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MANICHÉISME, SOURCES MANICHÉENNES


1910 ; Id., Dr. Sir in' s lurkisli Khuastuani/t front Tuenhuang, being a confession prayer of the manichæun Auditorrs, dans le Journal of the royal asiatic Society, 1911, p. 277-314.

Le document se divise en 15 sections numérotées, dont chacune concerne un genre spécial de fautes. Les disciples de Mani s’accusent des péchés qu’ils ont commis : « 1. en reniant Zervan, le bien suprême, ou son (ils Khormutza, l’adversaire de Smnu ou du démon ; 2. en offensant le Dieu du soleil et de la lune, dont la vigilance recueille les bons éléments tombés au pouvoir des puissances mauvaises ;.'5. en s’allaquanl à ces débris de la substance spirituelle qui animent les diverses parties du monde matériel ; 4. en méconnaissant les Bourkhans ou envoyés du ciel et les Élus, chargés de continuer ici-bas leur œuvre salutaire ; 5. en torturant les cinq genres d'êtres vivants, hommes, quadrupèdes, volatiles, poissons ou reptiles, dans lesquels l'Être divin demeure emprisonné ; 6. en commettant un des dix genres de péchés auxquels on peut se laisser entraîner par pensées, paroles ou actions ; 7. en adoptant de fausses croyances ou en pratiquant des rites diaboliques ; 8. en négligeant les deux principes, les trois moments ou les quatres sceaux ; 9. en enfreignant les dix commandements qui règlent l’usage de la bouche, du cœur, de la main ou de l’ensemble des organes ; 10. en ne s’acquittant pas, comme il convient de la louange qui est due à Zervan, aux dieu du soleil et de la lune, à l’esprit puissant et aux Bourkhans ; 11. en ne distribuant pas aux Élus les sept aumônes prescrites par la loi pour la libération des éléments divins ; 12. en n’observant pas fidèlement les cinquantes jeûnes annuels ; 13. en n’assistant pas aux oraisons du lundi où se fait la confession des péchés ; 14. en ne sanctifiant pas les mois de la pénitence par de bonnes œuvres ; 15. enfin, en se laissant aller à toutes sortes de négligences quotidiennes, dans les pensées, dans les paroles, ou dans les actes. » P. Alfaric, op. cit., t. ii, p. 134, 135.

2. Hymnes.

Nous savons que les manichéens possédaient des recueils d’hymnes : saint Augustin parle à plusieurs reprises d’hymnes, de psaumes et de cantiques qu’il a connus du temps où il était lui-même manichéen, et qu’il chantait dans les assemblées, De mor. min., 55 ; Enarr. in Psilm. 140, 12 ; Cont. Faust., xin, 18 ; Conf., iii, 14, P. L., t. xxxii, col. 1369 ; t. xxxvri, col. 1823 ; t. xlii, col. 293 ; t. xxxii, col. 689.

Deux feuillets d’un recueil ouïgour d’hymnes manichéennes ont été retrouvés à Tourfan. Le premier de ces feuillets est une sorte de préface, qui raconte comment fut entreprise la collection des hymnes, et comment elle fut poursuivie après une longue interruption ; le second, intitulé : Commencement des chants, donne les titres d’environ 200 hymnes liturgiques réparties en quatre séries : prières pour les morts, invocations pour les vivants, chants de louange, psaumes de pénitence (?). Cf. F. W. K. Millier, Ein Doppelblatt aus einem manichàischen Hymnenbuch, (Mahrnamag), dans les Abhandlungen de l’Académie des Sciences de Berlin, 1913 ; P. Alfaric, op. cit., t. ii, p. 126-132. D’autres fragments d’hymnes, plus ou moins importants, mais qui semblent d’origine assez récente, ont encore été retrouvés à Tourfan, et publiés surtout par F. W. K. Mùller, Handschiften Reste in Estranghelo Schrift aus Turfan, Chinesiseh-Turkistan, dans les Abhandlungen de l’Acad. des Sciences de Berlin, 1904.

3. Le traité de Touen-houang.

On a déjà signalé ce traité dogmatique, retrouvé naguère dans la grotte de Touen-houang et aujourd’hui conservé à Pékin. Cf. supra, col. 1850. Ce traité se présente comme l'œuvre commune d’Ato, qu’il faut probablement identifier à Addas, et de Mani.

I. Fragmenta liistoriques. - — Un certain nombre des morceaux retrouvés en Asie Centrale doivent provenir d’ouvrages historiques.

Deux fragments de Tourfan, F. W. K. Mùller, Handschriften Reste, p. 80 sq., racontent des épisodes de la vie de Mani. Sans doute était-ce à la vie de Mani qu'était aussi consacré YArduvijt, dont le titre se retrouve sur un catalogue d'écrits manichéens provenant aussi de Tourfan. C. Saleman, Ein Bruchstûck manichàischen Schrifttums im asialischen Muséum. dans les Comptes rendus de i Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1904. Peut-être quelques fragments publiés par F. W. K. Mùller, op. cit., p. 86-92, proviennent-ils de VArdauift. V. Alfaric, op. cit., t. n. p. 86, 87.

D’autres morceaux racontent l’apostolat d’un certain Mar-Amou dans les régions de l’Oxus ; ils faisaient partie d’un livre historique relatif à l’une des principales sectes manichéennes. Ces morceaux ont été publiés par F. W. K. Mùller, op. cit., p. 30, et par A. von Le Coq, Tùrkische Manichùica aus Chotscho, i, dans les Abhandlungen de l’Académie de Berlin, 1912 ; cf. P. Alfaric, op. cit., t. i, p. 33 ; t. ii, p. 88, 89.

Nous achevons ainsi l'énumération des sources proprement manichéennes. Écrits authentiques de Mani et œuvres des fidèles manichéens ont constitué une importante littérature qui exposait les doctrines de la secte, faisait connaître sa liturgie et racontait son histoire. De toute cette production, nous ne possédons plus que de rares fragments. Les mesures de persécution dont les livres manichéens ont de bonne heure été la victime n’expliquent que trop cette disparition presque complète. Il suffira ici de marquer les principales de ces mesures.

En Occident, dès 287, une loi de l’empereur Dioclétien, portée à la requête du proconsul d’Afrique. Julien, condamnait au feu les organisateurs et chefs du manichéisme, avec leurs abominables Écritures. Cod. gregor., t. XIV, tit.iv. Durant tout le ive siècle, le manichéisme ne cessa d'être poursuivi parles empereurs chrétiens. Au ve siècle, le pape saint Léon fit brûler les manuscrits des manichéens, dont de grandes masses avaient été saisies. Prosper, Chronicon, P. I… t. li, col. 600. Sous le pape Gélase (492-496), on brûla de nouveau les manuscrits manichéens devant les portes de la basilique de Sainte-Marie. Mêmes exécutions devant les portes de la basilique constantinienne sous les papes Symmaque et Hormisdas. Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 270 sq. Le Décret de Gélase condamne nominativement VËpltre du Fondement et le Trésor, ainsi que les opuscules de Faust e de Milève. P. L., t. lix, col. 162. A partir du vr » siècle, il n’est plus question d'écrits manichéens dans les pays latins.

En Orient, la littérature de la secte mit plus de temps à disparaître. Justinien dut porter contre elle et contre ses détenteurs le décret suivant : « Nous décrétons que si quelqu’un, ayant des livres qui professent l’erreur absolument impie des manichéens ne les montre pas pour les faire brûler et disparaître entièrement, ou si quelqu’un, sous quelque prétexte que ce soit, se trouve garder chez lui ces sortes de livres, il subira un semblable châtiment (c’est-à-dire la mort). > Cod. Justin. I, v, 16.

En dehors de l’empire romain, les ouvrages manichéens furent poursuivis avec plus de rigueur encore. Les souverains perses de la dynastie des Sassanides firent une guerre à mort à Mani et à ses disciples, et leurs persécutions atteignirent les livres des sectaires. Les conquérants arabes suivirent cet exemple : le manichéisme ne fut pas plus toléré par les princes Abassides que par les souverains de la Perse. Dès le