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LYON (lie CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE) — LYRE


septembre 1926. Se reporter aussi à l’art. JeanBeccos, t. viii, col. 656 sq.

Conclusion. — L’œuvre du XIVe concile œcuménique était morte. La politique l’avait inaugurée ; elle succomba quand la politique cessa de la soutenir. Les papes qui y travaillèrent se firent illusion sur les vrais sentiments des grecs. Ils ne soupçonnaient pas jusqu’où allait l’hostilité de ceux-ci contre les latins, leur fierté nationale, leur attachement à la moindre de leurs traditions. Ils se fièrent à la parole du Paléologue qui affirmait tenir toute l’aflaire entre ses mains, et quand il s’excusa sur son impuissance, ils conclurent à sa duplicité. Ils ne virent point que les blessures faites par un schisme deux fois séculaire réclamaient, pour guérir, plus de douceur que de sévérité et, en usant de toute la rigueur de leur droit, ils provoquèrent des froissements on ne peut plus regrettables, tandis que Michel, de son côté, rendait l’union odieuse par la violence de ses répressions. Sans cette attitude exigeante du Saint-Siège et sans cette cruauté du basileus, l’union eût-elle réussi ? La chose est bien douteuse. L’union venait trop tard, ou trop tôt. Trop tard, car les croisades avaient exaspéré l’hostilité réciproque des latins et des grecs ; trop tôt, car le temps n’avait pas encore affaibli les ressentiments qui en étaient résultés. Il manquait à l’union une atmosphère morale pour la recevoir et l’assurer. Elle était et restait une union officielle et de commande à laquelle la nation n’avait point part. Elle revêtait, par suite, un caractère factice et faux sur lequel les historiens grecs ont insisté et que les religieux latins de Péra ne se faisaient pas faute de dénoncer au Saint-Siège, sans autre résultat que d’augmenter sa méfiance et d’accroître ses exigences. Avant de proclamer l’union, il fallait la faire, la faire par le rapprochement intellectuel et moral des deux mondes. A coudre au vieux vêtement du schisme le manteau neuf de l’union, on obtint l’effet marqué par l’Évangile : les deux pièces ne purent tenir ensemble, et la déchirure se fit plus grande : aufert supplementum nouum a veteri et major scissura fit (Marc, ii, 21).

Les Sources ont été indiquées au cours de l’article avec indications des recueils où les trouver.

L. Allatius, De Ecclesiæ occidentalis et orientalis perpétua consensione libri tres, t. II, c. xv, Cologne, 1618, col. 727782 ; Dosithée, ’Ifftopi’a Ttepi t<3v èv’Iepo<To)ou.oi ; iraTpiapxevaâvTCdv, in-fol., Bucarest, 1715, t. IX, c. i-iv, p. 839-S55 ; I.aurentius Cozza, Historia polemica de Griecortun SChistnate, pars IV, c. xxxi-xxxiii et pars V, c. i-m, Rome, 1720, t. n et m ; Bern.-M. de Rubeis, Georgii seu Gregorii Cyprii palriarchæ CP. vita.., acceduni ilissertaliones dues hisioricas et dogmaticte (dissertations très précieuses), Venise, 1753, reproduction dans P. G., t. cxxil, col. 17-228 ; I.éopold Dclisle, Notice sur cinq manuscrits de la Bibliothèque nationale et sur un manuscrit de la bibliothèque de Bordeaux (seule la partie qui traite de ce dernier manuscrit concerne le sujet de notre article), dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliolh. nat., t. xxvii b, 1879, p. 126-Mo, documents en appendice, p. 150-167 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. vi a, Paris, 1914 ; Vie du bienheureux Innocent premier pape île Punir, <ies Frira prêcheurs, par un religieux du même ordre [P. Mothon], rei ouvrage contient en appendice toul le builalre d’Innocent V ; Richard Stapfer, Papil Johanne » XXI, Munster, 1898 ; R. Sou

ienlnlii u d’union avec Rome : un patriarche i/ne catholtqut

au xili siècle, dans Écho » d’Orient, t. iii, p. 226 351-360 ; Norden, Papsthum und Bvxanz, Berlin, 1903 A. —P. Lebedev, Esquisse historique île la situation tic l’Églist bvsantino-ortentale de la fin du XI tiécle ou milieu du XV siècle (en russe), 2° édlt., Moscou, 1902 ; A D Zotoi

! ’"’-’4 I’’P< ; —XTV.vp, // ; Ku>VOT0rV1. vei ;

, Munich, 1920 ; tur cet ouvrage, voli V. Grumel, Un ouvraip récent "r fean Beccos, patriarche netanltnople, dan’Orient, 1925, i xxiv, i

32 ; M. Yiller, l.a question il’l’union tU I gl | entTI et LtUtns depuis h inti’ile île l.i r, n jusqu’il celui de I h i 1274-1438, dans Hernie d’hist. ceci., t. xvii, p. 260 s.j ; I

DICT. DE THKOL. CATHOL.

V. Grumel, Les ambassades pontificules à Byzance après le II’concile de Lyon, 1274-1280, dans Échos d’Orient, 1924, t. xxiii, p. 437-447 ; du même, En Orient après le Ii concile de Lyon : brèves notes d’histoire et de chronologie, ibid., 1925, t. xxiv, p. 321-325.

V. Grumel.

    1. LYRE (Nicolas de)##


LYRE (Nicolas de), théologien et commentateur de l’Écriture (première moitié du xive siècle). — I. Vie. IL Œuvre’(col. 1411). III. Les Postules (col. 1413) IV. Influence (col. 1418).

I. Vie.

La plupart des écrivains qui se sont occupés de Nicolas de Lyre le disent d’origine juive. Raphaël de Volterre, De institutione cliristiana, t. V, c. xxviii, Rome, 1518, f « 81 b, le cite parmi les juifs convertis qui ont écrit contre les ( rieurs de leurs anciens coreligionnaires. Basnage, Histoire des juifs, t. VII, c. xviii, Rotterdam, 1707, t. v, p. 1810, 1820, le range parmi les juifs devenus _ chrétiens pour échapper à l’édit de bannissement porté par Philippe le Bel (1306). L’unique preuve qu’il en donne c’est la connaissance que Nicolas eut de l’hébreu et de la littérature rabbinique. Cette raison ne vaut rien. Le juif converti. Paul de Burgos, qui combattit Nicolas et lui repro cha d’être trop favorable aux commentateurs juifs de la Bible, loin de laisser entendre qu’il ait été juif, suppose le contraire quand il le dit insuffisamment instruit de la langue hébraïque : sed de illa videtur habuissc notitiam quasi ab aliis in setate adulta mendicativo sufjragio acquisitam. Prologue de ses Additiones aux Postillæ, Nuremberg, 1497, 1. 1, ꝟ. 18 a ; cf. ꝟ. 10 a 20 6, 21 b.

Trithème, De scriploribus ecclesiasticis, Paris, 1512, ꝟ. 121 a, fait de Nicolas de Lyre un anglais. D’autres, tel Sixte de Sienne, Bibl. sancta, t. IV, Lyon, 1592, p. 276, le font anglais ou originaire de Lyre en Brabant. On l’a dit également batave. Jusqu’à ces derniers temps, ces opinions avaient paru atteintes par un texte qui fixe le lieu de sa naissance en même temps que la date de sa mort. Cf. R. Simon (sous le pseudonyme de Sainjore), Bibliothèque critique, Amsterdam. 1710, t. iv, p. 251-254. Il s’agit de l’épitaphe en vers de Nicolas de Lyre, au grand couvent des cordeliers de Paris. On y lisait que Nicolas était né à Lyre en Normandie (aujourd’hui dans l’Eure), qu’il avait pris l’habit au couvent voisin de Verncuil et qu’il était mort le230ctobre 1340. Voir le tcxtedkns Wadding, Annal. minorum, t. iii, p. 469. Une autre épitaphe en prose, faite seulement en 1631, et placée sur la tombe, alors que la première avait été fixée au mur à une date inconnue, reproduisait cette date et l’indication relative à Verncuil, appelant Nicolas prouincite Francise alumnus ; elle lui donnait 48 ans de vie religieuse, ce qui mettait en 1292 son entrée chez les frères mineurs. Nicolas était donc bien de Lyre en France (orthographiée aussi : Lire). II y a plus : comme deux villages existent à côté l’un de l’autre, la Vieille-Lyre et la Neuve-Lyre, on prétendit que c’est la Neuve-Lyre qui a le droit de se glorifier de Nicolas. Cf. p. Feret, La Faculté de théologie de Paris. Moyen Age, Paris, 1896, t. iii, p. 331.

Un document, publié par.1. Viard, Bibliothèque de ri cote des chartes, Paris, 1895, t. i.vi. p. i 12, ne permet pal de maintenir la date de 1340 que fournissent les

lieux épitaphes : il nous apprend que, le 6 juillet 1

la reine de France lit don d’un tonneau de vin à frère

Nicolas de Lyre, de l’ordre des frères mineurs, maître en thi ar ailleurs, dora Félibien, Histoire de la

ville de Paris, Paris, 1725, 1. 1. p. 286, et. avant lui, les [ranci calna Pierre Rldolfl (1586) et Willot d598), cités parWad Ing, t. m. p, 169, avaient donné, mais

sans références, la date du 1 I octobre 1349 pour celle

de la mort de Nicolas.’1 n’est pas tout..1. Viard, p, 1 1 : ’.. pense qu’on ne lui

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