Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée
2283
2284
MARIAGE, DOCTRINE ACÏ'l ELLE, CODEX JURIS


h au bien social. L’indissolubilité, l’unité sont les conditions de la famille et de l’ordre, et ce sont les caractères du mariage chrétien, non point « l’un simple pacte conclu sous l’empire de préoccupations souvenl vulgaires ei qu’aucune pensée religieuse ne fortifierait. Tout pacte, d’ailleurs, est par nature résoluble et l’exécution loyale en dépend de la bonne foi des parties : seule, la religion peut garantir la stabilité des ménages, non seulement par les vertus qu’elle inspire, mais encore par les règles formelles qu’elle pose. Divorce, polygamie déguisée : telles apparaissent aux catholiques les conséquences naturelles du mariage sécularisé, l’erroné, t. i, p. 205-2")") : 287-332.

Les régaliens tendaient à assimiler le contrat de mariage aux autres contrats civils. Les théologiens, au contraire, soulignent les traits propres au mariage : la spontanéité requise des parties et qu’aucune puissance humaine ne peut suppléer, les caractères spécifiques, monogamie, indissolubilité, la signification mystique. Le mariage n’est donc point semblable aux autres contrats.

Cela même étant accordé, restait l’objection historique : la préexistence du contrat naturel et du contrat civil au sacrement qui, selon les légistes, aurait été simplement ajouté par Jésus-Christ. Les théologiens répondaient : il n’y a pas eu adjonction, mais Jésus-Christ a transformé, perfectionné le mariage de l’Ancienne Loi, élevé le contrat à la dignité de sacrement. Dès les origines, le mariage, association indissoluble, a été le signe mystique, la préfiguration de l’union du Christ et de l'Église : il était donc, au sens large, un sacrement. C’est ce contrat de nos premiers parents que Jésus-Christ a élevé à la dignité de sacrement véritable et parfait. Il en a fait le signe actuel, productif de grâce. Il n’y a donc pas à distinguer le contrat et le sacrement, mais à reconnaître un progrès, le passage d’un état inférieur à un état supérieur, comparable à la transformation en contrat civil d’un simple pacte. De même que le caractère civil n’est pas une entité distincte, mais un degré supérieur, ainsi Jésus-Christ n’a pas créé un sacrement distinct du mariage : il a fait du mariage un véritable sacrement.

Le mariage civil n’est, pour l'Église, qu’un concubinage, turpis ac exitialis concubinatus, dit le pape Pie IX, dans son allocution du 27 septembre 1852, et c’est aussi l’expression de Léon XIII dans les encycliques Inscrulabili et Arcanum. Toutes les peines qui frappent les concubinaires lui sont applicables, et notamment celles prévues par le c. 8, De rejorm. matrimonii.

2° La doctrine Ihiturgique moderne sur l'état, le contrat et le sacrement de mariage. — 1. Le Codex juris canonici et la littérature récente. — La réglementation actuelle du mariage, c’est dans le Codex juris canonici, promulgué le 27 mai 1917, pour être applicable le 19 mai 1918, qu’il la faut chercher.

Le titre vu du livre III est consacré au mariage (canons 1012-1143) et se partage ainsi : généralités (c. 1012-1018), préliminaires au mariage (c. 10191034), empêchements (c. 1035-1080), consentement (c. 1081-1093), formes de la célébration (c. 1094-1103), mariage de conscience (c. 1104-1107), temps et lieu de la célébration du mariage (c. 1108-1117), séparation (c. 1118-1132). revalidation (c. 1133-1141), secondes noces (c. 1142-1143). — Le titre xx du 1. IV a pour sujet les causes matrimoniales (c. 1960-1992). Plusieurs autres titres contiennent des textes importants pour la réglementation du mariage et notamment au livre I, les titres iv, De rescriptis, vt, De dispensalionibus ; au livre II, les règles générales, De personis, et le titre v, De potestate ordinaria et dclegata.

La séparation est si complète aujourd’hui entre le

droit canonique et la théologie que l’on chercherait en vain dans ces nombreux titres des données purement théologiques. Mais la solidarité des deux sciï se manifeste dans la notion du contrat-sacrement :

quelle-, conditions sont requises pour la collation du sacrenu ni, nous le saurons en étudiant les conditions de validité du contrat, lit c’est à ce seul point de vue que nous étudierons le Codex.

Nous n’y trouverons point de véritables nouveautés. Le Codex a remplacé l’ancien Corpus, mais il n’a point bouleversé le droit. Il a recueilli toutes les règles vivantes, entériné des lois dont nous avons étudié les progrès. L’histoire explique donc les dispositions aujourd’hui applicables et, en outre, elle sert à les interpréter et parfois à les compléter (c. 5 et P). Cf. U. Stutz, Dcr Geist des Codex juris canonici (Kirchenrechtliche Abhandlungen), Stuttgart, 1918.

L’interprétation olficielle et l’examen des causes matrimoniales appartiennent au pape, au Tribunal de la Rote et aux Congrégations du Saint-Ofiice, de la Propagande et des Sacrements, dont les décisions sont publiées dans les Acla apostolicæ Sedis, et dans les relevés et chroniques des principales revues de droit canonique, notamment le Canonisle contemporain. Il Monitore ecclesiaslico, et YArchiv jùr kalholisches Kirchenrecht.

L’interprétation doctrinale et l’exposé complet de toutes les questions relatives au mariage, on les trouvera dans de nombreux traités récents publiés depuis le Codex et dont la liste et l’analyse somnu re, parfois une partie de la Table des Matières, ont été sonnées par Boleslaw Wilanowski, Dookola Xoweyo Kodeksu (Autour du nouveau code), Wilno, 1926, p. 89-111. Une bonne bibliographie a été placée par A. De Smet en tête des diverses éditions de son traité (la dernière est de 1927).

Nous indiquons les prir.paux ouvrages récents sur le mariage, d’après la date île >ur dernière édition : A. Knecht, Grundriss des Eherechts. i-'ribourg-en-B., 1919 ; H. Noldin, De jure malrimoniuli uxta Codicem juris canonici, 1919 ; Augustine, A Commentarg on ihe new Code o/ Canon Law, t. v, Marriage Law and matrimonial Trials, 1919 ; Ayrinhac, Marriane Législation in the new Code of Canon Law, NewYork, 1919 ; Cerato, Matrimoniume Codicc juris canonici inti ç, re desumplum, Padoue, 3e éd., 1920 ; M. Leitner, Lehi buch des katholischen Eherechis, Paderborn, 3e éd., 1920 ; Th. M. Vlaming, Pralecliones juris matrimonii ad normam Codicis juris canonici, Bussum (Hollande !, t. I, 1919, t.n, 1921 ; J. Chelodi, Jus matrimoniale juxia Codicem juris ccclesiastici. Trente, 3e éd., 1921 ; J. Linneborn, Grundriss des Eherechts nach dem Codex juris canonici, Paderborn, 3e éd., 1922 ; F. M. Cappello, Traclatus canonico-muralis de sacramentis juxla Codicem juris canonici, t. iii, De matrimonio, Turin, 1923 ; N. Farrugia, De matrimonio et causis malrimonialibus. Tractatus canonico-moralis juxla Codicem juris canonici, Turin-Rome, 1924 ; F. Schônsteiner, Grundriss des kirchlichen Eherechts, Vienne, 1924 ; Blat, Commentarium textus juris canonici, t. III, pars I a, De sacramentis, Rome, 1924 ; T. Schafer, Das Eherecht nach dem Codex juris canonici, Munster-en-W., 9 « éd., 1924 ; WernzVidal, Jus canonicum ad Codicis normam exactum, t. v. Jus matrimoniale, Borne, 1925 ; Hilling, Das Eherecht des Codex juris canonici, Fribourg-en-B., 1927 ; A. De Smet, Tractatus theologico-canonicus de sponsalibus et matrimonio, Bruges, 4e éd., 1927.

Bien des ouvrages antérieurs au Code pourront être encore consultés et étudiés avec profit, en toute première ligne, celui de l’auteur même du Codex, Gaspard, Traclatus eanonicus de matrimonio, Paris, 3° éd., 1904, 2 vol., et les Iraités du mariage parus entre 1900 et 1917 : de Beeker, Ferrerès, Heiner, Van de Burgt, Vogt, etc.

Des exposés sommaires de la réglementation nouvelle du mariage ont été faits par J. B. Pighi, Raia, W. Arenhold, I. Fahrner, J. Haring, E. Gôller, M. Hockemeier, F. List. Les renseignements pratiques sont clairement donnés par P. Fourneret, Le mariage chrétien. Principes, guide pratique, formulaire, Paris, 1919 ; R. Cocart, Fiançailles et mariage. Guide pratique, Paris, 1923 ; P. Durieux, Le mariage en