 5 0, E7tiTO(XY) Yuaixvjç àxpoâaecoç, in-8o, Venise, 1816, traité de physique en trois livres imité de l’ouvrage analogue de Théophile Korydallée, le restaurateur au xviie siècle de la philosophie d’Aristote chez les grecs modernes ; 6° AiSacxaXîa sùaûvo7rToç TewaStou toû 2/o ?, aptou Yj v6(j(.oç eùaYYEXixàç êv imTOifi aaçcôç xai eùX7)71TCûi ; èxteŒÎç, in-4o, Constantinople, 1806, traité fort intéressant de Scholarios publié pour la première fois dans la langue originale par Macraios et suivi de la dissertation du même Scholarios sur les péchés mortels et véniels.

Parmi les ouvrages posthumes de Macraios, il nous faut citer, à cause de leur importance, sinon de leur impartialité, les 'Tuojj.vrjii.aTa èxx)a ; ai, aa-n.xr ; Ç îaTopîaç (1750-1800), édités par C. Sathas dans sa Msaaicovixrj BiêXioGYjxr), Venise, 1872, t. iii, p. 201-419, avec une introduction, p. oa'-7re', quelques documents inédits, p. pY'-p6', et un recueil d'épigrammes, p. pô'-ptY’Notre auteur y comble ses protecteurs d'éloges le plus souvent immérités, tandis qu’il déverse sa bile contre ceux dont il n’avait pas réussi à capter les faveurs. En dépit de ses défauts, l'œuvre restera, car l'époque dont elle traite est d’une lamentable indigence en documents de valeur.

f L. Petit.


MACRAKÈS Apostolos, un des plus féconds écrivains religieux de la Grèce moderne. — Né en 1831 dans l'île de Siphno, mais d’un père crétois, il partit, ses études élémentaires achevées, pour Constantinople ; U fut admis comme interne à l'École nationale pour y parfaire son instruction. Il rêvait déjà aux plans de réforme qui allaient remplir toute son existence. Son premier projet date de 1856 : il consistait à résoudre la question d’Orient, qui se traitait alors au Congrès de Paris, par l'épreuve du feu : un chrétien et un turc devaient entrer ensemble dans un brasier ardent en tenant, l’un l'évangile, et l’autre le coran, et le pouvoir resterait exclusivement aux coreligionnaires de celui des deux qui sortirait indemne du foyer. Arrêté dans son dessein par ses protecteurs, il se tourna vers l’instruction de la jeunesse, qu’il entreprit de réformer par une vie intérieure plus intense et surtout par la communion mensuelle. Mais l’archevêque grec de Péra s'étant uni aux parents de ses élèves pour faire opposition à un système qui bouleversait tous les usages établis, Macrakès, fort désappointé, abandonne l’enseignement pour recourir à une arme nouvelle, la plume. C’est de cette époque que date son premier livre, La Découverte du trésor caché. Il entendait par là la parole de Dieu, ignorée on méconnue du vulgaire. Cette publication n’ayant pas obtenu le succès escompté, l’auteur recourt à un

troisième moyen, la prédication populaire au carrefour des rues. Dans ce but, il va s'établir à Athènes, où il espérait trouver plus de liberté qu'à Constantinople pour la parole publique. Vain espoir : le métropolite d’Athènes lui interdit l’accès de l’ambon (1860). Revenu à Constantinople, il se consacre d’abord à la composition de divers ouvrages, dont nous parlerons plus loin, puis il prend le chemin de Paris, où il public en français quatre dissertations philosophiques dirigées principalement contre le système cartésien et la Vie de Jésus de Renan. De retour à Constantinople en 1864, il donna au quartier de Tatavla une série de conférences sur la nature et la mission de l'Église, et au bout de deux ans, en mai 1866, il va s'établir à Athènes, qu’il ne devait plus quitter. A peine installé, il inaugure sur la Place de la Concorde une série de conférences qu’il publie l’année suivante dans un nouveau journal, la Atxaiocùvi, , qu’il fonde pour combattre l’impiété des professeurs officiels et surtout la franc-maçonnerie déjà toute-puissante, même parmi le haut clergé. Au bout d’un an, le 30 septembre 1867, il se retire de la rédaction, tout en continuant par des tracts la lutte entreprise un peu contre tout le monde. Mis en prison une première fois pour injures contre le gouvernement, il est acquitté par le tribunal de Syra. Dès mars 1868, il fonde un nouveau journal hebdomadaire, le Aôy°Ç> qui reste son œuvre principale. Il y parle à la fois religion et politique, car il se considère comme envoyé par la Providence pour réformer tout à la fois l'Église et l'État. Non content de condamner les idées régnantes, Macrakès s’en prend aux personnes avec une virulence extrême : professeurs, évêques, ministres, roi, tout le monde y passe. Invité à Syra en 1870 par l'évêque Alexandre Lycourgos, il y parle au peuple durant quinze jours de suite et ameute littéralement la foule contre la maçonnerie et le modernisme des professeurs officiels. A ces attaques, les ripostes arrivent bientôt et d’autant plus dangereuses qu’il avait fourni lui-même des armes à ses ennemis. Reprenant en 1871, dans le n° 141 du A6yoç, une théorie déjà émise par lui dans son livre l’Arbre de la vie, Paris, 1864, il avait affirmé, à propos du verset de la Genèse, Pulvis es et in pulverem reverteris, que l’homme était composé, non de deux, mais de trois parties : du corps, d’une âme sensible et matérielle et d’un esprit immatériel et immortel. Et cet esprit n'était autre que l’Esprit-Saint lui-même, principe de vie non seulement surnaturelle, mais naturelle, puisqu’il entrait comme partie essentielle et intégrante dans le composé humain. A l'énoncé de cette étrange trichotomie, tout le monde de crier au scandale et à l’hérésie. Le Saint-Synode prend ouvertement parti contre le novateur en couvrant d'éloges une dissertation sur l'âme composée par un professeur de Patras C. Nestoridès, en 1872, contre la théorie de Macrakès. Celui-ci, en proie à cette époque à de vives souffrances par suite d’une inflammation qui amène l’amputation du pied gauche, répond à ses détracteurs par une Apologie fort curieuse. Sur le point spécial en litige, il prétend que la dichotomie du composé humain n’est pas un article de foi et que la doctrine de quelques Pères de l'Église ne saurait contre-balancer l'Écriture et la Science, qui témoignent l’une et l’autre, affirme-t-il, en faveur du composé tripartite. La querelle devenant chaque jour plus vive, Macrakis, qui avait dû interrompre en 1871 la publication du Aôyoç, fonde en 1874 un nouveau journal, Eïprjvr ;, la Paix, et sous ce titre, c’est une guerre acharnée qui s’engage de part et d’autre. Par une encyclique du 21 décembre 1878, le SaintSynode condamne enfin le réformateur non seulement dans ses théories renouvelées des vieilles hérésies’de Valentinien, de Tatien et d’Apollinaire, mais encore