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1399 LYON. LE Ile CONCILE ET LA RÉUNION DE L’ÉGLISE GRECQUE 1400

part de ce pape nouveau, moins ami des grecs que ne l’était Grégoire.

Après ce discours, eut lieu, au monastère des Manganes, Veccos y prenant part, la rencontre de l’ambassade pontificale avec les évêques et les principaux du clergé. Tout s’y passa comme l’avait désiré le basileus, et les mandataires du pape durent croire au plein succès de leur mission. L’empereur ne négligea rien pour augmenter cette impression et les convaincre de la sincérité avec laquelle il promouvait l’union. Il ordonna à l’évêque d’Èphèse, Isaac, de les conduire aux prisons pour qu’ils vissent de leurs yeux comment il traitait ses propres parents qui s’y étaient opposés. C’étaient les généraux qui avaient refusé d’attaquer le duc de Thessalie. Il fit même remettre entre les mains des légats deux des principaux réfractaires, Ignace et Mélèce, pour être conduits à Rome et punis par le pape. Celui-ci devait les renvoyer à l’empereur, en le priant d’épargner des hommes qui lui paraissaient innocents. Le difficile était d’exécuter les diverses injonctions du Saint-Siège. Il fallait d’abord pour cela réintégrer "Veccos dans sa charge. Puisqu’il n’y avait pas eu vraie démission, l’empereur ne l’ayant pas acceptée, et les motifs en étant sans force, on jugea suffisante une nouvelle prise de possession. Veccos, après avoir en vain réclamé la punition des calomniateurs, céda aux instances impériales et fit en grande pompe sa rentrée au patriarcat le 6 août 1279.

Alors put se tenir le concile qui devait statuer sur la suite à donner aux demandes romaines. Le résultat fut ce qu’on pouvait attendre. Le clergé grec ne put se résoudre au serment qu’on exigeait de lui à rencontre de sa coutume ; par suite, la tournée des légats dans les principales villes de l’empire n’avait plus d’objet. Le Filioque ne fut pas inséré au symbole. Ce dernier point résulte de la lettre d’Andronic, envoyée au pape à la suite de cette ambassade, qui n’en souffle mot, Raynaldi, Annal., an. 1280, n. 19-22, et de plus est formellement attesté par un passage de Georges Métochite, op. cit., t. I, n. 79, Mai’, Nova Patrum Biblioth., t. viii, p. 104. Voir aussi le témoignage de Veccos, Apologie, n. 2, P. G., t. cxli, col. 10Il CD. Tout ce que le synode pouvait offrir, c’était de nouveau une déclaration collective par écrit, semblable à celle d’avril 1277. A cause du petit nombre de ceux qui souscrivirent, on chargea ce document de beaucoup de fausses signatures d’évêques, afin de ne point paraître inférieur aux latins dont les conciles étaient très nombreux, et sans doute aussi pour compenser le refus qu’on opposait aux exigences du Saint-Siège. Pachymère met ce faux sur le compte de l’empereur, mais déclare ignorer si Veccos y avait donné son consentement. Cet historien ne nous a malheureusement pas livré le texte de cette synodale : il nous apprend seulement qu’elle renfermait un grand nombre de passages des Pères grecs où le rapport du Saint-Esprit au Fils était marqué par des expressions comme upo^eToGa !, , —/wprjyeïaÔai, SîScsOai, èxkiy.Tiew, èxçàvca 6at, et autres semblables, analogues à la formule latine, procedere ex, qu’on voulait, d’après cet historien, faire disparaître sous cet amas de textes. Le tout s’achevait par la menace de punir ceux qui refuseraient cette paix. Pachymère, Michel Paléologue, t. VI, n. 17, P. G., t. cxliit, col. 920, 921. Le renouvellement du serment des deux souverains eut lieu au palais des Blachernes. Le procès-verbal indique comme date le mois de septembre de la viiie indiction et de l’année 1280. L’indiction de Constantinople courant à partir de septembre, c’est en réalité en septembre 1279, commencement de la viiie indiction et en présence des légats que Michel et son fils renouvelèrent leur serment. Raynaldi, an. 1280, n. 19-22. L’ambassade de Nicolas III n’obtenait donc rien que

n’eût déjà recueilli celle de Jean XXI. Avec des exigences plus grandes, et un ton plus impérieux, elle n’avait réussi qu’à irriter le susceptibilité et la fierté du clergé grec. C’était, en somme, un échec complet, et cuisant. L’union n’était pas encore brisée, mais de cette épreuve à laquelle on l’avait soumise, elle sortait fortement ébranlée.

3. Regain d’agitation antiunioniste. Veccos essaie de lui tenir tête. — On s’en aperçut bien après le départ de l’ambassade. L’opposition se fit plus violente, plus violente aussi la répression. Les moines surtout eurent à en souffrir. Ils s’en vengeaient en répandant la nuit des libelles contre l’empereur. Les cruautés par lesquelles Michel essayait d’imposer sa volonté, et que Pachymère raconte tout au long, op. cit., t. VI, n. 2426, P. G., t. cxLin, col. 945-954, ne réussissaient qu’à amasser la haine contre lui et son œuvre. On en voulait également beaucoup à Veccos dont la science et la vertu étaient le principal ornement et le plus ferme soutien de l’union. Chaque jour il recevait des écrits qui traitaient d’apostasie la concorde avec les latins, et des libelles accusateurs circulaient contre lui dans le peuple. N’y tenant plus, il rompit le silence qu’il avait gardé jusque-là, et auquel l’astreignait une promesse imprudente faite un jour à Xiphilin, grand économe de l’Église, dans l’intérêt de la paix. Il publia des traités pour soutenir l’orthodoxie des latins sur la procession du Saint-Esprit et établir que l’union des deux Églises était bonne et désirable, non point seulement pour les biens qui en pouvaient découler, mais en elle-même et pour elle-même, en quoi, note Pachymère, loc. cit., n. 23, col. 937, il différait d’un grand nombre d’évêques qui recevaient l’union non parce qu’elle était bonne et conforme à la foi, mais à cause des avantages qu’elle engendrait.

Pour avancer l’œuvre de la réunion, Veccos tint plusieurs synodes. Nous avons le compte rendu de l’un d’eux, qui eut lieu le 3 mai 1280, dressé par lui-même, Mansi, Concil., t. xxiv, col. 365-373. On s’y occupa d’un texte de saint Grégoire de Nysse sur le Saint-Esprit, que le référendaire Pentéclésiote avouait avoir corrompu dans un manuscrit, du temps qu’il était opposé à l’union. Ce texte portait : —rô Se Ilveûjxa to ayiov èx toû LTocxpôç XéyeTai, xai èx Toôïioù elvat 7rpoa[xapTupeÏTai. Pentéclésiote avait raturé la particule èx devant toû TtoO. L’avis du synode fut de ne pas restituer la particule effacée, à cause des soupçons que pourrait faire naître à l’avenir une écriture plus récente que le reste du texte, mais de dresser un acte authentique de ce fait pour servir de témoignage à la postérité. La liste des évêques présents à cette assemblée peut donner quelque idée de la composition du parti de l’union. C’étaient Nicolas de Chalcédoine, Mélétius d’Athènes, qui devait bientôt se séparer de Veccos, Nicandre de Larisse, Léon de Serres, Théodore de Cherson, Théodore de Sogdée, Nicolas de Proconèse, Léon de Berrée. Il faudrait y ajouter les deux évêques qui, l’année suivante, allèrent en ambassade auprès de Martin IV, Théophane de Nicée et Léon d’Héraclée, ainsi que plusieurs autres qui. surtout en Anatolie, avaient été élevés à l’épiscopat par Veccos lui-même. Dans un autre synode, dont parle Pachymère, op. cit., t. VI, n. 23. P. G., t. cxliii. col. 944, le patriarche catholique soutint que dans la parole de saint Jean Damascène : Six Aôyou 7rpo60-Xsùç éxçocvTopixoO IIvEÔjzaToç. le terme 7îpo60/£’Jç avait le sens de <xïtioç, principe actif et que, par suite, la préposition 81à qui entraîne la médiation du Fils, permettait d’entendre et d’expliquer la particule ex des Latins. Il rencontra une très vive opposition, surtout de la part de Mélétius d’Athènes, qui fit mine de sortir de la salle du concile et d’être prêt à partir pour l’exil. On reprochait à Veccos