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1939
1940
MARBODE — MARC (SAINT) L'ÉVANGÉLISTE


    1. MARBODE##


MARBODE, évoque de Menues (xiie siècle). — Né à Angers vers 1035, il devint écolâtre puis archidiære de eette ville ; en 1090, lors du coneile tenu à Tours par Urbain II, il est fait évêque de Rennes, dont il occupera le siège pendant plus de vingt ans ; sur la fin de sa vie il prit l’habit bénédictin à Saint-Aubin d’Angers, où il ii, oui ut le 1 1 septeml rell23. Jon non figure à cette date au Martyrologium gallicanum d’André du Saussaye. — La production de Marbode, assez considérable, intéresse davantage l’historien de la littérature que le théologien. Versificateur habile, il a surtout laissé des poèmes sur toute espèce de sujets, depuis les vies de saints et les passions de martyrs, jusqu’aux épigrammes, aux fables et à la description des pierics précieuses. Les bagiographes lui sont reconnaissants de la composition de plusieurs vies de saints en prose : vies de saint Lezin, de saint Robert, de saint Maimbœuf (Magnobodus), de saint Gautier. Les théologiens retiendront surtout ses lettres, et parmi elles : Epist., ii, Quod improbilas ministri non impedit verilalem sacromenti ; iii, Sacerdotes mali non svni nisi post canonicum judicium fugiendi, et v, lettre de direction à une religieuse. On a discuté sur l’authenticité de la lettre vj à Robert d’Arbrissel, qui contient une critique fort vive des méthodes d’apostolat du célèbre réformateur ; nous croyons pourtant avec les auteurs de l’Histoire littéraire de la France qu’il n’y a pas lieu de la révoquer en doute. Au contraire il faut rejeter un commentaire en vers sur le Cantique des < antiques dont les mêmes auteurs ont montré qu’il était l'œuvre de Vv’illerame, scolastique de Bamberg, puis religieux de Fulda et abbé de Mersebourg.

Les diverses éditions anciennes dont la plus importante est celle de Rennes, 1524, sont périmées par celle d’A". Beaugendre, O. S. B., qui publie les œuvres de Marbode avec celles d’Hildebert du Mans, Paris, 170}- (le commentaire sur le Cantique en appendice) ; cette édition est reprise et complétée par J.-J. Bourassé, dans P. L., t. clxxi (1854), col. 1457-1784 (ne donne pas le comment, sur le Cantique) ;

— Notice littéraire très complète dans l’Histoire littéraire de la France, t. x, 1756, p. 343-392 ; moins bonne dansdom Ceillier, Histoire générale des auteurs ceci., 2e édit., t. xiv a, p. 225-230. — Travaux récents : C. Ferry, De Marttdi Rhedonensis episcopi viia et carminibus (thèse), Nîmes, 1877 ; L. Ernault, Marbode évêque de Rennes, sa vie, ses œuvres, Rennes, 1890.

É. Amann.
    1. MARC (SAINT)##


1. MARC (SAINT), personnage de l'âge apostolique, à qui la tradition ecclésiastique attribue la composition du second évangile.

De cet évangile nous étudierons dans le présent article : I. L’origine et la composition. IL Les caractéristiques doctrinales (col. i 950).

I. Obigine et composition du second évangile.

— 1° L’origine du second évangile d’après la tradition ecclésiastique. 2° Le second évangile et la critique. 3° La composition du second évangile d’après ses caractères intrinsèques.

I. LE SECOND ÉVANGILE ET LA TRADITION.

Données traditionnelles sur le second évangile dans son ensemble.

1. Cilations et allusions chez les écrivains du

IIe siècle. — La matière de l'évangile de saint Marc se trouvant presqu’intégralement dans les deux autres synoptiques, il n’est pas facile de déterminer sûrement dans les écrits des Pères et des anciens écrivains ecclésiastiques les citations ou allusions qui attesteraient de leur part la connaissance et l’usage de cet évangile. De fait, les quelques rapprochements que l’on a établis entre des passages de l'épître de saint Clément aux Corinthiens ou du Pasteur d’Hermas et des textes du second évangile, cf. Funk, Patres apostolici, t. i, p. 640 sq., ne sont pas décisifs.

On a des indices plus certains de l’usage du second évangile par les hérétiques des deux premiers siècles :

saint Irénée, Cent, hures., III, xi, 7, P. G., t. vii> col. 884, témoigne que les docètes employaient de préférence l'évangile de saint Marc ; il mentionne, lbid., I, ni, 3, col. 472, une parole de Jésus qui ne se trouve que dans le.second évangile, v, 31 et que rapportaient les valentiniens.

Saint Justin semble bien faire allusion à la finale actuelle du second évangile, Apcl., i, 45, /'. G., t. vi, col. 397. De plus, il désigne Jésus, Liai. cum. Tryph., 88, col. 688, par le nom de téxttùv, comme dans Marc, vi, 3. Il cite enfin le nom de fils du tonnerre donné aux fils de Zébédée (détail qui ne se trouve actuellement que dans Marc., iii, 17) d’après les Mémoires de Pierre, Dial. cum. Tryph., 106, col. 724 ; si, comme il est probable, ces à7rou.vi, o.ovsbu.a- : a IléTpou désignent notre second évangile, et non, comme le pensent quelques critiques, l'évangile apocryphe de Pierre, le témoignage de saint Justin corroborerait la tradition qui rattache l'évangile de saint Marc à la catéchèse de saint Pierre.

2. Données biographiques sur saint Marc.

a). D’après les Actes des Apôtres. — Au c. xii des Actes, y. 12 et 25, est mentionné un personnage, appelé Jean de son nom d’Israélite, et surnommé Marc (Mâpxoç, forme grecque du nom latin Marcus), fils de Marie, dans la maison de qui les chrétiens de Jérusalem étaient rassemblés pendant que saint Pierre était en prison. Ce Jean, surnommé Marc, est emmené par Paul et Barnabe, lorsque ceux-ci, ayant rempli la mission que les chrétiens d’Antioche leur avaient confiée pour la communauté de Jérusalem, retournent en Asie Mineure. C’est évidemment le même personnage, bien qu’il soit désigné sous le seul nom de Jean, qui est indiqué comme auxiliaire de Paul et de Barnabe (vTzr.pé-rrjç signifie qu’il était à leur service, chargé sans doute des affaires matérielles de la mission ou des fonctions extérieures de l’apostolat), durant leur première course apostolique en Cri te. nui, 5, et qui, pour des raisons qui ne sont pas précisées, quitte les deux apôtres à leur arrivée en Pamphylie et retourne, à Jérusalem, xiii, 13. C’est lui encore, que, au début de la seconde mission apostolique de Paul et Barnabe, celui-ci veut prendre comme compagnon, xv, 37 : il en résulte un conflit entre les deux apôtres et leur séparation, saint Paul n’ayant pas oublié la précédente défection de Marc ; tandis que Paul continue son voyage avec Silas, Barnabe, accompagné de Marc (désigné ici par son seul surnom) retourne à Chypre. xv, 39.

b) D’après les Épitres. — C’est sûrement le même Marc, cousin de Barnabe, dont saint Paul fait mention dans l'Épître aux Colossiens, iv, 10, Il et dans l'Épître à Philémon, 24, écrites au début de la captivité de l’apôtre à Rome. Marc est nommé avec Aristarque et Jésus, dit le Juste, parmi les Juifs d’origine qui sont alors les compagnons et les collaborateurs de Paul, et l’apôtre semble avoir la pensée de l’envoyer aux Colossiens qui devront le bien recevoir. Dans la IIe Épître à Timothée, écrite sans doute durant la second captivité de saint Paul à Rome, l’apôtre demande à Timothée, qui est alors à Éphèse. de lui amener Marc « toujours utile en vue du ministère ». II Tim., iv, 11.

La dernière mention de saint Marc dans le Nouveau Testament se trouve dans la Prima Pétri. Saint Pierre, écrivant de Rome aux chrétiens d’Asie Mineure, les salue au nom de Marc, qu’il appelle son fils. I Petr., v, 13. Bien qu’il n’y ait aucune preuve positive de l’identité de ce compagnon de Pierre avec le Marc des Actes et des épîtres de Paul, il n’y a rien que de vraisemblable à supposer que Pierre ait eu pour collaborateur un disciple qu’il devait connaître particulièrement, puisque c’est dans sa maison de Jérusalem, qu’il se