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LEHMKUHL — LEIBNIZ. PRINCIPALES PUBLICATIONS


vant la doctrine de saint Thomas d’Aquin et de saint Alphonse de Liguori, tes deux grands maîtres, et au développement des applications pratiques dont la solution pouvait faciliter aux confesseurs l’exercice du saint ministère. Chaque année, de ces deux volumes compacts où aucune question théorique ou pratique ne semblait avoir été omise, une édition nouvelle, revue avec soin et enrichie de maints détails, vint attester les services rendus et étendre au loin la réputation de l’auteur. Le souci de tout dire et de tout expliquer, le système adopté de compléter les éditions successives sans les alléger ni les refondre entièrement, ont fini par donner à l’ouvrage un aspect touffu, quelque peu encombré parfois, qui en rend la lecture plutôt ardue ; mais l’attention est bien récompensée de sa peine et dans cette mine inépuisable l’or est partout et les scories ne comptent plus. Une doctrine sûre, nullement portée aux hardiesses ni aux aventures, nettement orientée vers la pratique, un enseignement substantiel, complet, atteignant tous les détails, telles sont les caractéristiques d’une œuvre qui a eu le plus vaste et le plus légitime succès et dont une refonte, mise en harmonie avec le nouveau droit canonique, serait, de même que les Casus conscieniiæ ad usum conjessariorum compositi et soluti, Fribourg-en-Brisgau, 2 vol. in-8°, aussi utile que bien accueillie de tous les prêtres et professeurs qui se sont formés à cette école. Le P. Aug. Lehmkuhl est mort à Valkenburg, en Hollande, en 1918, laissant la réputation d’un infatigable travailleur, d’un parfait religieux et d’un moraliste accompli.

P. Bernard.

LEIBNIZ Gottfried-Wilhelm (1646-1716), philosophe et théologien allemand. — I. Vie. — II. Principales publications (col. 174). — III. Le système philosophique et théologique (col. 175).

I. Vie.

Né à Leipzig d’une famille protestante, Leibniz perdit à l’âge de six ans son père qui avait été jurisconsulte et professeur de morale à l’université de cette ville. Dès l’âge de huit ans il eut accès à la bibliothèque paternelle. Il y apprit, en véritable autodidacte, le latin et le grec et lut des ouvrages d’histoire, de droit, de philosophie et de controverses religieuses. Ces lectures variées élargirent son esprit et lui donnèrent l’intuition d’une logique nouvelle qui éviterait tous ces malentendus qui séparent les esprits. L’élaboration de cette logique perfectionnée l’a préoccupé toute sa vie.

En 1661, il entra à l’Université de Leipzig où il s’initia d’abord à la philosophie ancienne et à la scolastique, pull à la doctrine des « novateurs », Bacon. Gassendi, Hobbes, Galilée, Descartes. Nous le rencontrons ensuite à léna OÙ il fui disciple et admirateur du mathématicien et philosophe pythagorisanl Erliard Weigei. Mais c’est vers le droit que se portaient, en attendant. ses préoccupations. Il conquit le grade de docteur à l’Université d’Altorf pics de Nuremberg. En 1667, il entra dans les services de l’Électeur de Mayence et devint conseiller : i la Cour souveraine de justice mi il prit contact avec les affairée politiques.

De 11)72 à 1676, Leibniz séjourna il Paris. Ce fui. pour sa formation intellectuelle, une période des plus fécondes, grâce surtout aux relations multiples qu’il ent retint avec les plus grands hommes de l’époque

Les mathématiques retenaient avant tout son attention. Mais, de son propre aveu, il s’y appliquait i sen

lement pour la perfection de son esprit et pour npprcn dre l’art d’in vent ion et de démonl rcr >, alors que ses

méditations principales étalent sur la théologie Klopp, t. iv, p. 45 t Aussi le vit-On entretenir des relations avec le l’. Malebranche, aver des jésuites, des

jansénistes : son admirât ion pour Pascal le rapprocha

du groupe de Port-Royal, il quitta Paris. <n 1676,

pour se rendre à Hanovre, où Jean-Frédéric, duc de Brunswick et de Hanovre, venait de lui offrir le poste de conseiller et bibliothécaire. Son chemin le conduisit par Londres et par Amsterdam où il eut plusieurs entrevues avec Spinoza.

C’est à Hanovre que se déroule la seconde période de sa vie, caractérisée particulièrement par son action politique et religieuse. C’était l’époque où les tentatives de pacification religieuse étaient à l’ordre du jour. La cour de Hanovre y prit une part active sous la direction du duc Jean-Frédéric, converti lui-même au catholicisme. Leibniz ne devait pas tarder à devenir l’âme de ce mouvement. Pendant des années, il consacra ainsi toutes ses forces à la réunion des Églises catholique et protestante et à l’union des diverses sectes protestantes entre elles, efforts qu’il devait finalement voir échouer. Pour la paix européenne, comme pour la paix religieuse, ses préoccupations s’inspiraient des principes de son système philosophique qui tendait vers l’harmonie universelle. Chargé d’écrire l’histoire de la maison de Brunswick-Lunebourg, il fut obligé de parcourir les bibliothèques d’Allemagne et d’Italie. Ce travail le détourna à son grand regret de ses méditations philosophiques. Ce n’est qu’après le retour de ses voyages qu’il commença à mettre par écrit les principaux éléments de son système. Dans les dernières années de sa vie il perdit l’appui de ses protecteurs. Il mourut en 1716 à Hanovre.

IL Principales publications philosophiques et théologiques. — On possède de Leibniz un nombre considérable d’écrits sur les matières les plus diverses. Nous ne signalons ici que ceux qui peuvent servir à faire connaître sa pensée philosophique et théologique. Aucun ne se présente comme l’exposé complet d’un système. Et cependant ils donnent l’impression de se rattacher à une vue totale de l’univers dont la rigueur scientifique et philosophique amènerait d’elle-même, dans la pensée de l’auteur, la réfutation des systèmes précédents. Partout on sent cette sécurité d’un esprit en possession d’une explication synthétique des choses et victorieuse de toutes les difficultés. Mais c’est à l’interprète qu’est abandonné le soin d’aller à la recherche de la synthèse et de la recomposer, pour ainsi dire, par la force de sa propre pensée.

C’est de quoi il faut tenir compte si l’on veut dégager de l’œuvre leibnizienne ce qui peut intéresser en particulier le théologien. Il faut se placer au centre même de son système pour voir les problèmes qu’il discute dans leur vraie perspective.

Le trait le plus caractéristique de sa pensée, c’est l’idée d’une harmonie universelle où toutes les divergences de vues arriveraient à se concilier. Elle se manifeste dans tous ses écrits. Partout, on découvre la tendance à une conciliation de la théologie révélée avec la théologie rationnelle, de la science ; i ce la philosophie. de la philosophie ancienne avec la nouvelle. Et l’on assiste à un effort f.’iit par le philosophe pour mettre à

l’abri de toute attaque scientifique et philosophique

I lit u et l’âme, les deux piliers (v tonte religion.

On le voit déjà dans les écrits qui datent de son séjour à Mayence : la Cnnfessin nntnrir rontrn alhcistns (1668), où il défend la religion chrétienne contre les

ilt ; iqnes des athées et la Dtfentto Trinilalis per aura

rcpcrln lor/ica contra epistolam Ariani (1669), dans laquelle il prend la défense du dogme chrétien contre les sociniens.

Ce même cITnrt s’accentue da : mt BgC dans ses écrits

ultérieurs od, a partir de 1696 surtout, il présente, tout

d’abord sons forme de simples esquisses, les idées ton

damentales de ss métaphysique, il faut voir a ce sujet son Discours de métaphysique (1686), une I.rli Arnauld (1690), puis le Système nouveau de lu nature cl