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MAH0MÊT18ME, LE BABISME

I

que incertaine, qui était primitivement abàdite

et dont l’enseignement peut être appelé antlmahonétan, car il annonçait un prophète persan qu abolirait la loi île Mahomet pour y substituer la sienne. .nsidérant 'Adl comme le prophète annoncé, en nélant ensuite à ce compromis musulman « I autres nts païens, comme les Nousnîris en Syrie, les Kurdes de lare-ion de Mossoul constituèrent ce groupe qui se déclare lui-même non musulman. Il a pour symbole un véritable fétiche : l’ange paon qui est titué par une sorte Je fût de chandelier surmonte d’un coq dore. Us ont l’horreur île la couleur lieue ; on Ignore pourquoi. Us ont une organisation qui rappelle celle îles confréries île où lis. leur khalife est le descendant de *Adt. Le tombeau de ce dernier est un but de pèlerinage : on entretient tout autour des feux perpétuels de naphte et de bitume. Leur culte se rattache très probablement au culte du feu de la Perse antique, avec survivar.ee de quelques souvenirs du polythéisme assyrien (Huart).

3° La Perse a vu naître au siècle dernier une re le Bâbisme, qui s’est de notre temps pro] jusqu’en Europe et en Amérique sous la forme nouvelle du Béhaîsme. Nous ne pouvons la passer sous silence.

.-.s avons vii, col. 1603. que le niahdisme s était en quelque sorte cristallise dans le douzième imam ru vers 265 de l’hégire t.S7'J). Or, il y avait en l’erse une sorte de millciiarisme qui annonçait le retour de cet imàni aux environs de l’an 1265 (1849). C’est sous la forme de Mirzà 'Ali Mohammed, ne en 1812, qui se donna le titre de BAb « porte » en vertu de cette parole de Mahomet : « Je suis la ville de la science et 'Ali en est la porte. Depuis, chaque imam avait été cette porte et ce nouveau personnage, incarnant le dernier, l'était à son tour. Sa doctrine, énoncée en termes assez obscurs dans son Bayûn (le Coran babi) est fortement teintée dismaïlisme : elle en dilïère en ce que le chiffre fatidique y est remplace par 10, c’est-à-dire par 12+7. Ceci semble bien indiquer que le Bàb se proposait de fondre ensemble les deux mahdismes, le septlman et le duodéciman. Far son austérité, ses allures étranges, il acquit une inlluence prodigieuse sur le peuple persan et, par ses propos séditieux, inquiéta le clergé chiite ainsi que le gouvernement. Emprisonné pendant de longues années, il fut exécuté en 1819 avec quelquesuns de ses disciples. Mais la secte était fondée et lui survécut. La doctrine, d’ailleurs, avait évolue et abouti à une sorte de syncrétisme humanitaire. Le disciple qu’il avait désigné pour son successeur, Mirzà Ya va surnommé Soub -i-Ézel Matin de l'Éternité ". était un contemplatif ; la direction effective passa a son frère Mirzà I.louscm 'Ali. surnomme Baha Allah, . splendeur de Dieu., et celui-ci transforma la bàbisme qui prit alors de son nom celui de I éhâïsme. -.' l’opposition des partisans de l’ancien Bàb, la doctrine nouvelle prévalut, et, après la mort de Baba Allah, se maintint sous la direction de son fils 'Abbàs, qui prit le titre de Abdoulbahà, « adorateur du Bâhâ ce qui semble indiquer que Baba Allah fut considéré comme une divinité. En effet, l’usage musulman est de réserver, dans les noms propres de ce type, la seconde place uniquement à une des désignations de Dieu soit Allah ('Abdallah), al Qàdir, le puissant idalqàdir) ; arRahman, « le miséricordieux -( Abd ar rahmàn) etc. Mais les béhalstes contemporains se défendent contre cette interprétation, et nous devons nous en rapporter à eux.

Voici comment M. Montet expose la doctrine. Le béhaîsme n’est pas mystique, et les problèmes métaphvsiques ne sont pas l’objet de sis principales préoccupations. C’est une tendance religieuse essen L634

tiellement pratique, et les questions morales sont celles auxquelles il porte le plus vil Intérêt. I D autre trait frappant est qu’il s’adiesse a tous les hommes Bah*

Oullah écrivit non seulement au chah de Perse, mais

i la reme Victoria, au c/ar. a Napoléon 111, au pa] e.

Il demandai ! aux puissants de ce monde de renoi cet à l’Injustice, d’abolir la guerre, d'établir l’arl Iti

international, de travailler a l’union <ie tous les peuples Il est un apôtre de la paix, de la fraternité, du

rapprochement de toutes les races Sa réforme qui

laisse loin derrière die le bâbisme avec son mystlcisme panthéiste et ses théories sur les nombres sacrés, est essentiellement une religion humanitaire et universelle Dans les déclarations et les écrits de son huilier spirituel, 'Abdoul Bahft, nous retrouvons les mêmes Idées, plus larges encore si possible (émancipation de la femme, monogamie, <i" surnaturel etc.). Dans ses Moufâwadhût, < entretiens intimes —, qui ont paru presque simultanément en persan, en anglais et en français, le béhaîsme se montre essentiellement éclectique. Sur le caractère de cet apôtre en particulier le charme de sa personne et de sa conversation, tous ceux qui le connaissent il ont eu des relations étroites avec lui, ne tarissent pas d éloges et d’admiration. L’est précisément ce caractère mondial et humanitaire du béhaîsme qui explique les succès étonnants de la propagande béhaïe en Europe et surtout aux États-Unis, succès qui constituent l’un des traits les plus frappants de cette religion…

Nous voilà certes bien loin de l’islamisme et de l’ismaïlisme qui en était lui-même déjà fort éloigne. Il est assez piquant de voir cette dernière secte qui a produit la féroce doctrine des Assassins s'édulc.orer en ce pacifisme éthéré. On a vu dans le bâbisme des influences chrétiennes ; on peut y retrouver, en effet. bien des idées du protestantisme dit libéral, mais aussi de la franc-maçonnerie anglaise, auquel le béhaîsme n’est peut-être pas étranger.

4 » Il en est tout autrement de la dernière secte dont nous allons parler et qui est un vigoureux effort pour revenir à l’islam primitif dans sa patrie d origine : 1' rabie Nous v avons fait allusion quand nous avons parlé de la secte hanbalite, col. 1616. C’est à cette secte que se rattache indirectement ce qu’on appelle le Wahhâbisme du nom de Mouhammad ibn Abd al Walihàb († 1787). Ce personnage s'était particulièrement adonné à la lecture des livres du fameux l.anEuite Ahmad ibn Taïmiya (661-728 = 1263-1328 lequel s'était fait remarquer par son attachement intransigeant à la plus stricte orthodoxie, ce qui lui atUra quelques persécutions. Sans aller jusqu au dhâhirisme, il réprouvait toutes les innovations et combattait l’influence grandissante du soufisme. Son disciple tardif poussa la néophobie à l’extrême et adopta le puritanisme des premiers khândjites. 11 rejeta tout ce qui n'était pas le Coran ; il s’insurgea contre les pratiques répandues de plus en plus dans l’islam comme le culte rendu à Mahomet et aux saints personnages. Ainsi que les khâridjites, il considérait comme idolâtre méritant la mort tout musulman qui n’abandonnait pas ces pratiques. Sont aussi interdits les cérémonies funéraires, le luxe des mosquées, des tombeaux, de l’habillement, le tabac (nouveauté inconnue du Coran), le jeu. La stricte observation du Jeûne, des cinq prières quotidiennes (qui ne sont cependant pas énoncées explicitement dans le Coi la communauté des biens, sont imposées. Ses pren iirts tentatives à la Mecque échouèrent ; mais il trouva un appui au centre de l’Arabie, dans la région du Nadjd ou. avec son disciple et successeur Mou ! ammad ibn Sa’oùd, la nouvelle puissance se constitua. La petite dvnaslie étendit bientôt ses conquêtes jusqu'à Médine,