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MAHOMÉTISME, SOI NNISME, DOCTE1 l ! S IMUM.IIWI


véritable remontant régulièrement au Prophète, soit sur l’opinion de quelque jurisconsulte antérieur, que Màlik déclare être la meilleure a son sens, soll encore sur l’accord des jurisconsultes do Médlne. lui défi nltlve, ce sont des il s presque tous dus, directement ou Indirectement, au jugement personnel, étayés, d st vrai, sur une grande connaissance du droit, et il est peu probable que l’auteur s en soit si fortement repenti D’ailleurs, ne Un attribue t on pas une théorie fort iMsine du ni ;, celle qu’on appelle ou arabe . est-à-dire, l.i préoccupation, dans la solu lion dos quest ions, do {’intérêt de la communauté, théo rio commode qui peut permettre l’ion dos adoucisse séants a la rigueur dos principes. Enfin, on sa qualité d’Imam (le mot était pris dans un sens purement religieux ot excluant toute Idée de pouvoir politique), on lui reconnaît le droit à l’idjtthdd, c’est a dire, à

rcice du jugement personnel, lorsque les resso u rc es du Coran ot du hadtth sont épuisées, lois donc qu’on l’oppose a Abofl llanifa. comme partisan du huttith a l’exclusion du ni/, on exagère pour la nécessité des classifications, de la même manière qu’on exagère en attribuant la tounna uniquement a la secte qui ou a pris le nom. a l’exclusion du chiïsme ot dos autres sortes. En réalité, comme nous le venons c’est par réaction contre l’usage illimite du nii do l’école d’Aboli llanifa qu’on lui a oppose les partisans d’un usage plus modéré et. en quelque sorte, plus timide, dont quelques-uns sont ailes jusqu’à traiter Aboù llanifa de mourdjite, c’est à-dire d’hérétique.

2 l.o second docteur sounnite, ach Chdft’i est encore rattaché à l’école du hadtth. Il fut un disciple direct de Màlik. mais cependant son enseignement fut assez original pour constituer un rite nouveau encore observé presque exclusivement en Egypte ot dans l’archipel Indien.

en Palestine il"" 1 hég 767) dune famille apparentée à colle du Prophète, Mouhammad Ibn Idris ach Chafl’l nous est présenté comme un homme très remarquable par son intelligence ot sa science

re. Knfant. il s’était adonné a la connaissance de la langue et surtout des poésies arabes, mais on lui conseilla d’étudier le fiqh et, dès l’Age de 15 ans. son maître lui déclara qu’il pouvait omettre des fatiiuh. Cela se passait a la Mecque ou il était venu a l’âge de 2 ans. Bientôt il alla a Médlne ou il se mit à l’école de Mftlik qui apprécia vivement ses qualités. Il se transporta alors a Bagdhftd où il se rencontra

les partisans d’Aboù llanifa et, a en croire ses

aphes, les confondit. Cependant. il ne parvint pas à en triompher, car cet te école s’est toujours maintenue au centre de l’empire des khalifes, comme nous le verrons. Il quitta Bahgdàd pour Poust&t alors capitale de l’Egypte et. la. il fit triompher définitivement sa doctrine. Il y mourut en 2° I (819) et SOU tombeau pieusement entretenu et enrichi par la piété des musulmans est toujours un centre de pèlerinage, (/est, on peut le dire, le véritable apôtre de l’Egypte musulmane. De ses voyages, de ses contacts avec les deux grandes

s milikite et hanafite qui se disputaient l’influence, ach Chafl’l rapporta le désir de concilier les deux tendances opposées. Tandis qu Aboù llanîfa semblait ignorer la plupart des hadtth » et qui disciples les déclaraient obscurs et contradictoires, il en exaltait l’importance et grâce a sa science de la langue en faisait connaître le sens. Il semble, on un mot, qu’il ait réhabilite le hadtth. Il alla jusqu’à

rer qu’en certain cas le hadtth pouvait prendre le

(UT le Coran. C’est probablement a lui qu’il faut attribuer la théorie de I irljmù’. essence du sounnisme, comme nous l’avons vu et conséquence plus ou moins directe de la prépondérance accordée au hadtth. Màlik n’avait pensé qu’a VidfmtT de Médlne ; n

rapporte que le khalife Haroûn ai— Rachld hn ayant demandé de venir à Baghdvd et d’3 enseigner sa

trine. il répondit qu’il Valait mieux qu’il J ont une

certaine diversité d’opinions dans les différents lieux île l’islam. Ach Chafl’l, au contraire, chercha probablement a réaliser l’unité de doctrine et tut amené

ainsi a professer que cette unité avait été réalisée par

les premiers docteurs, c’est à dire les disciples directs do Mahomet. Cotait la une forte base pour une conci

liât ion générale. Ayant ainsi relevé le hadtth ci pose Vidjmâ’, il couronne son œuvre on acceptant le giyds raisonnement par analogie que patronnail l’école hanafite, mais en le limitant a la recherche de la cause’<//<i. c’est à dire do la signification originelle du

texte dont on invoque l’autorité pour juger les cas analogues. Il faut voir dans cette préoccupation le goût spécial d’ach (.hàli’î pour la philologie— et l’exacte appréciât ion dos mot s. Ainsi, furent énoncés et consi itues les quatre principes, ousoûl, du fiqh sounnite. Il y eut chez certains une forte résistance au quatrième, mais elle disparut peu à peu et. aujourd’hui, il n’en subsiste plus rien. C’est ach Chàli’î qui a donné au

sounnisme sa première forme dogmatique.

i. Il convient de s’arrêter sur la remarquable personnalité do Aboû lldiii/d, créateur de l’école rationaliste, fondateur du rile adopté par la dynastie’abbàsside et, plus tard, par les sultans ottomans, jusqu’à

nos jours. Bien que l’auteur sounnite que nous suivons ne l’ait nommé qu’en cinquième lieu, il est le premier en date des grands docteurs sounnites, et c’est lui qui a donné le branle à la doctrine.

An Nou’màn ibn Thàbit, connu sous le nom d’Aboù llanifa. naquit d’une famille non-arabe. Il semble s’être posé en champion de la résistance a l’hégémonie que les Arabes prétendaient exercer dans les choses do la religion comme de la politique. Los chiites lui ont amèrement reproché son origine : il est persan, disaient —ils, et il veut rétablir le magismo de ses ancêtres. Son but est de détruire l’islam, et c’est pour cela qu’il a inventé son système rationaliste, râi. Il aurait déclaré que la prière pouvait être dite en langue persane ou autre, ce qui scandalisa si fort les musulmans que son école dut abandonner cet le aventureuse théorie. Il savait mal la langue arabe, en quoi il différait de Chftfl’l comme nous l’avons vii, et même des sounnites le lui ont reproché. I.e fait qu’à son école, dite du râi, on oppose celle du hadtth, semble laisser entendre qu’il ignorait ou méprisait cette source du droit. A vrai dire, ses disciples ont réintégré le hadtth dans leur doctrine, et les sounnites modernes, résolus à le considérer comme un de leurs imâms cl même comme l’imâm supérieur (al a’dham ou al mou’adhdliam) affirment qu’il ne l’a pas négligé. Seulement, disent-ils. de son temps, on n’avait pas encore fait les recueils de hadtths et beaucoup étaient inconnus d’Aboù llanîfa. Prix c do leur secours, il recourut à l’interprétation personnelle dans beaucoup de cas où les autres docteurs se sont prononcés dans le sens de iadiths qui leur furent connus.

C’est ainsi qu’on l’excuse aujourd’hui ; mais il n’en fut pas de même au début. Il est peu probable qu’à cette époque on lui ait reproché de se servir (u râi. C’était trop légitime et tous les juristes d’alors j recouraient, même Màlik comme nous l’avons mi. Au IVe siècle, on comprenait parmi les partisans du râi, beaucoup de ceux qui leur ont été ensuite opposés comme partisans du hadtth, et on réservait ce dernier nom à des personnages entièrement oubliés aujourd’hui. Il est plus vraisemblable qu’on lui a reproché surtout d’avoir néglige le hadtth et do lui avoir substitué une méthode d’argumentation, qu’on a appelée le qh/iis, ou analogie.

Aboù llanifa fut célèbre par l’habileté et la subtilité