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M ACÉDONIUS ET LES MACÉDONIENS


la remarque ; cf. /'. L., t. xiii, col. 199. il est Mai que le groupe homœousien qui s'étail formé autour de liasile d’Ancyrc ne demeura pas homogène. Tandis qu’une partie de ses adhérents se rapprochait de plus en plus des orthodoxes, d’autres, doid Eustathe de Séhaste semble avoir été le chef, précisèrent leur position dans un sens hétérodoxe et nièrent franchement la divinité du Saint-Esprit. Socrates, II. E., II, xi.v, P. G., t. i.xvii, col. 360 A H. Mais cette évolution n’a rien à voir avec Macédonius. Socrates d’ailleurs croit devoir ajouter, id., ibid., que, d’après un bruit assez courant, Macédonius n’aurait pas été l’inventeur de l’hérésie qui porte son nom, mais qu’il faudrait attribuer cette trouvaille à Maralhonius, qui avait été évêque de Nicomédie, d’où le titre de marathoniens par lequel on désigne aussi les pneumatomaques. Si, d’autre part, comme on l’a déjà fait remarquer, le nom des macédoniens n’apparaît nulle part avant 380, on entrevoit assez la défiance avec laquelle il faut se servir des renseignements tournis par Socrates et Sozomène.

Les sources occidentales, à partir du commencement du ve siècle, sont unanimes à faire de Macédonius un hérésiarque de première grandeur. Dans l’Histoire ecclésiastique, Ru fin raconte que vers 361 les ariens se divisèrent en trois groupes, les eunomiens, les ariens et les macédoniens, qui dicunt similem quidem Filium per omnia Patri, Sanction vero Spirilum cum Paire et Filio nihil habere commune. H. E., I, xxv, P. L., t. xxi, col. 496 sq. Saint Augustin, dans le De iinilale Ecclesize, P. L., t. xliii, col. 395, signale ces trois groupes d’hérétiques comme les hétérodoxes d’Orient. Vers 415, saint Jérôme nomme encore ensemble les mêmes groupes, Epist., cxxxiii, ad Ctesiph.., P. L., t. xxii, col. 1159, et vers 428 saint Augustin dans son catalogue d’hérésies fait une place aux macedoniani, quos et pneumatomachous grseci dicunt. De hæres., 52, P. L., t. xlii, col. 39. La tradition est formée pour longtemps.

Désormais lorsqu’on combat les hérétiques opposés au Saint-Esprit, on les désigne partout, en Orient, comme en Occident, sous le nom de macédoniens. Théodoret compose en trois livres, un ouvrage aujourd’hui perdu Ttpôç toùç toc MaxeSovfou voaoGvxaç, Epist., i.xxxii, ou Kaxà MaxsSovtou, Epist., cxv, ou Ilept toû àyîcu 7rvEO[i.aToç, Hseretic. fab. conf., v, 3. Nestorius dans le Livre d’Héraclide, i, 3, édit. Nau, p. 148, cite Macédonius, à la suite d’Arius et d’Eunomius, comme un des principaux hérétiques condamnés par les Pères. Fauste de Riez, au témoignage de Gennade, De vir. illusl., 85, écrit adversum arianos et macedonianos parvum libellum, in quo coessentialem priedicat Trinitatem. Les anathématismes solennels des conciles postérieurs mettent également Macédonius en bonne place parmi les hérésiarques : tels les canons du Concile de Constantinople en 553, Hahn, Bibliothek der Symbole, 3e édit., § 148, p. 170 ; la formule d’union de Cyrus d’Alexandrie en 633, Hahn, op. cit., § 232, p. 339, les anathématismes du concile du Latran sous Martin I er en 649, Hahn, §181, p. 241 ; et d’autres encore. Si l’on met à part les historiens du ve siècle, tous les témoignages sont d’accord pour nous empêcher de placer avant 380 l’apparit ion du nom de macédoniens ; c’est seulement à partir de cette date à Constantinople d’abord, puis en Egypte, que ce nom sert à désigner les hérétiques pneumatomaques. Les historiens, principalement Socrates et Sozomène, essaient d’expliquer une telle dénomination, et rattachent à l'évêque de Constantinople, Macédonius, l’organisation d’un parti qui porte son nom. Leur témoignage est trop tardif, il est surtout opposé par trop d’endroits aux données des sources contemporaines pour mériter notre créance. Il s’agit cependant d’expliquer pourquoi Macédo nius a pu donner son nom â une hérésie qu’il n’a pas fondée. Si une vingtaine d’années après sa mort, et à Constantinople même, l'évêque pouvait être regardé comme le chef de l’erreur pneumolomaque, ce ne devait pas être sans quelque apparence de raison. Alors même que Macédonius n’a pas été de son vivant un chef de groupe, il a dû cependant exercer une influence assez grande et assez néfaste pour que son souvenir se perpétuât. Essayons donc défaire quelque lumière sur l’histoire de Macédonius.


II. Macédonius.

Cela même n’est pas facile. Nous connaissons très mal aujourd’hui les vicissitudes de l'Église de Constantinople au ive siècle. Socrates et Sozomène, mais surtout le premier de ces deux historiens, dont l’autre dépend souvent, ont eu à leur disposition des sources déjà troubles ; ils n’ont pas su en faire la critique ; et le récit qu’ils nous ont donné des événements est terriblement embrouillé.

1° Examen et critique des renseignements fournis par Socrates et Sozomène. — Nous commencerons cependant par rappeler ce récit, en en marquant les phases principales.

1. Vers le même temps, écrit Socrates, H. E., II, vi, P. G., t. lxvii, col. 192, c’est-à-dire à l'époque de la mort de Constantin II en 340, il y eut de grands troubles à Constantinople. A la mort de l'évêque Alexandre, deux candidats se trouvèrent en présence pour lui succéder, Paul et Macédonius, ce dernier depuis longtemps diacre de l'Église et déjà avancé en âge. Paul était le candidat des orthodoxes, Macédonius celui des ariens. Paul fut élu, non sans tumulte d’ailleurs, et sacré à l'église de la Paix. Mais l’empereur Constance arriva là-dessus à Constantinople ; il fit casser l'élection de Paul par un synode d'évêques arianisants et Eusèbe de Nicomédie fut nommé pour occuper le siège de la ville impériale, Socrates, H. E., II, vii, col. 193 C.

2. Après la mort d’Eusèbe, les orthodoxes ramènent Paul dans l'église. Les ariens élisent Macédonius et l’ordonnent. Socrates, H. E., II, xii, col. 208 A. Constance envoie au stratélate Hermogène l’ordre d’aller à Constantinople et de déposer Paul. Celui-ci obéit ; mais l’affaire tourne mal pour lui : sa maison est brûlée par le peuple, et lui-même est tué. La date est donnée par Socrates : c’est l’année du 3e consulat de Constance et du 2e de Constant, donc 342. Constance, furieux, repart pour Constantinople. Il fait exiler Paul, et refuse de reconnaître Macédonius qui s'était compromis dans les troubles. Socrates, H. E., II, xiii, col. 208 C, 209 A.

3. Paul, chassé de Constantinople, se réfugie à Rome où il se trouve avec Asclépas de Gaza, Marcel d’Ancyre et Lucius d’Andrinople. Socrates, H. E., II, xv, col. 212 R. Jules de Rome rend leurs sièges à tous les exilés, tandis que les Orientaux, réunis à Antioche protestent contre l’intervention de l’Occident dans les affaires orientales. Constance, en apprenant le retour de Paul, envoie à l'éparque Philippe l’ordre de chasser à nouveau Paul de l'église et de reconnaître Macédonius. Philippe s’empare par ruse de la personne de Paul et l’envoie à Thessalonique, sa propre patrie en lui interdisant de reparaître en Orient. Cela fait, Philippe s’occupe de Macédonius : au moment où il va solennellement l’introduire dans l'église, une sédition éclate dans la foule ; le sang coule, et, suivant une tradition que rapporte Socrates, 3150 personnes trouvent la mort. On parvient cependant à pénétrer dans l'église, et à introniser Macédonius, malgré l’irrégularité dont il vient d'être atteint et le crime auquel il a participé. Socrates, H. E., II, xvi, col.213C-217R.

4. Peu de temps après, Paul quitte Thessalonique,