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chrétiens comme cause occasionnelle de la dlspensation des grâces dl Inès

Doctrine sur le Verbe incarne. Nous touchons ni.m point central de la doctrine, au nœud vital d » ' toute l’oeuvre. De purs philosophes ont reconnu eux-mêmes que la théorie de l’Incarnation domine et commande toul ce système phllosophlco-théolo gique. El il nous semble bien pouvoir ajouter que c’est la l'élément supérieur qui en rail la beauté principale.

Et d’abord, comment se pose pour Malebranche la question de l’incarnation I Noua avons vii, a propos de la déchéance consécutive au péché orl ginel, comment il comprend le rôle que le Christ est appelé a jouit comme rédempteur. Mais la fonction rédemptrice est-elle la cause unique et adéquate de stence du Christ ? En d’autres termes, est-ce seulement le péché d’Adam qui a attiré le Verbe Incarné en ce monde et décidé le erbe a s’incarner ! Voilà le problème, il était Inévitable que notre philosophe le posât. En l'île t. s il admet, comme Descartes, que la recherche « les causes finales est inutile dans l’ordre physique, a la connalsance duquel doit suffire la déterminât ion des causes efficientes, il professe, a rencontre de Descartes, que cette recherche est

nécessaire dans l’ordre moral et religieux, c’csl-a dire « somme dans l’ordre spirituel, ou tout dépend

Intentions et des volontés divines, et comme de

l’attitude de Dieu lui-même. Or. dans cette enquête SUT les causes linales appliquée au eas particulier de l’incarnation, deux considérations vont exercer une

Influence décisive sur la pensée « le Malebranche.

D’une part, il a une très haute idée de l’obligation « m est Dieu de se procurer par son ouvrage une gloire aussi éclatante que possible. D autre part, il a un vif sentiment de l’abîme insondable et vraiment Infini qui sépare de Dieu le monde créé. Dès lors. seule l’incarnation du Fils de Dieu, intervenant pour tirer l 'univers de son état profane, pourra lui conférer une dignité" capable de fournir une justification rationnellement valable de l’acte créateur.

Un passage du éclaircissement sw la Recherche de la Vérité résume bien la pensée de Malebranche rd.. sj Dieu, y est-il dit, a fait ce monde visible, quoique indigne en lui-même, de l’action par laquelle il est produit, c’est qu’il a eu des vins qui ne sont pas connues aux philosophes <-t qu’il sait s’honorer lui-même en JéSUS-ChrisI d’un honneur que les créatures ne sont pas capables de lui rendre. > De là* la haute convenance pour Dieu de poser l’incarnation de son Fils comme le premier et le principal insi. l’univers se trouve

sanctifie par l’Homme Dieu et subsiste dans I Homme-Dieu. C’est pur lui et /unir Lui que toutes choses ont été faites.

Telle est. ramenée a ses données fondamentales. la conception a laquelle Malebranche tend spontané ment à se rallier. Mais, dans cette matière qui lui tient cependant tant a cœur, il fait preuve d’une prudence dont il n’est pas toujours coutumier. Il a pleine conscience de l’extrême '_ : r.i it < du problème <ru’il S’applique a résoudre. Et, visiblement aussi. il apporte dans l’examen de ce problème un souci constant d’orthodoxie.

I 'abord, il tient un compte exact de la place qu’occupe l’incarnation rédemptrice dans la tradition théologique de l’Eglise. Et il professe que la rédemption j joué un rôle capital dans la réalisation historique du mystère du Verbe incarné. Il se garde bien de déclarer que l’incarnation, en soi et absolument, est nécesII déclare que, sans le péché, l’incarnation n’aurait peut-être pas eu lieu : mais il pense en même lemps que, dans ce cas. hVerbe aurait sans doute,

cherche et UttUVé un.ni t itmoyen de s’unir a l’uni

vers Pour fane néanmoins admettre ses vues, Il i.ui Intervenir une distinction Juste et opportune

entre l’ordre des décrets ihms et l’ordre des ee

nements visibles, entre l’ordre de la finalité et l’ordre de l’exécution. Du point de vue de la concep

lion et de la décision souveraines du Créateur, l’incar nation apparaît dans un relie ! qui la plaie au premici plan ; du point de vue île la manifestation du dessein

de Dieu dans les laits accomplis sous nos cux. la

rédemption tient le premier rang et s’impose à notre attention comme si elle était le premier article du programme divin, c’est pourquoi Malebranche se borne finalement à dire que la rédemption n’est

sans doute pas la cause unique de I incarnat ion. le Verbe Incarné est quelque chose de plu* qu’un pur Rédempteur.

Ce sont la d’utiles et louables réserves de doctrine

et précautions de langage. Mais enfin, quand il suit

le mouvement naturel et l’inspiration surnaturelle de sa pensée, le grand religieux de l’Oratoire, le fidèle disciple de Bérulle retrouve, sans le savoir, les Idées de

1 >uns Sent et en revient toujours à sa vision magnifique d’une incarnai ion qui est au principe et qui subsiste au centre de tout, (/est cette incarnation domina triée qui sert de clef de voûte à l’immense architecture de l’univers. Si la chose était possible, nous pourrions multiplier les citations qui mettent celle thèse en évidence et qui la soutiennent dans des termes d’une rare élévation. Produisons du moins un texte emprunte au Y° entretien des Conoersations élue tiennes. Le premier dessein de Dieu, écrit Malebranche, a été l’incarnation de son Fils, c’est pour lui que nous sommes faits, quoiqu’il se soit incarné pour nous. Nous sommes faits à son image, car il est homme dans le dessein de Dieu avant qu’il y eût des hommes. Dieu nous a élus en lui avant la création du monde. Comme Dieu a loul fait par lui, il a aussi tout fait pour lui. Car, .lésus Christ est cet homme pour lequel Dieu a tout fait. Il a été prédestiné pour être le chef des anges et des saints, des anges qui sont avant les saints. Mais il était avant tous dans le dessein de Dieu, car les membres sont faits pour le chef et non le chef pour les membres. » Voilà, dans toute son ampleur, la pensée prof onde de notre philosophe sur l’Incarnation. Quel jugement en doit-on porter ?

Derrière la thèse de.Malebranche. il y a les idées que voici. Le plan divin, qui préside à tout le déve loppement de l'œuvre créatrice, ne peut pas être

un composé de pièces et de morceaux. Ce plan ne peut pas comporter des surprises qui nécessitent des reprises. Dieu ne saurait être assimilé à un architecte qui, ayant manqué son coup, restaure son édifice par des expédients ou les délicatesses de l’amour ne suffisent pas à mas [uer les défaillances de la sagesse. On peut les ramener aux deux énoncés suivants : 1° Tout a été prévu de toute éternité et tout fait partie d’un plan unique, simple et concordant ; 2° Le principe délerminateur de toutes les lignes tracées dans ce plan et de tous les événements isus de cet archétype esi l’incarnation du Fils de Dieu. - Au-dessus de toutes les contingences de l’histoire, il faut donc envisager le décret éternel par lequel Dieu a résolu de réunir toutes choses dans notre divin Chef, l’Homme-Dieu, prédestiné avant tous les temps pour être le fondement, l’architecte, la victime et le souverain prêtre du temple spiril uel que la majesté divine habitera éternellement.

Ces vues peuvent se réclamer de lies hautes auto rites. Malebranche a probablement pour lui saint

Jean, il a certainement pour lui saint Paul, il a poui lui certains Pères qui ont combattu plus directement