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distinctis ; une concordance des Évangiles ; des lettres, etc. Les Sermonesde tempore, de sanctis, dont parle Trithème, De script, eccles., ꝟ. 122 a, se confondent vraisemblablement avec les Postillse in evangelia et epistolas de tempore et sanctis qui furent extraites du grand ouvrage.

III. Les Postilles.

Le canon des Écritures.


Nicolas est de ceux qui n’accordent pas encore la môme autorité aux livres deutérocanoniques et aux protocanoniques. Les livres canoniques sont la parole de Dieu, partant exempts d’erreur. In II Tim., iii, 6 ; II Pet., i, 22 ; Apoc, prol. Nicolas semble même confondre l’inspiration avec la révélation : cf. prol. I, De commendatione Scripturse sacrée in generali, t. i, f° la ; in Tob., prol. Les deutérocanoniques ont une valeur moindre ; toutefois ils ont été reçus par l’Église ut ad morum reformationem in ea legantur. In Tob., prol. Dans sa formule d’actions de grâces de 1330, il note qu’il a commenté d’abord les livres qui sunt de canone puis ceux qui non sunt de canone, afin que par cette distinction appareat simplicibus qui libri sunt canonici et qui non, et qui majoris auctoritalis et qui minoris. Des deutérocanoniques moraux : la Sagesse et l’Ecclésiastique, il estime que la Sagesse a plus d’autorité en raison de l’auteur principal, qui est Salomon, car si la Sagesse, panse-t-il, a été écrite en grec par Phi-Ion, c’est une compilation des sentences salomoniennes ; l’Ecclésiastique n’a été écrite que ar pJésus, fils de Sirach, sub Deo tamen. In Sap., i, 1 ; Eccli., i, 1. Quant aux deutérocanoniques historiques, Tobie et Judith sont « plus réputés » que les histoires de Susanne et de Bal, In Sap., i, 1 ; Jerem., xxix, 29 ; Dan., xiii, 1, xiv, 1, plus que les parties deutérocanoniqnes d’Esther, x, 416, qui non sunt in hebreeo nec de Scriptura canonica sed migis videntur a Josepho et aliis scriptoribus conficta, In Est., x, 2, plus surtout que le II— livre d’Esdras (notre III S), que Nicolas joint aux deutérocanoniques, InIIEsd., i, 1 ; Tob., i, 1, ainsi que la prière de Manassé, t. i, ꝟ. 121a. Les deux livres des M icchabées, reçus p.ir l’Église ad legendum, ontpar là « plus d’autorité que Josèphe.In I Macch., i, 1. Sur la question de savoir s’il y a, dans le IIe des Macchabéîs, dos erreurs et un véritable désaccord avec d’autres passages de l’Écriture, le postillateur ne se p-ononce pas : islud tamm mijorum j.idicio derelinquo. In II Macch., ii, 8.

L’ordre selon lequel Nicolas de Lvre dispose les livres de l’Écriture est celui de notre Vulgate, sauf les points suivants : il intercale la p 1ère de Manassé entre lellop.ir. et I r Es lr., ctnotre III’Esd, -. entre Néhémie (notre H « Esdr.) et Tobie ; les Actes des apUres sont placés entre Hebr. et I Petr. Cf. son préambul sur l’Apoc, t. iv, ꝟ. 320 a.

Le dessein de Nicolas de Lyre.

Dans un 1 er prologue,

De commendalion Scriptura sacra in generali, Nicolas de Lyre dit la sublimité de l’Écriture, sa supériorité sur les livres des philosophes, et que l’É riture proprie th°ologia dicitur cum ipsa sola sit lexlus hujus scientix. Un 2e prologue, Ds intentione auctoris tl’jnoâo ftrocedendi, est plus personnel et iinportmt. Le grand principe est que toute exposition mystique ou spirituelle de l’Écriture doit s’appuyer sur le littéral. Omnes pnesupponunt tensum lilteralem tanquam /undamentum… : sic expositio mystica discrepans a sensu litterali reputanda est indecens et inepta, vel sultan minus decens, céleris paribus, et apla. Quiconqii" veut profiter dans l’étude de l’Écriture doit donc commencer par comprendre le sens littéral ; lui seul, et non le sens mystique, peut fournir un argument ad ilioncm vel declarallontm <ilirujiis dubtl,

or, le sens littéral de l’Écriture a été beaucoup obi de nos Jours, dit-il, en partie par >— vice des copls-’l’impéritie de cerl i —i ^ correcteurs, en partie à

avec l’original

hébreu. Il importe, à la suite de saint Jérôme, de recourir aux mss. hébreux pour l’Ancien Testament, quitte à prendre garde que des passages relatifs au Christ ont été altérés par les juifs. En outre, le sens littéral a souffert des interprètes qui s’en sont communément peu préoccupés et l’ont étouffé, en quelque sorte, sous leurs expositions mystiques innombrables. Voulant remédier à ces abus, Nicolas se propose d’insister sur le sens littéral ; les explications mystiques seront brèves et rares. Il utilisera non seulement les docteurs catholiques, mais encore les hébreux, surtout Rabbi Salomon Isaki(fll05, communément appelé Raschi) qui, mieux que les autres, a contribué à éclaircir le sens littéral ; pour qu’on sache ce qu’est devenu l’aveuglement des juifs, il citera quelques-unes des absurdités de leurs écrivains. Nicolas n’oublie point qu’il peut se tromper. Aussi déclare-t-il ne rien avancer en termes absolus qu’autant que la chose aura été manifestement décidée par l’Écriture elle-même ou par l’autorité de l’Église ; tout le reste, il le dit lanquam scholastice et per modum exercitii, le soumettant à la correction de l’Église et des sages. Suivent les sept règles ou « clefs » de l’interprétation de l’Écriture d’après Isidore de Séville, Sentent., t. I, c. xix, P. L., t. Lxxxiii, col. 581-586, avec des changements. A propos de la iii, il accorde pour certains passages un double sens littéral. Ainsi I Par., xvii, 13, s’applique, dans le sens littéral, imparfaitement à Salomon, parfaitement au Christ ; bien que l’un et l’autre sens soient littéraux, le second, en tant que Salomon est la figure du Christ, peut être dit spirituel et mystique.

Les sources.

1. Les juifs. — Le choix de R. Salomon

Raschi fut une vraie réussite, quoi qu’en ait dit Paul de Burgos qui préférait R. Moïse l’Égyptien (Maïmonide), R. Moïse de Girone (Nahmanide), R. Abenhazra, etc., 1. 1, ꝟ. 18, cꝟ. 20 b. C’est Nicolas de Lyre qui avait raison. Raschi, « le premier et le plus utile commentateur du Talmud, au jugement de L. Woguc, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, Paris, 1881, p. 251, fut aussi le plus aimé des interprètes de l’Écriture. JSon commentaire sur la Bible, et notamment celui du Pentateuque, est encore aujourd’hui, presque partout, la base des études sacrées en Israël. » On a prétendu que Nicolas connaissait médiocrement l’hébreu et l’interprétation rabbinique de la Bible. Un aussi bon juge que Neumann, Revue des études juives, Paris, 1893, t. xxvi, p. 179, n’a pas craint de dire, au contraire, que Nicolas « était non seulement capable d’utiliser avec indépendance le targum, le midrasch et les ouvrages hébreux postérieurs, mais qu’il était familiarisé jusqu’à un certain point avec la littérature midraschique ». Le postillateur cite Maïmonide, R. Moïse Hadarsan (Darschan), R. Joden, etc. Il consulte les mss. hébreux : pour savoir si le ps. xxxii, qui n’a pas de titre, est distinct du ps. xxxi, il interroge trois Bibles hébraïques et trois livres hébreux publiés sur les psaumes, t. ii, ꝟ. 130 b. Il ne s’occupe pas beaucoup de grammaire hébraïque, étant donné son but qui est d’expliquer en latin la Bible pour ceux qui savent le latin ; mais, à l’occasion, il présente des observations grammaticales qui lui servent à améliorer le texte. Cf. Neumann. p. 171-176.

2. Les latins.

Nicolas de Lyre cite fréquemment les auteurs latins ecclésiastiques, surtout les saints Jérôme, Augustin, Grégoire. Jérôme a ses préférences, In ps. i, 1. L’allégorisme de saint Augustin ne lui plaît guère ; il jette carrément par-dessus bord l’interprétation idéaliste dos six jours de la création, parce que nimis longinqua a litterali sensu. In Gcn., I, 1.

Du liant Moyen Vge il cite saint Isidore de Séville, Raban Maux, rlaymon, la glose do Walafrld, si rai ion : évidemment, c’est à travers elle et dos recueils ou Déflora frum, qu’ils connu certains i