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MARCION MARÉCHAL


meut, en apparence, du marcionisme primitif, il reste vrai que, jusqu'à sa disparition, l'Église de Marcion est restée fidèle à la pensée essentielle du maître. Klle a continué à voir dans le christianisme une religion qui se suffisait à elle-même, dans le message évangélique une révélation soudaine que rien absolument n’avait préparée dans les enseignements de Jésus une doctrine si nouvelle qu’elle était en opposition absolue avec les dogmes du liasse, dans ses préceptes une morale qu’il était impossible de raccorder avec celle de l’Ancien Testament. C'était l’erreur capitale et dont toutes les autres découlaient, à commencer par le monstrueux ditliéismequc nul, en dehors d’Apclles, ne s’est appliqué à corriger. — Qu’une conception religieuse si contraire à la logique ait pu séduire bon nombre d'âmes sincères, c’est un signe que, dès le iie siècle, bien des penseurs avaient remarqué les difficultés que soulève la conservation par l'Église de la Bible juive prise dans son ensemble. De ces difficultés une exégèse vigoureusement allégorique fit, peu à peu, évanouir les principales. Du jour où celle-ci n’a plus été possible, un discernement plus exact des étapes successives de la révélation, un concept plus précis de l’insensible progrès des idées religieuses ont permis de les éliminer d’une autre manière. Le malaise néanmoins que provoque, en des esprits affranchis de toutes les autorités traditionnelles, la considération de ces problèmes explique la sympathie avec laquelle on vient de parler en certains milieux de l’offensive marcionite contre l’Ancien Testament. Les vrais chrétiens en jugeront autrement, avertis autant par la tradition ecclésiastique que par le sens de l’histoire, ils ne pourront que considérer comme vaine et inopérante une conception du christianisme qui ne le rattache pas à ses plus lointaines origines, au Dieu des patriarches et des prophètes, qui « après avoir parlé à plusieurs reprises et en diverses manières, nous a, dans ces derniers temps parlé par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a aussi créé le monde. » Hebr., i, 1, 2.

I. Sources.

Elles ont été brièvement recensées dans le corps de l’article. Le récolement le plus complet est fourni par le travail capital de A. von Harnack, Marcion : Das Evangelium vom fremden Golt. Eine Monographie zur Geschichte (1er. Grundtegung der katholischen Kirche, 1e édit. 1921 ; 2e édit. 1924 = Texte und Uniersuchungen, t. xlv. L’ouvrage est divisé en deux parties avec paginations différentes ; la première simple exposé, la seconde donnant in extenso les documents sur lesquels se fonde la narration. C’est dans cette partie qu’il faut chercher avec, la reconstitution des livres marcionites (Apostdlicon, p. 40* sq., Evangile, p. 177* sq., Antithèses, p. 256* sq.), les témoignages relatifs d’une part à la personne de Marcion, p. 3* sq., d’autre part à la doctrine et à l'Église marcionite, p. 314*-400*. Les derniers documents, p. 401* sq., sont relatifs à Lucain, Apelles, au néo-marcionite Patricius. Ce travail magistral laisse loin derrière lui les entreprises analogues.

IL Travaux. — - 1° Travaux généraux. — La question marcionite est au confluent de plusieurs problèmes très importants : formation du texte et du canon biblique, organisation ancienne de l'Église, valeur respective de la tradition, de l’autorité et du raisonnement, formation des dogmes. On ne s'étonnera donc pas d’y trouver des allusions plus ou moins importantes soit dans les Introductions au Nouveau Testament, soit dans les Histoires générales de l'Église, soit dans les Histoires des dogmes. Parmi les dernières il faut citer particulièrement celle de A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, qui, dès sa 1e édit.on, 1885, donnait une orientation toute nouvelle aux recherches en séparant nettement le marcionisme du gnosticisme ; ce point de vue a été adopté par L. Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, t. i, par J. 'fixeront, Histoire des dogmes, 1. 1 (l re édit., 1905), et par de Paye. Par contre les anciennes histoires des dogmes ou des hérésies font généralement place au marcionisme dans la description du gnosticisme. Bousset, par contre, Haupiprobleme der Gnosis…, 1907,

rattache le marcionisme au manichéisme. Voir les principaux travaux énumérés à l’art. Gnosticismk, t. vi, col. 1467. 2° Travaux spéciaux.

On peut négliger presque entièrement les anciennes monographies (elles sont assez nombreuses) ; il n’y aurait intérêt a les recenser que si l’on voulait

écrire une histoire de la question marcionite. Nous en signalerons quelques-unes plus caractéristiques. — Au xviir siècle : Lolfler (en réalité Wegenerl, Marclonem Pauli epistolas et Lucæ evangelium adultérasse uddubitatur (thèse), Trajecti ad Viadrum (Francfort-sur-l’Oder). — Au xixe siècle quelques travaux importants de Aug. Hahn, Dissert d<gnosi Marcionis anlinomi, Konigsberg, pars I, 1820, pars II, 1821 ; Antithèses Marcionis gnostici liber deperditus, nunc quoadejus fieri potuii restitulio, Konigsberg, 1823 ; De canone Marcionis anlinomi, pars I, 1824, pars II, 1826 ; toutes ces minces plaquettes ont contribué à mettre sur la bonne voie. — H. Rhode, Prolegomena ad quwstionem de evangelio aposloloque Marcionis denua instituendam, Xratislava, 1834 ; A. Ritschl, Dos Evangelium Marcion’s und das kanonische Evangelium des Lucas, Tubingue, 1846 ; fidèle aux vues de Baur, Ritschl fait de l'Évangile de Marcion la source de Luc ! — D. Harting, Quicslioneni de Marcione Lucani Evangelii ut fertur adulteratore, collatis Hahnii, Ritschelii aliorumqne senlrnliis, novo ciamini subjecit, Utrecht, 1849. — A. Hilgenfeld, Krilische Uniersuchungen iiber die Evangelien Juslin’s, der clemenlinischen Homilien und Marcions, Halle, 1850. — G. Volckmar, Das Evangelium Marcion’s, Text und Kritik, mit Riicksicht au/ den Evangelien des Mdrtyrers Justin, der Clementinen und der aposlolischen Vater, Leipzig, 1852, voir p. 1-23, un copieux état de la question à la date où fut écrit le livre. — H. U. Meijboom, Marcion en de Marcionieten, Leyde, 1887. — Voir aussi les articles de G. Salmon, dans le Dict. of Christian Biography, t. iii, 1882, p. 816-824 ; de G. Kriiger, dans la Protest. Realencijclopàdie, 3e édit., t. xii, 1903, p. 266-277.

La monographie de A. von Harnack dont le titre est donné ci-dessus a eu pour point de départ un travail de jeunesse rédigé en 1870, et qui est toujours resté sur le chantier jusqu’en 1920. L’apparition du livre en li'21 a suscité des critiques de divers genres auxquelles l’auteur a répondu dans : Neue Studien ru Marcion, dans Texte und Untersuchungen, t. xliv, fasc. 4.

É. Amann.

MARÉCHAL Bernard (1705-1770), bénédictin ; originaire de Réthel, il fit profession à Saint-Airv de Verdun, le 26 juillet 1721, fut successivement prieur de Beaulieu et de Hautvilliers, visiteur en 1761, et enfin prieur de SaintVanne en 1765. Il mourut à Saint-Vincent de Metz, le 19 juillet 1770. — Le seul écrit qu’on ait de lui est une Concordance des saints Pères de l'Église, grecs et latins, où l’on se propose de montrer leurs sentiments sur le dogme, la morale et la discipline, de faciliter l’intelligence de leurs écrits par des remarques fréquentes et d'éclaircir les difficultés qui peuvent s’y rencontrer, 2 in-4o, Paris, 1739. L’ouvrage, traduit en latin, fut imprimé à Venise et à Augsbourg en 1769. Mais, en France, la vente fut interdite, parce qu’on voulut exiger de l’auteur l’acceptation de la bulle Unigenitus et des explications sur quelques points de doctrine. — Dora Maréchal écrivit alors une Lettre à l’occas’ion de son livre de la Concordance des saints Pères de l'Église grecs et latins des trois premiers siècles à M***, Novi, 1740, laquelle fut imprimée par ordre du cardinal ministre, et il y eut quelques corrections insérées dans l’ouvrage imprimé. — L’auteur laissa en manuscrit la Constitution de la Concordance qui aurait formé deux autres volumes, n’ayant trouvé aucun éditeur qui consentit à les imprimer.

Boulliot (abbé) Bibliographie ardennaise, 2 in-S°, Paris, 1830, t. ii, p. 188 ; J. Godefroy, Bibliothèque des bénédictins de la Congrégation de S. Vanne et Hydulphe, dans Archives de la France monastique, t. xxix, Ligugé, 1925 ; dom Calmet, Bibliothèque lorraine, Nancy, 1751 ; François, Bibliothèque générale des écrivains de l’O. S. B., 4 in-4o, Bouillon, 1777-1778 ; Hurter, Nomenclator, t. v, col. 52 ; Paulus (abbé). Apport à l’histoire des études archéologiques et historiques, pendant le XVIIIe siècle (voir Rev. bénéd., t. xxi, p. 94).

J. Baudot.