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M AL DON AT

MALEBRANCHE

1770

le t. m traite : du libre arbitre, de la grâce, du péché originel, « le la providence et de la prédestination, de la justice (état de grâce) et de la Justification. Les lettres, préfaces et discours, fort intéressants aussi, roulent également sur des questions théologiques. On remarquera surtout les oral iones, discours d’ouverture, qui s’attachent à définir le concept et la méthode de la théologie. On y joindra un discours inédit publié par l’rat, loc. cit., p. 555-566. Si la théologie sacramentaire de'^Maldonat n’accuse point de tendances absolument personnelles, par contre sa doctrine sur la grâce et la prédestination s’inscrit en très vive réaction contre l’augustinisme. Préoccupé surtout de combattre » les doctrines rigides du calvinisme, le théologien catholique n’hésite pas, en nombre de circonstances, à jeter par-dessus bord l’autorité de saint Augustin. Il signale avec une grande netteté que le docteur d’Hippone, emporté par l’ardeur de la lutte, a dépassé sur plus d’un point l’enseignement traditionnel. Aux solutions apportées par lui, Maldonat, préfère la doctrine plus douce qui fut toujours courante dans l'Église grecque. Comme Richard Simon le dit, non sans quelque malice : « Ce docte jésuite semble avoir pris plaisir non seulement à combattre les sentiments de saint Augustin, mais aussi à attaquer de dessein formé les explications, que ce Père a données à plusieurs passages de l'Écriture, comme s’il les avait inventées pour réfuter plus facilement les pélagiens… Maldonat qui avait à combattre les calvinistes de France, jugea que saint Augustin n'était plus guère de saison. » Biblioth. critique, t. iv, p. 73, 74. — 6° En 1605, François de la Borie, archidiacre de Périgueux, donne à Paris : Traicte des Anges et démons, du R. P. Maldonat, jésuite, mis en français par maistre François de la Borie, aussi à Rouen, 1615, Paris, 1617, Rouen 1619. Voir la préface latine, inédite dans Prat, loc. cit., p. 567-572.

Les jésuites de Pont-à-Mousson avaient eu l’intention, au début du xviie siècle, d’entreprendre une édition nouvelle de la théologie de Maldonat ; ils eurent à leur disposition, un cours de théologie complet qui doit être identifié avec un ms. de la Bibliothèque nationale, fonds Saint-Germain, n. 12 334. Mais ce projet ne fut pas mis à exécution. — Richard Simon, qui estimait singulièrement Maldonat et avait en mains plusieurs mss. de ses élèves, avait aussi dessein d’en publier quelques inédits : il n’y réussit pas. On trouvera dans la Bibliothèque critique, t. i, c. vi, édit. d’Amsterdam, 1708, p. 56-89, une analyse très détaillée d’un traité sur la Trinité, qui est extrêmement suggestif et constitue comme une première esquisse des Dogmata theologica de Petau. — En 1604 enfin, le P. Martin Codognat, minime, donna une somme de cas de conscience, empruntée, disait-il, à l’enseignement de Maldonat : Summula R. P. J. Maldonati, Andalusii, theologi S. J., cuilibet sacerdoti con/essiones pœnitentium audienti scitu perutilis, in-12, Lyon, 1604 ; Cologne, 1604 ; Vienne, 1604, dont il parut aussi deux éditions en français, Paris, 1607, Rouen, 1614. Ce livre très imparfait fut condamné à Rome par décret du 16 décembre 1605. — Au point de vue scripturaire les Commentarii in præcipuos S. Scripturæ locos Yeteris Testamenti, publiés à Paris, 1643, in-fol, n’ont guère plus de garantie d’authenticité.

Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la République des lettres, t. xxiii, Paris, 1733, p. 160-179 (résume et met en ordre les données de ses prédécesseurs : Allegambe et Sottvel, E. du Pin, Bayle et autres) ; J. M. Prat, Maldonat et l’Université de Paris, Paris, 1856, monographie considérable, gâtée a certains endroits par un peu de partialité ; Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. v, col. 403-412 ; Hurtcr, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 241-246. — Sur Maldonat à Pont-à-Mousson, voir

J". Martin, L’unioersiti de Pont-à-Mousson, Paris-Nancy,

1X91.

É. Amann.

MALEBRANCHE Nicolas (1638-1715). Malebranche est considéré a juste titre comme un auteur qui appartient à l’histoire de la philosophie. Ce qui domine visiblement chez lui, c’est, en effet, la préoccupation et la faculté métaphysiques. Mais, en construisant et en développant sa doctrine philosophique, ce grand métaphysicien n’a jamais consenti à faire abstraction de sa foi religieuse. Lans le système qu’il a élaboré, l'élément tiré de la raison et la donnée fournie par la foi sont mêlés d’une façon si intime que la fusion qu’il opère de l’un avec l’autre n'évite pas toujours la confusion. Animé d’un tel esprit, il a été amené à faire appel dans ses écrits aux vérités les plus capitales du dogme catholique. En fait, il a traité de matières essentiellement théologiques qui se trouvent incorporées à son œuvre philosophique d’une façon indissoluble. ii, allie dans sa pensée le point de vue du croyant et le point de vue du philosophe, de telle sorte qu’il serait vain d’essayer de les séparer pratiquement l’un de l’autre. Les dictionnaires qui n’ont pas de prétention spéciale à la rigueur de l’esprit critique n’ont donc pas tout à fait tort de présenter Malebranche au public comme un « philosophe et théologien français ». Il semblerait qu’il dût suffire d'étudier ici les éléments théologiques de l'œuvre de Malebranche. Mais le caractère même pe cette œuvre, telle que nous venons de la définir s’oppose à tout procédé d’exposition qui ferait abstraction de sa philosophie. Car cette philosophie conditionne sa théologie. Force nous est donc d’en donner un aperçu. Xous essayerons, en conséquence, de dissocier la philosophie et la théologie de Malebranche. Voici l’ordre que nous suivrons dans l'étude de l'œuvre de Malebranche. — I. Esquisse biographique. IL Principaux écrits par ordre chronologique de production (col. 1777). III. Éléments essentiels de sa philosophie (col. 1780). IV. Idées maîtresses en matière théologique (col. 1790). V. Rapports de la philosophie et de la religion (col. 1799). VI. Vue d’ensemble sur l'œuvre et le rôle de Malebranche (col. 1802).

I. Biographie.

Nicolas Malebranche naquit à Paris, le 5 août 1638, et il mourut également à Paris, le 13 octobre 1715. A quelques jours près, ces dates coïncident avec celles de la naissance et de la mort de Louis XIV. Il était le dernier des nombreux enfants de Nicolas Malebranche, secrétaire du roi, qui avait été sous Richelieu le seul trésorier des cinq grosses fermes, et de Catherine de Lauzon, dont un frère fut vice-roi du Canada, intendant de Bordeaux, puis conseiller d'État. Non seulement il était de complexion faible, mais il présentait encore une conformation défectueuse. Ses parents relevèrent chez eux. Il ne sortit de la maison paternelle qu'à seize ans, pour suivre au collège de la Marche les leçons de philosophie d’un zélé péripatéticien, M. Rouillard. Il ne fit jamais grand cas de l’enseignement qu’il reçut de la sorte. Comme il était bien décidé dès lors à recevoir les ordres, il fit ensuite sa théologie en Sorbonne sans ressentir beaucoup plus de satisfaction. Mais les choses vont changer pour lui avec son entrée dans la Congrégation de l’Oratoire, qui eut lieu le 18 janvier 1660.

Il allait en effet trouver là un milieu très favorable au développement d’une nature comme la sienne, portée au recueillement de l'âme et à la concentration de la pensée. En somme, le méditatif qu’il était déjà rencontrait déjà aussi des conditions d’existence appropriées à ses goûts et à ses aptitudes. La vie retirée et laborieuse des oratoriens lui convenait à merveille. Il appréciait également le caractère libéral des