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MAHOMBTISME, LE SOI NNISM1

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'alides, 1rs hautes destinées du voyageur berbère ; mais c’est probablement une légende. Ce qui ! a de certain, c’est que Mouhamraad Ibn Toûmart revint des opinions arrêtées mit l’orthodoxie musulmane I laquelle il donna le nom de tauhtd unité qui est, en effet, le caractère particulier de l’Islam philoso phlque et fut revendiqué par plus d’une secte. Nous avons Il les Druzes se donner le nom d’Unitaires Nous en verrons d’autres prétendre. Moubammad, <le retour en Afrique, y rencontra un nommé' Abd al Mou’min dont il lit son disciple enthousiaste et qui fut le véritable fondateur de la dynastie. Il sul gagner le cceur de cous auxquels il s’adressa ; on l’a accusé d’employer les procédés les plus abominables ; il est certain qu’il était audacieux et énergique et ne reculait pas devant la violence contre ses ennemis, mais

on peut croire qu’il ne dut son empire réel mit les

âmes qu’a ses séductions personnelles, --a grande science, sa connaissance de la psychologie berbère.

peuple a ee moment subissait l’autorité de la dynastie almoravide, qu’on accusall de professer un islamisme très relâché et de pure forme. Il lui prêcha une foi plus rigoureuse et plus logique ; ses partisans virent en lui un renovateur et des astrologues prédirent qu’il était annoncé par une conjonction des deuX planètes supérieures (celle de 521 hég. 1127). qu’il serait l’homme au ilirhem (monnaie d’ar ent) carré, Enfin, il s annonça comme le Mahdi des traditions, et il se donna, ou on lui donna, une généalogie 'alide. Il mourut en."122 (1128) ; ses dix principaux disciples cachèrent prudemment sa mort pendant deux ou trois ans, puis décidèrent de choisir un souverain dans la personne de 'Abd al.Mou’min. Les tribus berbères mit longtemps gardé le culte de leur Mahdi ; elles sont convaincues que le pouvoir leur reviendra, et attendent pour cela l’arrivée du niait re de l’heure. qui n’est autre probablement que Mouliannnad ibn Toûmart. Mais ce ne sont que de vagues croyances qui n’ont pas le caractère systématique du druzisme. I.i s descendants de 'Abd.il Mou’min qui établirent la domination temporelle et spirituelle des Ahuohades en Afrique et en Espagne, ou ils livrèrent des lutte, Jantes aux chrétiens : de même les Hafsides, descendants d’un autre disciple du Mahdi berbère, conservèrent son souvenir sur leur monnaie : on y lit en tête le nom de Mahdi. vicaire de Dieu. De même la monnaie des Assassins porta longtemps le nom de leur Imam Nizar. Il est a présumer, bien que les auteurs n’en parlent pas. qu’Almohades et Hafsides ont considère leur Mahdi comme toujours vivant.

Nous terminerons cette longue revue des différents mahdl s par quelques mots sur celui qui parut récemment dans le Soudan égyptien et dont le pouvoir tint un moment en échec les armes britanniques. Son successeur a succombé, en sorte que sa dynastie n’a connu la persistance de celles que nous avons mentionnées. Peut-être sans l’intervention d’une armée européenne se serait-elle maintenue. L’aventure, pour courte qu’elle ait été. mérite cependant d'être mentionnée, car elle prouve que même dans un pays sounnite. la croyance au Mahd est profondément ancrée dans l’ame populaire parce qu’elle est nce même de l’Islam. Comme l’a dit Darmesteter : « On a attendu le Mahdi dès [es premiers jours de I islam, et il y aura des mahdls tant qu’il y aura un musulman. »

Donc c’est en 1881 de notre ère que Mohammed Ahmed, fils d’Abdallah, né a Dongola vers 1843, se révolte au Soudan contre les khédives d’Egypte, fait passer pour le Mahdi attendu, et, vainqueur en plusieurs combats, constitue une principauté indépendante et toute théocratique. Sa mort, en 1K8.'>. ne modifie pas la situation : Abdallah et Taïchi le

remplace avec le titre de khalife. Mais l’armée angl

occupait l’Egypte depuis 1883 ; clic al lendit Jusqu’en 1896 pour reconquérir le Soudan., -t ce ne fut qu’en 1898 que disparut ce dernier empire mahdiste.

On pourrait encore signaler a différentes époques l’apparition de inahdis isoh s. leurs tentatives avortées ne relèvent que de l’histoire anecdotique,

II. 1 Caractères généraux du

sounniame. La sounna du Prophète est. connue nous

le s.ions, le second élément du flqh ou science de l’islam. Elle appartient comme telle à tous les musulmans, chiites ou sommités.

1. Mais la prétention de ces derniers est de l’avoir suivie exactement, taudis que les chiites s’en seraient écartes. I ji realité, ils n’ont pris ce nom qu’assez, tard et après leurs longues controverses avec les chiites et d’autres sectes. Mais c’est surtout en s’opposanl. u chiisine sur deux points principaux, qu’ils se sont érigés en un parti distinct qui. sous sa forme religieuse, prit le nom de Mourdjisme. et, sous sa forme politique celui de 'Ont limànisme.

Le terme de mourdjisme a prêté à diverses Interprétations. Il dérive d’une racine qui a le sens d’esprrri et. par extension, d’ajourner. Il est employé dans le Coran tix, 107) dans un passage où sont énumérés les divers types de musulmans, bons, mauvais, repentants ou tièdes. C’est parmi les derniers qu’il faut sans doute ranger : « ceux qui ajournent l’ordre de Dieu, soit qu’il les punisse, soit qu’il leur pardonne. » Mais ce n’est pas cette interprétation (proposée par Van Vloten) que proposent les auteurs arabes. Les uns v voient l’ajournement des actes par rapport à la foi — ce qui est un sens forcé du mot ajournemenl, lequel signifierait ainsi : mise en arrière, au second plan. Les mourdjites seraient donc ceux qui croient que la foi est plus importante que les œuvres. Dans le même sens de ce mot, d’autres disent qu’ils renvoyaient 'Ali après les trois premiers khalifes, par opposition aux chiites partisans exclusifs de 'Alî. Une troisième opinion veut qu’ils espéraient que la foi les sauverait malgré les fautes commises, ce qui revient, sous une forme détournée, à la première opinion. Enfin, on explique le mot par « l’ajournement du jugement des grands pécheurs dans l’autre monde » c’est-a-dire l’indulgence dans celui-ci. A ce point de vue les mourdjites étaient les laxistes par opposition aux rigoristes qui, comme nous le verrons, s’appelaient les khâridjites. Sous ce rapport, beaucoup de musulmans étaient mourdjites, convaincus qu’il suffisait d’un minimum de foi pour 1 tre sauvé. Un poète célèbre suivait un enterrement : Qu’as-tu préparé pour un jour comme cela ? lui demanda un austère musulman - J’ai pendant vingt ans proclamé l’unité de Dieu. 1 Prétention que raillaient les khâridjites en faisant remarquer qu’Tblls ou Satan avait, lui aussi, reconnu cette unité. C'était, il faut le dire, le thème courant de la poésie arabe. « Fais ce qu’il te plaît, disait l’un, et aie confiance en la miséricorde divine, elle te pardonnera tout sauf de combattre l’unité de Dieu et de faire du mal à ton prochain. Adonne-toi à tous les plaisirs, disait l’autre, la miséricorde de Dieu est si grande que, lorsque tu seras dans l’autre monde, tu te repen tiras de l'être privé inutilement de bien des choses par crainte du châtiment. C’est à cette formule cynique qu’aurait abouti un mourdjisme exagéré, mais, en fait, le mourdjisme modéré prêchait la tolérance et la charité envers le prochain.

2. Une autre caractéristique du mourdjisme c’est son opposition à Ali. 1 Il poète keisvnide met ensemble les mourdjites et les douleurs ». On attribue a al Mâ'moùn, qui était chiite de cœur, des vers où il raillait son oncle Ibrahim, le traitant de mour-