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MARIALES —MARJANA

mort de sa quatrième épouse, s’il n’entre pas dans un monastère. Denzinger, Ritus, t. i, p. 181.

Les principales sources ont été citées au cours de l’article. L’étude de Renaudot, La perpétuité de la foi de l’Église catholique sur les sacrements, I. VI, dans le t. iii de l’édition de la Perpetuité de la foi catholique, col. 965-1026, renferme d’utiles renseignements, surtout au point de vue liturgique. Le chapitre sur le divorce est tout à fait incomplet. L’introduction de Denzinger sur le mariage, Ritus Orientaliam, t. i, p. 150-183, est beaucoup plus satisfaisante. Pour les Coptes, la brochure d’Emin bey, Studii storico-dommatici sulla Chiesa giacobita-cofta, Rome, 1890, donne quelques détails malheureusement trop succincts.

M. Jugie.

MARIALES Xantes, dominicain, né à Venise. vers 1580, de la famille noble des Pinardi. Dès l’époque de sa formation théologique, en Espagne, où l’étude des sciences sacrées était alors en pleine efflorescence. il se signala par la vivacité et l’acuité de son esprit. Rentré en Italie, il remplit diverses charges d’enseignement, en particulier celle de régent des études à Padoue, jusque vers 1621, date à laquelle il publia le premier de ses volumineux ouvrages, les Controversiæ, Venise, 1624 ; le long titre en décrit très précisément le caractère, ainsi que les tendances, soit vis-à-vis de l’école scotiste, soit vis-à-vis des neoterici, les théologiens de la Compagnie de Jésus : Controversiæ ad universam Summam theologiæ S. Thomæ Aquinatis Ecclesia doctoris, nec non ad IV libros Magistri sententiarum. in quibus primum doctoris utriusque sententia novis speculutionibus illustratur, plurima eorum abdita sensa aperiuntur, innumeraque loca, quæ inter se pugnare videntur, ad concordium revocantur. Objectis deinde quibuscunque, quæ ad haut usque diem adversus aut D. Thomæ doctrinam aut Cajetani commentaria, aut rationes quibus thomistica sententia adnititur, aut responsa anliquis impugnatoribus allata a quoquam evulgala sunt : um vero præcipue ab his qui novissime seripserunt, quibus adhuc a nemine responsum est, profunde, lucide, copiose, pleneque occurritur. Postremo scolistarum persilustris schola cum thomistica quoad fieri potest conciliatur : Scoti doctrina ubi ab Aquinate non dissidet, mira facilitate explicatur atque defenditur, vindicaturque a calumniis, quæ a minus affectis immerito ei inuruntur, etc.

Cinq volumes étaient projetés : un seul parut. Mais, poursuivant ses travaux en dehors de l’enseignement, Mariales produisit un ouvrage de non moindre envergure, qui ne devait être publié en fait, malgré l’inscription d’une date antérieure sur son titre, qu’en 1660 : Bibliotheca interpretum ad universam Summam théologiæ Div. Thomæ Aquinatis Ecclesiæ Doctoris, hoc est solers examen universorum, quæ a scriploribus quibuscunque tum antiquis, tum recentibus ad scholasticam theologiam hactenus evulgata sunt : cum primis vero uberrime exagitantur nostrorum temporum curiositales, circa quas novitosa modernitas adversus sapientissimam antiquitatem tantopere discutiari videtur, Venise. 1638. C’est, en quatre in-folio, une compilation de dissertations polémiques, autour du texte de la Somme, de la q. i à la q. xxvi, où sont éclaircies les difficultés soulevées au cours de quatre siècles contre la doctrine de saint Thomas. En tête du premier volume, était publiée une controverse préliminaire contre les écrits du P. Jean-Baptiste Poza. S. J. et du P. Vazquez de Padilla, S. J. Excessive de toute manière, et dans sa véhémence contre ses adversaires, et dans son exaltation de la doctrine de saint Thomas, infaillible, prétend-il, de par une assistance spéciale du Saint-Esprit, cette préface fut inscrite au catalogue de l’Index le 20 juin 1662. Les œuvres de Poza. d’ailleurs, avaient été elles aussi condamnées, dès 1628 et 1632, pour les motifs que donne le manifeste du théologien Fr. Roales, publié par Mariales dans sa controverse préliminaire et à la fin de son quatrième volume En outre, H. Fabri, S. J., qui avait attaqué Mariale :, dans sa Justa expostulatio de p. m. Xantes Mariales authore bibliothecæ interpresum, publiée sous le pseudonyme de L. Carterius, Vauctuse, s. d., fut lui aussi mis à l’Index. Ajoutons, pour donner tout le dossier de cette escarmouche théologique, que le P. Vincent. Baron, O. P., vint défendre la mémoire de son confrère, dans ses Libri quinque apologetier pro religione, utraque theologia, moribus ac juribus ordents prædicatorum, adversus… exposlulationes Carterii, etc., Paris, 1666.

Un troisième ouvrage de même ampleur fut entrepris dans la suite par Mariales : un commentaire, relativement bref, des Questions disputées de saint Thomas, dont deux volumes seulement ont été publiés, sur les Quæstiones de potentia et le De malo : Amplissimum arlium scienliarumque omnium Amphitheatrum, hoc est de rebus universis celeberrimæ quæstiones disputatæ ab orbis oraculo D. Thoma Aquinate.. ad hano usque diem a nemine expositæ, etc., Bologne, 1658. C’est le premier commentaire qui ait été fait sur les Questions disputées de saint Thomas, et l’on peut, après expérience, confirmer le témoignage que donne Mariales de l’intérêt doctrinal de cet ouvrage du Docteur angélique : Ego octuagenarius sum, et ab ineunte ætate in studiis consumptus, fateor sincere his tribus vel quatuor annis quos in edendis his commentarriis consumpsi, me longe plus profecisse quam toto decursu prioris vilæ meæ.

Mariales est enfin l’auteur d’une série de libelles, publiés en langue italienne sous le nom de P. P. Torelli. Ils viennent prendre place dans l’abondante littérature anti-gallicane du xviie siècle : leurs titres manifestent suffisamment leur contexte historique : Quali presagimenti possono haversi delle présenti sconvolte dell’Austriae della Spagna,e da i progressi de gl' Ereticie de’Francesi, Cologne, 1643, contre l’ouvrage intitulé : Il Zimbello, overo l’Italia schernita, 1641 ; Stravaganze nuovamente seguile nel cristianissimo regno di Francia, overo, Eccessi del Politicismo.… modernamente impugnate dall’asserto parlamento di Parigi, nel libro instrolato, DELLA SOYRANA GIURISDIZZIONE DE’RÈ SOPRA LA POLITIA DELLA CHIESA, Cologne, 1646 : enfin, sous le nom de Sigismond Campeggi, Enormità inaudite nuovamente uscite in luce nel cristianissimo regno di Francia, contra il decoro della Secte apostolica romana in due libri instrolati, l’uno DELL’ARROGANTE POTESTA DE’PAPI IN DIFESA DELLA CHIESA GALLICANA : l’altro, DEL. DIRITTO DELLA REGALIA, CHE TIENE IL RE CRISTIANISSIMO JURE CORONÆ INDEPENDENTEMENTE DA SOMMI PONTIFICI…, Francfort, 1649. La violence de ton de ces ouvrages très antifrançais, valut à l’auteur d’être exilé deux fois par le sénat de Venise. Il se réfugia à Ferrare, puis à Bologne ; vers la fin de sa vie, il put cependant rentrer à Venise, où il mourut, en 1660, avec la réputation d’un grand orateur et d’un maître théologien.

Quétif-Echard, Scriptores ordines prædicatorum, t. ii, Paris, 1721, p. 600-601 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, Paris, 1734, t, xliii, P.290-295. M.-D.Chenu


MARIANA Jean de la Compagnie de Jésus (1536-1621). — Né à Talavera (diocèse de Tolède), il commença ses études à Alcala et entra dans la Compagnie le 1° janvier 1554. A peine a-t-il terminé sa théologie, qu’il est appelé à Rome, en 1651, pour enseigner cette discipline. Quatre ans plus tard il fut envoyé en Sicile, puis, en 1569, au Collège de Clermont, à Paris, où il professa en même temps que Maldonat et avec un égal succès. On sait comment la jalousie de l’Université interrompit l’enseignement du premier ; au même moment, 1574, Mariana, sous prétexte d’un