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1983

MARC EUGÉNICOS

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école, que la lumière du Thabor, sans Être l’essence <livine elle-même, était pourtant incrééc comme la divinité des trois personnes de la Trinité dont elle était l'émanation, distincte de Dieu sans lui être étrangère, immatérielle tout en étant susceptible d'être contemplée par des yeux de chair aidés de la grâce. I ! y a plus. Pareille a celle du Thabor, la lumière dont les saintsjbrilleront dans le ciel est quelque chose d’incréé. Marc identifie quelque part cette lumière avec l’EspritSaint lui-même. Poussant ses principes jusqu'à leurs dernières conséquences, il distingue avec raison le Saint-Esprit de ses dons ou grâces, mais, en palamiste irréductible, il tient ces dons pour des réalités incréées. Si l’Esprit-Saint vient dans les âmes, il n’y vient pas en personne, mais par ses opérations ou énergies, incréées comme lui. C’est encore cette énergie incréée qui opère dans les sacrements, ou qui nous rend participants de la nature divine. Si le principe divinisateur agissant en nous était quelque chose de créé, nous serions, affirme Marc, les adorateurs de la créature. A entendre de pareilles affirmations, on a moins de peine à comprendre que les adversaires de Marc l’aient accusé de dithéisme et de trithéisme.

2. Contre les Latins, Marc d'Éphèse a écrit des I raités nombreux, mais peu variés, surtout à l’occasion du concile de Florence, où il joua le rôle néfaste que l’on' sait.

Durant les laborieuses séances tenues à Ferrare, il composa, soit seul, soit en collaboration avec Bessarion^et les autres délégués grecs, les trois mémoires ou discours sur le Purgatoire, que nous avons publiés, accompagnés d’une traduction latine, dans notre ouvrage : Documents relatifs au concile de Florence. I. La question du purgatoire à Ferrare, dans la Patro' logia orientalis de R. Graffln, t. xv, fasc. 1, Paris, 1920. Le lecteur trouvera dans ce recueil tous les renseignements bibliographiques nécessaires. Le premier de ces discours est intitulé : Confutatio articulorum, quos Latini exhibuerant, circa purgatorium ignem, op. cit., p. 39-60. Après avoir énoncé la doctrine des Grecs sur la vie d’outre-tombe en l’appuyant de diverses autorités, Marc y reprend un à un les sept arguments que les Latins avaient présentés en faveur de leur doctrine, puis il énonce, à son tour, onze chefs d’arguments à l’appui de la thèse grecque. Ces arguments ayant été longuement réfutés par Jean de Torquemada, Marc répliqua par un second discours intitulé : 'Aizoloyio. rpôç Aa-rtvouç Seuxépa, èv f) ÈxtEÔyjcti xai tîjç twv Tpaixcôv kyoùa](sla.r t ?]v àXï]07) S6^av, op. cit., p. 108-151. Dans ce mémoire fort étendu, Marc enseigne que les justes n’entrent pas immédiatement en possession de la béatitude ; que les pécheurs ne sont pas livrés, aussitôt après la mort, au supplice éternel ; mais que les uns et les autres demeurent présentement dans les lieux spéciaux qui leur sont assignés, en attendant la résurrection universelle qui leur ouvrira, soit le ciel, soit l’enfer, provisoirement fermés aux premiers comme aux seconds. Dans un dernier mémoire, op. cit., p. 152-168, Marc, à la demande des Latins, apporte divers éclaircissements sur quatorze points auxquels il avait touché dans son second discours sans s’exprimer avec toute la précision désirable.

Sans revenir ici sur la part prise par Marc d'Éphèse aux discussions générales de Florence, nous devons signaler les lettres et les opuscules qu’il a publiés contre le concile. Nous les avons réunis tout récemînent’dans le recueil suivant : Documents relatifs au concile de Florence. II. Œuvres anliconciliaires de Marc d'Éphèse, dans la Patrologia orientalis de R. Graffin, t. xvii, fasc. 2, Paris, 1923. Négligeant les détails bibliographiques, que l’on trouvera dans notre ouvrage, nous allons donner la liste de ces divers opuscules en l’accompagnant d’une brève appréciation :

1. Orttiinatl Eugenium papam I V, op. cit., p. 336-341. Dans cette courte pièce, qui date des premiers débats de Ferrare, en avril 1438, Marc, après avoir félicité le pape de son concours à l'œuvre du concile, le somme tout à coup, en un langage hautain et discourtois, de mettre fin au schisme en cédant aux Grecs tant sur la procession du Saint-Esprit que sur la question des azymes. — 2. Teslimoniaquibus probatur Spiritum Sanctume solo Paire procedere, op. cit., p. 342-367. Simple répertoire de 121 numéros des autorités scripturaires et patristiques sur lesquelles Marc se fonde pour soutenir que l’Esprit-Saint procède du Père, à l’exclusion du Fils. — 3. Capita syllogislica adversus Lalinos de Spirilus Sancti ex solo Pâtre processione, p. 368-415. En cinquante-six arguments, comportant beaucoup de redites et de sophismes, Marc s’en prend à la thèse des Latins, qu’il travestit souvent par une série de déductions cent fois repoussées par eux. La composition de cet ouvrage soulève des difficultés qu’il y aurait intérêt à élucider définitivement. Comme ces Capita ont été réfutés en partie par Georges Scholarios, en partie par Bessarion, on s’est demandé, à la suite d’Hergenrôther, si Marc n’aurait pas donné deux éditions successives de son opuscule. Quoi qu’il en soit, le Marcianus 527, qui est dans une bonne partie un autographe de Bessarion, ne contient, ꝟ. 93-103, que les capita censurés par ce dernier, n. 21-39 de notre édition. Pareillement, le Parisinus 1270, ꝟ. 159 v°-174, ne présente que les capita réfutés par Scholarios. Sans multiplier les hypothèses, on pourrait supposer que les deux censeurs, Scholarios et Bessarion, n’avaient copié que les arguments qu’ils entendaient examiner, et c’est cette copie fragmentaire qui aurait été ensuite incorporée à certains mss. — 4. Dialogus de additione ad symbolum a Latinis facta, p. 415-421. Marc ressasse ici, sous forme de dialogue entre un Latin et un Grec, le vieux grief : addition du Filioque au symbole de Nicée-Constantinople, contre la prohibition expresse édictée par les anciens conciles d’altérer ce symbole, comme si c'était altérer un symbole que d’y adjoindre des formules supplémentaires pour dirimer les controverses qui se produisent, et comme si, en matière de loi positive, les décisions d’un concile, fût-il œcuménique, pouvaient enchaîner la liberté des conciles suivants. — 5. Libellus de consecralione eucharislica, p. 426-434. Marc y soutient, contre la croyance latine, que la consécration du corps du Christ dans l’eucharistie n’est point attachée aux paroles liturgiques de l’institution que récite le prêtre, mais à l'épiclèse qui vient ensuite. — 6. Confessio fïdei Florentin scripla, sed post absolutam synodum in lucem édita, p. 435-442. Composé à Florence, en mai ou juin 1439, et rendu public à une date postérieure, ce document est une curieuse manifestation de l'évident parti pris avec lequel Marc traitait la question de la procession du Saint-Esprit, rejetant en bloc toute la tradition occidentale, et ne retenant de la tradition orientale que les textes favorables à sa thèse, les autres étant à ses yeux inexistants.

Les pièces suivantes, écrites en Orient après le retour d’Italie, ne sont qu’une longue suite de protestations contre le concile, et la preuve des efforts inouïs déployés par Marc pour annuler le pacte de Florence : 7. Relatio de rébus a se in synodo Florentina gestis, p. 443-149. Dans cette sorte d’autoapologie, l’auteur raconte comment, seul entre tous ses compatriotes, il avait su résister jusqu'à la fin aux attaques des Latins, à la lassitude générale, à la faim, et même aux présents, pour maintenir intacte la doctrine de son Église et la foi de ses Pères. — 8. Epistola encyclica contra Gnvco-Latinos ac decretum synodi Florentins ?, p. 449-459. Dans cette encyclique adressée