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M ui, , i. LES i l V.Q1 ES DE LA RÉFORME

Une de Pisan et de Martin Le Franc, les « .'un ::

i. mour suffiraient a illustrer. La hiérarchie conjugale, les offices de la femme, que le christianisme a définiss, ont sujets de dispute et tns diversement appréciés. Premier procès de la doctrine traditionnelle des rapports entre les époux dont nous suivrons les graves conséquences. A. Campa ux, relie des femmes au XVe siècle, 1865 ;

réformateurs. Les gracieux exerlettros nuxqucls l’imprimerie donna une grande publicité préparaient les esprits.1 une réaction contre la scolastique, la Réforme profita donc en quelque mesure îles dispositions créées par l’huma : mais elle tit entendre un langage tout à fait nouveau, dont le premier son fut donne par Luther

innée 1520. Voir ci-dessus, t. i. col. 1276 sq. en lôH>. dans son Sermon sur l'état de mariage. Luther enseigne la doctrine traditionnelle : mais., ::1520, dans le De captivitate, il la combat de front : Dans tout sacrement se trouve la parole de promission divine, à laquelle doit croire celui qui reçoit le signe : le signe, à lui seul, ne saurait constituer un sacrement. Or. nulle part, il n’est écrit que celui qui prend femme recevra la grâce de Dieu. Mieux : aucun signe n’a été lie par Dieu au mariage. On ne lit en aucun endroit que le mariage ait été institue par Pieu pour signifier quoi que ce soit, bien que toute chose visible puisse être entendue comme ligure it allégorie des invisibles. Mais figure et allésont point des sacrements, au sens où nous prenons ce mot. > Poussant plus loin la négation. Luther en vient a ne considérer le mariage que comme une affaire civile, cin welllich Geschû/t, cin welllich Ding : ces expressions reviennent à mainte reprise sous sa plume. Mlles signifient avant tout que la réglementation et la juridiction en matière matrimoniale appartiennent a l'État. Préface au Catéchisme de 1529 Von ehelichen Suchen (1530), Explication de Matthieu, c. v, vi. et vu il">32) : Von den Conciliis.. t. E. Friedbcrg, op. cit., p. 159 sq., 160 sq. Les idées de Luther sur le mariage peuvent être ainsi résumées : le mariage est une nécessité imposée par la nature, une nécessité physique. A la noblesse chrétienne (1.V2", . Weimar, t. vi. p. 442 : Sermon sur le mariage (1522). W., t. x b, p. 276, 17. Pratiquement, il faut donc reconnaître, sans tergiverser, que le mariage est indispensable à tout homme et que les vieux de chasteté sont contraires à la nature. Mais l'état de mariage, s’il est nécessaire et donc honorable, voire hautement spirituel, induit en péché, car l’acte conjugal est de la mfme nature que l’acte de fornication, et c’est seulement par miséricorde que Dieu le pardonne. Sur les vœux monastiques (1521), W., t. viii, p. 654 : Sermon sur le mariage ; 1522), W.. t. x b, p. 30 I,

tte opinion de Luther s’explique, comme toutes les opinions rigoristes sur l’acte conjugal, par une doctrine Inexacte de la concupiscence. Luther professe la subsistance du péché originel après le baptême et que la concupiscence en est la plus éclatante manifestation : or, la concupiscence est le mobile de l’acte conjugal. Cette opinion de Luther trouvait-elle dans la tradition catholique un appui, comme l’a soutenu A. V. Mûllcr, I.ulhers theologische Quellen, Gii 1912, p. 50-6'J ? Nous avons indiqué les diverses tendances qui se partageaient les théologiens du Moyen Age et il nous a semble que, si le pessimisme règne chez plusieurs des premiers scolastiques, il est moins accentué, cependant, que chez Luther, et moins enclin aux condamnations excessives. Et I opinion commune, surtout a partir du milieu du xm* iè'le, jugera les rapports conjugaux d’après leur but.

Si l’acte conjugal est une nécessité physique, il

DICT. DE THKOL. CATIIOL.

serait contraire.1 la nature de retenir dans les liens

du mariage des époux qui ne peuvent se procurer l’un

à l’autre l’apaisement <ie leurs désirs charnels. Le

mariage doit doue être résiliable dans un grand nombre de cas. w. t. i. p 558 ; 1. x b. p. 278, etc. I 'In dissolubilité du mariage avall perdu sa Justification essentielle le jour où Luther avait cessé de le considérer comme un sacrement, c’est a dire dès ptivi tate. L’autre caractère fondamental du mariage chr< tien devait être aussi résolument sacrifié : on sait comment Luther admit et justifia par les Écritures la polygamie, et quelle fut son attitude dans l’affaire Carlstadt(1524)e1 surtout dans les affaires de Henri l

et du landgrave de liesse.

Sur celle doctrine de Luther, cf. Friedberg, op. cit., p. 157-175, 203-210 ; Denlfle-Paquier, Luther et le luthéranisme, t. u. Paris, mu, p. 10-146, 391 107, 161-469 (Paquier) ; Strampf, .1I. Luther liber die Ehe, 1N.")7 : E. Salfeld. Luthers Lettre von der Ehe, Leipzig, 1882 ; Cristiani, Luther et le luthéranisme, Paris. 1909, 7* étude, p. 207-258 ; IL Grisar, Luther, spécialement t. ii, Pribourg-en-B., 191 1. p. 491-516.

Calvin a consacré au mariage plusieurs disserta tion. dont la plus connue est dans V Institution de la Religion chrétienne, I. IV. c. xix..'il sq.. dans Corpus Reformatorum, t. xxxii, col. 1121-1125. « … nul n’avoit apperceu que ce fust un Sacrement, jusqu’au temps du pape Grégoire. Car si le mariage est une ordonnance de Dieu, où voit-on qu’il soit « une cérémonie extérieure ordonnée de Dieu, pour confirmer quelque promesse. » L'Église y voil un signe sacré ; mais toutes les comparaisons des Écritures seraient selon ce critère, un sacrement. ainsi, le larcin, puisqu’il est écrit : « Le jour du Seigneur sera comme un larron. » (I Thess., 5, 2). Dans le texte de saint Paul (Eph., v, 28-32), il n’est point question de sacrement, mais de mystère, qui signifie secret, de même qu’en d’autres passages de l’Apôtre. » Et afin que nul ne s’abusast à l’ambiguïté, expressément il met qu’il n’entend pas de la compagnie charnelle de l’homme et de la femme, mais du mariage spirituel de Christ et de son Église. » Dans son Commentaire de l'Épîlre aux Éphésiens, Calvin propose une explication analogue et conclut : Quis autem inde sacramentum excuderet ? Videmus ergo quam crassuignorantia fuerii ista hallucinatio. Corpus…, t. lxxix, col. 227. Pourquoi l'Église a-t-elle fait du mariage un sacrement ? Pour se réserver la législation et la juridiction en matière matrimoniale : elle en a usé avec beaucoup d’arbitraire et de méchanceté. Inslit. chrét., loc. cit. Elle est tombée dans la contradiction en interdisant à ses prêtres un sacrement, et en regardant la conjonction charnelle a la fois comme une immondice et comme le signe de l’union du Christ et de son Église. Calvin lient le mariage pour un état très honorable et il combat avec la même ardeur les libertins et les « papistes » qui. les premiers pratiquant la débauche, les seconds exaltant la continence, abaissent la dignité du mariage. Cf. P. Lobstein, Die Elhik Caloins, Strasbourg, 1877, p. 95 sq. « Le lien le plus sacré que Dieu ait mis entre nous est du mari avec la femme. 1 Serin, xli, Corpus, t. lxxix, p. 761-764. Contrairement a Luther, Calvin condamne la polygamie au nom des Écritures et il explique Je cas des patriarches par une concession de Dieu a leur avidité, Commentaire sur la Genèse, i. 19, Corp us, t. xxiii. p. 99. Cf. E. I >oumi rgue, Jean Calvin. Lausanne. 1902, t. 11, p. -1 1

Aucun des autres chefs de la Réforme ne semble avoir professé sur le mariage un< : opinion particulière. Mélanchton a surtout mis l’accent sur la alnteté du mariage : le célibat 1 lui, contre l’ordre

divin. De conjugio piæ commonefactiones 1 551.

Bucer, dont on sait la grande faveur pour le mariage.

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