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1895

MANICHÉISME — MANNING

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Chr. Wolf, Mantchxtamm anle Maniclucos, Hambourg, 1707 ; Is. de Beausobre, Histoire critique de Manlchée et du manichéisme, 2 vol. in-4o, Amsterdam, 1734 et 1739 ; Moslieim, Commentar. de rébus cliristianis anle Constanllnum Magnum, Helmstadt, 1753, p. 728 sq. ; Chr. Baur, Dus manichàische Religionssyslem, Tubinguc, 1831 ; C. Trechsel, Ueber Kanon, Kritil ; und Exégèse der Manichàer, Berne, 1832 ; G. FlUgel, Mani, seine Lehre und seine Schri/ten, Leipzig, 1862 ; H. von Zittwitz, Acta dispulationis Arclielai et Manctis untersueht, dans la Zeitschrift fur historische Théologie herausg. von Kalinis, 1873, p. 407-528 ; Oblazinski, Actadisputaiionis Arclielai cum Manete, Dissert., Leipzig, 1874 ; A. Geyler, Das System des Manichaismus und sein Verhàltnis zum Buddhismus, Iéna, 1875 ; K. Kessler, Untersuchungen zur Genesis des manichàischen Religionssysterns, 1876 ; A. Newman, An introductory Essay on the manichiean heresy, 1887 ; K. Kessler, Mani, Forschungen iiber die manichàische Religion, t. i. Voruntvrsuchungen und Quellen, Berlin, 1889 ; voir les recensions suivantes de cet important ouvrage : Th. Nôldeke, dans la Zeitschrift der deutsch. morgent ând. Gesellschaft, t. XLin, 1889, p. 535 sq. ; A. Ralilfs dans les Gôlting. gelehrte Anzeigen, 1889, n. 23 ; A. Millier, dans la Theologische Lileraturzeitung, 1890, n. 4 ; E. Rochat, Essai sur Mani et sa doctrine, Genève, 1897 ; A. Dufourcq, De manichxismo apnd latinos, Paris, 1900 ; A. Briickner, Fauslus von Mileue, Ein Beilrag zur Geschichle des abendlàndischen Manichaismus, Bâle, 1901 ; R. Kessler, art. Mani, Manichær, dans la Protest. Realencyclop., 3°édit., t. xii, 1903, p. 193-228 ; A. Dufourcq, Le néomanichéisme et la légende chrétienne. Études sur les Gesla marlyrum romains, t. IV, Paris, 1910 ; W. Bousset, Hauptprobleme der Gnosis, Gœttingue, 1907 ; F. Cumont, Recherches sur le manichéisme, Bruxelles, 1908 et 1912, fascicules 1 et 2 ; A. E. de Stoop, Essai sur la diffusion du manichéisme dans l’empire romain, Gand, 1909 ; P. Alfaric, Les Écritures manichéennes, i. Vue générale ; il. Étude analytique, 2 vol., Paris, 1918 ; du même L'évolution intellectuelle de saint Augustin, t. i, Du manichéisme au néoplatonisme, Paris 1918, p. 65-225 ; P. Monceaux, Le manichéen Faustus de Milev, restitution de ses capitula, Paris, 1924 ; F. Burkitt, The religion o( the Manichœans, Donnellan lectures for 1925, Cambridge, 1925. Cet ouvrage est très impor tant. Son intérêt est de montrer que, depuis la découverte des documents de Tourfan et deTouen-houang, on n’a plus le droit de regarder les éléments chrétiens du manichéisme comme une addition tardive à la pure doctrine primitive. Le manichéisme est une doctrine dont le christianisme a fourni quelques-unes des solutions fondamentales ; J. Scheftelowitz, Die Enlslehung der manichàischen Religion und des Erlôsungsmysteriums, 1922.

G. BaRDY.

    1. MANNING Henry-Édouard##


MANNING Henry-Édouard, anglican converti, archevêque de Westminster et cardinal (1808-1892). I. Biographie.

II. Manning et les problèmes religieux de son temps (col. 1902). — III. Ses œuvres (col. 1914).

I. Biographie.

1° Sa jeunesse (1808-1832). — Henry-Edward Manning naquit à Totteridge, le 15 juillet 1808, d’une famille très honorable : son père William Manning était membre de la Chambre des Communes et directeur à la Banque d’Angleterre ; sa mère, Mary Hunter, était sœur du lord-maire de Londres. Ses premières années se passèrent dans un milieu appartenant à la High Church ; les évoques de Londres et de Lincoln, amis de son père, fréquentaient volontiers la maison de campagne de Totteridge. Ce furent des idées différentes qu’il trouva à Hirrow School, où il étudia jusqu'àl'àge de dix-huit ans ; les tendances latitudinaristes de cette école sont bien connues, cf. Patrick O’Byrne, Liues of the cardinals, Londres, 1879, p. 39 ; il y montra plus de goût pour la lecture et les exercices corporels, que pour le travail. Son peu de succès dans les études, et surtout les difficultés financières de son père, décidèrent celui-ci à le retirer de Harrow, pour le lancer dans les affaires ; il fut sauvé par son beau-frère, John Anderdon, qui s’offrit à payer ses études à Oxford, 1827.

Au collège de Balliol, il commença à faire montre de l'énergie qu’il devait manifester plus tard : aut Coesar, aut nihil, telle fut sa devise, et il chercha dès l

lors à devenir César. Le succès répondit à ses efforts. La part prépondérante qu’il prit aux discussions de VOxford Union lui ouvrit la perspective d’une carrière politique ; ses qualités lui auraient certainement acquis à la Chambre des Communes une place de premier rang. La ruine de son père lui enleva tout espoir de ce côté (1830-1831).

Il avait alors vingt-deux ans ; où diriger sa vie ? Sa famille le pressait d’entrer dans l'état ecclésiastique ; lui-même ressentait un vague attrait, mais demeurait irrésolu. Ce ne fut qu’en 1832 qu’il se décida. L’influence de miss Bevan, appartenant à Pévangélisme, ne fut pas étrangère à sa décision ; il l’appellera sa mère spirituelle. Sa résolution prise, il entra, comme fellow, au collège de Merton, à Oxford, et se prépara aux ordres, par une étude plus sérieuse de la théologie. Son but, en renonçant au monde est de « vivre pour Dieu et pour les âmes ». « Je doutais seulement, dit-il, de l’appel divin. Je craignais de m’avancer sans vocation. Mais c'était bien et uniquement un appel de Dieu… C'était un appel ad veritalem et ad seipsum. Je l’ai éprouvé comme tel et je l’ai suivi. » Purcell, Life of card. Manning, t. i, p. 93.

2° Le prêtre anglican (1832-1851). — Ordonné le 23 décembre 1832, Manning partit le 3 janvier suivant à Lavington, où il fut suffragant du rév. John Sargent, fervent de l'évangélisme. Quelques mois après, il devenait, par suite de la mort du titulaire, curé de Lavington (mai 1832) ; le 7 novembre 1832, il épousait la fille de son prédécesseur, Caroline Sargent. Lorsque cette union fut brisée par la mort (24 juillet 1833). Manning se renferma dans une douleur muette, et ne chercha de consolation que dans son zèle pour le service de sa paroisse. La même année, il était nommé doyen rural et, quatre "ans après, le nouvel évêque de Chichester, Shuttleworth, le nommait à l’archidiaconé de Chichester. Il conserva ce poste jusqu'à sa conversion (1841-1850).

Il remplit ces diverses fonctions avec le plus grand zèle. Dans l’oraison funèbre qu’il prononça du cardinal, l'évêque Hedley caractérise ainsi son attitude envers l’anglicanisme : « aussi longtemps que Manning crut reconnaître dans l’anglicanisme une partie de l'Église du Christ, il l’aima et le vénéra avec un respect tout filial, et le servit avec succès et fidélité. » Hemmer, Vie du cardinal Manning, p. 34, 35.

L’attention de l’archidiacre se porta particulièrement sur les missions : aidé de Gladstone, il réalisa la constitution d’un fonds permanent pour le développement de la hiérarchie anglicane dans les colonies, et obtint la création de nouveaux évêchés ; sur les enfants, il entreprend une campagne, qu’il poursuivra comme catholique, pour l'éducation chrétienne de la jeunesse (1849) ; sur la situation de l'Église anglicane en Irlande, pour en sauvegarder les intérêts, il soutient le projet accordant une dotation à l'Église romaine dans ce pays (1845). Son influence était telle que le rév. F. Denison Maurice, libéral et rationaliste, disait de lui en 1849 : « il n’y a qu’un homme… capable, s’il le veut, de sauver l'Église de la confusion où elle se débat. C’est Manning. » Purcell, op. cit., t. i, p. 431. On le disait destiné à l'épiscopat.

3° Sa conversion (1851). — La crise de conscience, qui amena Manning de l’anglicanisme au catholicisme, dura de 1845 à 1850. Jusqu’en 1845, rien ne pouvait faire supposer, ni dans sa vie extérieure, ni dans les pensées qu’il jetait sur son journal intime, qu’il se tournerait un jour vers Rome. Par sa famille et ses premières relations, il appartenait à la High Church ; la fréquentation de son condisciple d’Oxford, Robert Bevan et de la sœur de ce dernier, à Trent Park, pendant les vacances, sa collaboration avec Sargent a Lavington, en firent un fervent de l'évangélisme,