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    1. MANICHÉIS##


MANICHÉIS.M ! EXPANSION

1870

k règne « ! - Monktadir (928 932) les manichéens chu mn de l’Irak, ils s’Installèrent particulièrement à Samarkand, où l’iman orthodoxe de Babylone établit s. » résidence. Vers l’an 1000, 1a masse de la population de cette ville adhérait aux dogmes dualistes. Et dans i.i seconde moitié da icne siècle, un écrivain de la même région Ahon’l Fath Mohammed ach Sharastanl, . Sharistan, petite ville du Khorassan, savait que ikites. ou discipli s de Maxdak résidaient dans le p.i>s d’Ahwaz, puis pins à l’est dans les réglons de Fan, et de Shahroiour, et finalement aux environs te Samarcand t rransoxlane).

Dès le temps des Sassanides, les rurcs occidentaux s étalent installes dans les mêmes contrées. A la On du vie siècle. Us établirent leur suprématie an sud et

I l’ouest de l’Oxus. sans doute, un grand nombre d’entre eux adoptèrent Ils le manichéisme. En tout m débul du vine siècle, un de leurs chefs, Tl-cho M Tes le Borgne devait contribuer à répandre en < bine la religion de Manl.

Dans l’empire chinois. A ce moment, le inaniehéhune n'était pas inconnu dans le Céleste Empire, si l’on peut ajouter foi au témoignage d’un compilateur chinois du xme siècle, suivant qui le premier livre de Manl fut introduit en Chine eu 694. En 71'.', un manichéen île marque fut envoyé au souverain de la Chine par le chef turc TVcho : iGet homme est d’une sagesse profonde, écrivait ce dernier au sujet de son ambassadeur. Il n’est aucune question à laquelle il ne sache rvpondrc. J’espère humblement que l’empereur, dans >nté. le fera appeler auprès de lui et l’interrogera en personne sur l'état dis choses chef votre sujet, ainsi que sur nos doctrines religieuses. I. 'empereur reconnaîtra que cet homme a bien de réelles capa cites. Je souhaite et je demande que, par ordre de l’empereur, il soit subvenu à son entretien et en même temps qu’on établisse une église pour qu’il s’y acquitte du culte prescrit par sa religion. iChavannes et l’elliot, I ans le Journal asiat., 1913, X [ sér., t. i, p. 152-153. En 732. un édit impérial autorisait la pratique du manichéisme tout en réprouvant ses doctrines.

I Dans l’Asie centrale. - De la Chine, le manichéisme pénétra jusque chez les Turcs septentrionaux.

Certains de ces derniers, les Ouïgours. venaient de fonder en Mongolie un grand empire qui s'étendait de l’Ui au Fleuve Jaune, et des rives de l’Orkhon aux montagnes du Thibet. Le 20 novembre 762, leur souerain ou qighan, mettant à profit des intrigues de palais auxquelles venait de donner lieu la brusque

rit ion de l’empereur Hiuan-tsong et de son

iils Sou-Tsong. traversa le Hoang-ho. s’empara de I o-Yang. et s’y installa durant plusieurs mois. Or. il rencontra dans cette ville des missionnaires manichéens qui l’initièrent à leur foi et qui lui Cirent connaître leurs livres saints.. I'. Alfaric, op. cit., p. 81. Une inscription découverte à Karabalgasoun, en Mongolie et rédigée en chinois, en turc et en soghdien, nous apprend ce que furent les résultats de la prédim manichéenne dans le royaume des Ouïgours. l 'n édit du souverain, raconte cette inscription, publia i i proclamation suivante : Cette religion est subtile et merveilleuse. Il est difficile de la rerevoir et de l’observer. Par deux fois et par trois fois, avec sincérité. ii ét udiée). Autrefois j'étais ignorant et j’appelais l'.uddha des démons : maintenant J’ai compris le vrai et je ne veux plus servir fo s faux dieux)… que toutes s du démon, sculptées ou peintes, soient entièrement détruites par le feu… et qu’on reçoive le religion de la lumière. Cf. E. Cha vannes et P. l’elliot, dans le Journal asiat., Inc. cit., p. 193 : G. Sel legel, l)ie chinesischr ln^chrift au/ dem uigurischen lienkmal in Kura Halgassun, dans les Mémoires de la Société linno-ongrienne, Helsingsfors, 1896 ; F. W. K. Mûller.

Ein tranisches Spræhdenkmal mis det nordltchen Mongolie, dans les Sitzungsberlchte de i académie des

Sciences de Berlin, 1909, p. 726 730. En peu <le temps.

tout le royaume oulgour se trouva converti a la religion de Manl.

Mais ce royaume manichéen n’eut qu’une dune éphémère. En 840, les Kirghiz en détruisirent la capl

taie et s’empalèrent de sou souverain, 1 es tribus turques qui le constituaient se dispersèrent et reprirent leur existence Indépendante. Le manichéisme ne dis

parut pourtant pas de la région. Parmi les États qui se constituèrent sur les ruines de l’empire OUfgOUr, un certain nombre restèrent lidèles aux doctrines de

Manl : En 951, ceux de Kan tchéou, envoyaient en ambassade auprès du gouvernement chinois un groupe

d'ÉlUS charges de divers présents. I>i ans plus tard,

ils faisaient également parvenir à l’empereur tout un

stock d’objets précieux, dont plusieurs avaient été

offerts par des maîtres manichéens. Vers le même

temps, ceux de Kao-Tchuiig. les Toqouz-Oghouz OU ToghOUZgOUZ, qui étaient de tOUSlesplUS puissants el les mieux organisés, gardaient dans l’ensemble la doctrine de Manl… En 981 et 984, un envoyé chinois. visitant leur royaume, y signalait la présence de temples manichéens. Plus tard encore, un voyageur arabe faisait observer que les disciples de Mani y subsistaient toujours, et que, dans la capitale, ils formaient même la majorité. » P. Alfaric, op. cit., p. 80. C’est précisément dans la région habitée par les Turcs Ouïgours, à Tourfan, à Chotso (Khotscho), à Touenhouang, qu’ont été retrouvés les textes manichéens dont nous avons déjà parlé, et qui témoignent de l’influence, exercée par la religion de Mani sur les habitants du pays.

5e Régression, puis disparition progressive du manichéisme. — Les conquêtes du manichéisme en Chine et chez les Ouïgours marquent le terme de cette prodigieuse expansion. La religion de Mani, après s'être répandue dans toute l’Asie centrale, ne devait pas s’y maintenir. De bonne heure, elle fut persécutée par les autorités civiles et contredite par les théologiens ou les philosophes : en face d’attaques menées avec vigueur et persévérance, elle se montra impuissante à résister. En Perse d’abord, les mazdéens ne cessèrent jamais de poursuivre de leur haine un culte qu’ils avaient déjà condamné en la personne de son fondateur. Sous le règne de Chosroès I" (531-570) 80 000 manichéens dit-on, furent mis à mort : le roi rétablit dans ses États le culte du feu, et proscrivit les discussions, les controverses et les querelles religieuses.

Les musulmans ne se montrèrent pas plus favorables aux théories dualistes. La plupart des califes ordonnèrent des poursuites contre le manichéisme, ou tout au moins ne laissèrent à ses adeptes qu’une existence des plus précaires. Devant ces attaques, les manichéens perdirent très vite du terrain : vers la fin du x 1 e siècle, An-N’adim écrivait : Dans les pays de l’Islam, ils sont peu nombreux. Dans la ville du salut (Bagdad), sous le gouvernement de Mu’iLz ad-I feula, j’en ai connu environ 300. Actuellement, on en trouverait dans l’endroit à peine plus de cinq. Ces manichéens s’appellent les Adschari. Ils vivent dans les bourgs de Samarcand, de Sogd, et surtout à Nounkat. » Fliïgcl, Mani, p. 106 In peu plus tard, liirùni écrivait de même au sujet des manichéens : » Il ne reste que quelques petits débris de ses partisans, qui se réclament de lui. Ils sont dispersés en divers endroits. On ne trouve pas un seul lieu dans le pays de l’Islam, où ils forment l’ensemble de la population, en dehors de la communauté de Samarcand ou ils sont connus comme sabéens. Pinini. Chronologie, trad. Sachau, p. 191.

Eu Chine, la campagne antimanichéenne a commencé plus tard que dans les pays soumis a l’Islam.