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MALEBRA NCHE, ÉCR I I 1778

règlements de son Institut, que Boasoet.1 il Mea défini dans son Oratson funèbre du Père Bourgoing. il régnait li alors. | la faveur de cette liberté et tout la protection du cardinal de Bertille, d’une part, une sj m pathle très nette pour la philosophie de Descartes, et, d’autre part, un attachement pour saint Augustin

efficace pour amener en général les prêtres qui entouraient lalet>ranelie à préférer Platon à Aristote. Ces deux traits du cartésianisme et du platonisme de l’Oratoire sont a noter avec soin. Ils devaient donner une orientation décisive a la pensée du jeune no iee. 1e. dégoûté de l'érudition à la suite des études igulstlque, d’exégèse et d’histoire auxquelles on lavait d’abord appliqué, il résolut de se donner tout entier à la spéculation philosophique, lue clrcons

tance fortuite allait, d’ailleurs, l’engager définitive

ment dans cette voie.

Kn 1664, l’année même où il reçut la prêtrise, Malebranche aperçut dans la devanture d’un libraire un ouvrage posthume de Descartes nui portait comme

titre : Traité et l’homme. Ce livre, qu’on aurait pu croire philosophique, n'était en réalité qu’une étude de physiologie. Ceci encore est a noter : car il n’est

pas Indifférent que ce soit une œuvre de pure science

qui ait provoqué le déclenchement de la vocation métaphysique de Malebranche. Il acheta le livre, le lut avec passion, et en conçut pour Deseartes. jusque-là peu connu de lui. une admiration très vive. Il fut amené ainsi a étudier de près les autres ouvrages du grand philosophe qui était mort depuis quatorze ans déjà, lui même temps, et toujours en vue de comprendre parfaitement Descartes, il lit réaliser a sa connais des mathématiques des progrès rapides et considérables. Il devint ainsi un savant de grande valeur. Et la tendance mathématique de son génie a une importance capitale.

De ce travail d'élaboration sortit, à partir de 1674, une production philosophique dune grande richesse, qui répond à une activité littéraire de plus de quarante ans. Pendant cette période. Malebranche fut engagé dans de nombreuses polémiques. Il eut à lutter successivement : contre un chanoine de Dijon, du nom de Foucher. dont la critique d’ordre général aboutit à un accord ; contre le jésuite Louis le Valois, qui l’accusait de compromettre le dogme de la transsubstantiation ; contre Arnauld. d’abord ami et admirateur.puis adversaire irréductible ; contre Bossuet, qui fit échec.1 sa doctrine de la grâce, mais dont il eut ensuite la joie de conquérir et de retenir l’amitié ; contre Leibniz, qui l’amena à modifier certaines de ses vues sur les lois de la communication des mouvements ; contre Régis, qui lui opposa des difficultés partie philosophiques, partie scientifiques : contre Pénelon, mécontent de lui voir désavouer la doctrine du pur amour que lui prêtait gratuitement le bénédictin dom Qernard Lamy ; contre la Compagnie de Jésus, à prodes méthodes d’enseignement de certains de ses missionnaires en Chine ; enfin contre Boursier, relativement à la question de la prémotion physique.

La fin de cette dernière polémique nous conduit presque jusqu'à la mort de Malenranche qui survint le 13 octobre 171"). Il s'éteignit paisiblement dans la maison professe de l’Oratoire, située rue Saint ! lonoré. Il ne l’avait guère quittée au cours de sa vie que pour chercher de temps a autre, hors de Paris, des retraites mieux protégées encore contre les bruits du monde. Pendant les derniers mois de son existence, il édifia tout le monde par les manifestations de sa vertu chrétienne et de sa piété sacerdotale, et il ébonna ceux qui l’entouraient de plus près par la lucidité d’esprit avec laquelle, jusqu’au bout, il s’intéressa en savant à tous les détails de l'évolution du mal qui l’emportait. IL Écrits pnncaPAUX. - Voici les principaux

DICT. DE TIII.OI. CATH.

ouvrages de Malebranche. el.isses’d’après leur onlic

de publication. 1° De la Recherche de la Vérité, Paris, 1674 1675 ; Éclaircissements sur la Recherche de la Vérité, Paris. 1678. '-" Conversations chrétiennes, Paris. 1678. 3° Traité de la nature et de la grâce, Amsterdam. 1680. i" Méditations chrétiennes, Colo gne, 1683 i « Traité de morale, Rotterdam, 1684.> — o" Entretiens sur la métaphysique, Rotterdam, 1688. 7 l’raii< : de la communication des mouvements, Paris. 1692. - S" Traité < ! < l’amour de Dieu, Lyon, 1697. — 9° Entretien d’un philosophe chrétien arec un philosophe chinois. Paris. 1708. 10° Réflexions sur la prémotion physique, Paris, I71.V

1° Premier en dale des écrits de Maleliranche. la Recherche de la Vérité reste aussi a certains égards le plus important. Il lait assister à la genèse de la pensée du philosophe. Il prétend apprendre aux hommes a se garder, non seulement des erreurs individuelles qui sont le résultat d’une faute, mais encore des erreurs

spécifiques qui sont la conséquence de la spontanéité.

lui effet, les informations qui proviennent de l’exercice de nos facultés et des mouvements de notre sen sibilité sont à critiquer et à interpréter. Il faut éviter

de leur attribuer une signification et une portée qu’elles n’ont pas. haute de les ramener à leur valeur exacte, on se trompe inévitablement. D’où cinq sources d’erreurs possibles : les sens, l’imagination, l’entendement, les inclinât ions et les liassions. L’erreur écartée, il faut suivre des règles précises pour atteindre la vérité. Ces règles constituent une méthode générale dont Malenranche s’applique à formuler les principes. Il attribue aux mathématiques, pour la formation de l’esprit, une importance considérable et certainement excessive. Dans le métaphysicien qu’il a été, le géomètre ne perd jamais ses droits. Ce qui est à retenir, c’est que, cent ans avant Kant. il a institué une critique de la connaissance humaine d’une pénétration et d’une hardiesse remarquables.

2° Les Conversations chrétiennes, qui se développent à travers dix entretiens, sont d’intention apologétique et de caractère religieux. L’auteur y expose ses idées sur l'état initial de justice, sur la déchéance consécutive au péché, sur la restauration opérée par le Rédempteur. Il met en relief la valeur historique des Livres saints et le caractère purement figuratif des promesses de l’Ancienne Alliance. En insistant sur le rôle provisoire et symbolique du judaïsme, il propose une exégèse des prophéties qui rappelle à certains égards celle de Pascal. Mais surtout il expose en termes à la fois prudents et très beaux sa thèse maîtresse sur l’incarnation dans laquelle il voit la cause finale de toute la création.

3° Il n’est pas besoin de dire sur quoi porte le Traite de la nature et de la grâce. Observons seulement que toute la raison d'être de cet écrit est la préoccupation d’appliquer à l’ordre surnaturel la doctrine des causes occasionnelles. Toujours hanté par l’idée d’ordre, toujours soucieux de régularité implacable, Malebranche veut qu’il y ait symétrie parfaite entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel : c’est ce qu’il essaye d'éta blir dans le premier discours du traité. Le seria.it parle de la dispensalion effective des deux sortes de grâce que reconnaît l’auteur : la grâce de sentiment ou grâce du Rédempteur et la grâce de lumière ou grâce du Créateur. Le troisième discours montre comment s’allient l’exercice de la liberté et l’efficacité de la grâce.

1° Conçues a la facondes III' et I Y" livres de 17/// ; talion de Jésus-Christ, les vingt Méditations chrétiennes supposent que l’homme en quête de la vérité s’adresse directement au Verbe incarné pour être éclairé par lui. Le Verbe, seul maître des intelligences,

lui répond avec condescendance et l’instruit de ce qu’il

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