Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/720

Cette page n’a pas encore été corrigée

1417

LYRE

1418


chapitres toute l’histoire de l’Église jusqu’aux croisades ; tout en finissant par reconnaître, salvo meliori judicio, que l’exposition d’après laquelle les événements annoncés, c. xvii-xx sont, dès à présent, accomplis impropria videtur in pluribus et extorla, il ne dit pas rejeter cette exposition, et, à l’admettre, il appliquerait le verset sur l’ange descendant du ciel, xx, 1, au pape Innocent III approuvant frères mineurs et frères prêcheurs, per quorum doclrinam et prædicationem Ecclesia est quodam modo renovala. « Enfant de son temps, » comme l’appelle R. Schmid, Piotest. Realenc, t. xii, p. 30, il divise et subdivise à l’excès, parfois est bien subtil, propose des étymologies fantaisistes, non seulement grecques mais encore latines. Ses connaissances en astronomie, en physique, en géographie sont celles de ses contemporains : il ne manque pas de placer Jérusalem au centre de la terre habitable. Ps. xviii ; Matth., xxiv, 14 ; Rom., x, 18. Sur l’histoire des livres de la Bible, il a quelques clartés et passablement d’ignorance. Il soutient justement que tous les psaumes ne sont pas de David et sa discussion de l’origine paulinienne de l’Épître aux Hébreux, t. iv, ꝟ. 246 b, est intéressante, bien que non irréprochable : d’après lui, la différence de style entre cette lettre et les autres de saint Paul vient de ce qu’elle est la seule que Paul ait rédigée en hébreu, et ideo loquitur mugis ornate.

La théologie.

Les Postules ne sont pas un

ouvrage de théologie biblique. Mais la théologie ne peut que bénéficier des progrès du sens littéral. Tous les détails de l’argument théologique, tel que Nicolas de Lyre l’esquisse un peu partout, ne seraient pas acceptés par le théologien et l’exégète modernes ; incontestablement il l’a perfectionné, dans les Postules plus encore que dans les deux traités antijuifs. On sait les textes de l’Ancien Testament, employés par une multitude de théologiens et de controversistes, pour établir le dogme de la Trinité. Nicolas lui-même en a fait quelque usage dans les traités contre les juifs ; il a notamment insisté sur le mot Elohim. Dans les Postules, aucune allusion à la Trinité quand il rencontre le mot Elohim et ces autres textes devenus classiques dans la matière : Gen., i, 1, 2 ; xi, 7 ; xviii, 2 ; Num., vi, 23-26 ; Ps., xxxii, 6 ; ciii, 29-30 ; Eccli., iv, 13 ; mais il retient, comme désignant la Trinité, Gen., i, 26 ; Is., vi, 1-9.

Les Postules contiennent d’utiles contributions à l’histoire des dogmes. Sur l’eucharistie, le seul commentaire de Joan., vi, renferme ce qui suit : la présence réelle, realiter et non figurative, et non tantummodo sicut in signo ut dixcrunt aliqui hicrelici ; la messe, ses effets pour le célébrant, le communiant, tous les fidèles, le purgatoire ; la nécessité de la communion, mais non pour les enfants comme le prétendent les grecs ; la condamnation de l’utraqulsme. Dans le commentaire de I Cor., xi, nous trouvons la transsubstantiation, sans le mot mais avec les formules : species rémanentes, solis accidentibus n nwnentibus ; l’affirmation que ce sacrement est fait subito in fine prolationis verborum, in consecratione materiic non in usu Iptius ; que les consécrations du pain et du vin ne l’attendrai pas mutuellement, utdixeruni aliqui, mais que dès la consécration du pain le Christ est dans l’hostie ; que In consécration a lieu solis verbis quibus utiliir Ecclesia ex tradition/— upnstolorum instructa et non, comme l’ont dit certains, p.-ir n’importe quelles paroles données dam je récit d< lainl Paul et des évangélistes et Insérées dans ii canon ; que les pécheurs, quoique certains disent le contraire, ne doivent pas communier ; que la communion fréquente, meilleure m soi, doit rire recommandée si elle augmente la fercur 1 1 ta résistance au mal, sinon non, etc. a signaler encore, entre autres, divers textes sur : la sclenci expé*

rimentale’du Christ, Luc, ii, 52 ; les frères du Seigneur Joa., ii, 12 ; le jour de la cène, Matth., xxvi, 17 ; Joa., xiii, 38 ; la sueur de sang, Luc, xxii, 44 ^l’immaculée conception de Marie, Luc, i, 35 ; son assomption et, d’après certains, celle de saint Jean, Is., xxvi, 2 ; Joa., xiv, 3 ; xxi, 22 ; le super hanc petram entendu du Christ, Matth., xvi, 18 ; la notion du péché originel, Rom., v, 21 ; la vision béatifique non retardée après’ie jugement dernier comme l’ont dit « quelques hérétiques », In Joa., xiv, 3, etc. La phrase de la postille sur Eccli., xlii, 14, citée par T. Kolde, P. Denifle, seine Beschimpjung Lulhers und der evangelischen Kirche, 1904, pour prouver la thèse du mépris de la femme au Moyen Age, n’a pas le sens que Kolde lui prête. Cf. > H. Denifle, Luther et le luthéranisme, trad. JJPaquier, Paris, 1910, 1. 1, p. xlviii, xlix.

IV. Influence.

1° La controverse Paul de Burgos-Doring-Deza. — Paul de Sainte-Marie, auparavant R. Salomon Lévi ou Hallévi, né vers 1350 à Burgos, baptisé en 1390 ou 1391, évêque de Carthagène (1403), puis de Burgos (1415) d’où le nom de Burgensis sous lequel il est désigné, écrivit, à l’intention de son fils Alphonse, doyen de Compostelle, des Additiones ad Postillam magistri Nicolai de Lyra, qu’il avait lue deux fois et qu’il jugeait solemnissima et miranda copiositate scriptam, mais imparfaite comme tout ce qui est humain. A son avis, l’auteur avait tort d’abandonner parfois les expositions des saints, celles en particulier de saint Thomas, et de leur substituer les siennes ou celles des docteurs juifs, notamment de Raschi, préféré indûment à d’autres" juifs plus autorisés. Du reste, il proposait ses observations avec modestie et les soumettait dclerminalioni sacrosanctse matris Ecclesiæ et eu jusque melius sentientis, t. i, ꝟ. 16-18. En réponse à la lettre d’un frère mineur qui défendit Nicolas de Lyre, ꝟ. 19 a, Paul maintint ses critiques : il louait Nicolas pour son style piano et suavi, son intention droite, son vaste travail poursuivi pro majori parte recte, mais il continuait d’y voir des insuffisances inévitables, et il déclarait ne pas le suivre toujours mais suivre plutôt les anciens, ꝟ. 19, 20.

Les Additiones furent publiées au moins en deux parties, la première en 1429, la seconde en 1431, t. i, ꝟ. 16 a ; t. iv, 1° 336 b. Les Additiones sont au nombre d’environ 1100. Il y en a peu sur certains livres : Esdras, Tobie, Esther, les livres sapientiaux, etc. ; beaucoup sur d’autres : Genèse, Psaumes, etc., et parfois très longues. Paul de Burgos présente certaines remarques utiles, vu sa connaissance de l’Écriture, de l’hébreu, des livres rabbiniques, bien qu’il ne soit pas toujours exact en ce qu’il rapporte de ces derniers. Il s’attache aux anciens docteurs, mais connaît aussi les récents. Il insère presque tout entier, par exemple sur les Thrèncs, le commentaire du franciscain Pierre Auriol (Aureolus, t 1322), In quc.dnm compendto s<icr ; r Scripturæ qui, dit-il, n’était pas commun, t. iii, f 127 fc-129 ; c’est le Brcviarium Bibliorum scu Epitome S. Scripturæ juxta sensum Utteralem,

Mais, dans l’ensemble, Paul de Burgos retarde sur Nicolas de Lyre. Il rabbinise par trop. Il s’attacbe a un littéralisme verbal qui s’éloigne du sens littéral véritable : par exemple, In Gen., iii, 14. il veut qu’on garde comme littérale l’explication d’après laquelle s antea cum pedibus altis incedebat su ut et alla animalia, et, post hujusmodi sententiarn, pc<tes sunt ci amoli sir ut non pouet tnceden niai replando. Il maintient le plus soin eut des opinions justement abandon* ir Nicolas : que David est l’auteur de tous les psaumes, In ps. i ; que Gen., i, 1 : xviii, 2. prouve la pluralité des personnes en Dieu ; que Zæharie était grand prêtre, LUC, i, 9, etc. l’uis on dirait que Paul n’a pas saisi le point de Mie de Nicolas de I Nie. « pu (lait

nmenter l’Écriture littéralement et brièvement.