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1393 LYON. LE IIe CONCILE ET LA RÉUNION DE L’ÉGLISE GRECQUE 1394

impérial cesserait de soutenir le fragile édifice de la paix religieuse. Les ennemis de l’union avaient en outre des appuis dans l’aristocratie et jusque dans le palais et la famille de l’empereur. Plusieurs généraux de sa parenté devaient aller jusqu’à trahir leur mandat pour la faire échouer. La sœur du basileus, Eulogie (à identifier avec l’épouse du Cantacuzène, Eugénie, qui changea de nom en embrassant l’état monastique, Georges Métochite, Historia dogmatica, t. I, n. 27, dans Mai, Nova Patrum Biblioth., t. viii b, p. 37), qui, au dire de Georges Métochite, se prévalait de son auguste parenté pour régenter les affaires de l’empire, et de sa pieuse profession pour régenter celles de l’Église, était l’âme de l’opposition. « Périsse le royaume de mon frère plutôt que la pureté de la foil » proclamait-elle. Elle envoya (vers 1277) des moines circonvenir et fanatiser sa fille Marie, reine des Bulgares, et celle-ci conçut bientôt le plan d’une vaste entreprise guerrière. Pressé par les Bulgares au Nord, et les Mameluks au Sud, l’empereur hérétique devrait succomber. L’unique résultat de cette tentative fut d’attacher au parti antiunioniste le patriarche de Jérusalem, Grégoire, choisi pour le négociateur du projet, qui échoua.

Malgré tous les obstacles qui se dressaient devant elle, l’union paraissait pouvoir se maintenir et même progresser, à condition toutefois qu’à Borne comme à Byzance, on observât toute la prudence qu’exigeaient les circonstances, qu’on évitât, là, les mesures irritantes et les injonctions inopportunes, et ici, les violences odieuses et les cruautés inutiles.

Les légats de Grégoire X s’étaient acquittés au mieux de leur mission. L’abbé du Mont-Cassin était revenu avec l’annonce de la trêve demandée. Michel, il est vrai, ne s’en embarrassa guère : il nela considérait que comme suspension d’armes avec les angevins, qui devait lui faciliter, à lui, le recouvrement total de l’ancien empire byzantin. Quant à Jean Parastron, il dut continuer comme par le passé à manifester en toute rencontre son respect et son amour pour les rites des grecs. Grec lui-même d’origine et connaissant leur langue, il pouvait contribuer beaucoup à créer l’atmosphère morale nécessaire au développement de .l’union. Il mourut bientôt à Constantinople (1275) en travaillant à cette œuvre, heureux de voir enfin rétablie cette union des Églises pour laquelle il avait tant de fois souhaitédonnersavie. Au cours de l’année 1275, le basileus envoyait une ambassade à Grégoire X, qui poussait activement les préparatifs de la croisade. Il l’informait de l’union religieuse, accomplie à Constantinople, l’assurait de son vif intérêt pour la guerre sainte, et surtout s’enquérait des princes qui y prendraient part, du terme de l’expédition et du plan de campagne des croisés. Évidemment, l’empereur craignait et visait à prévenir un retour des événements de 1204. De plus, il demandait au pape de prononcer l’excommunication contre le duc de Thessalie et de dissoudre l’alliance conclue entre celui-ci et les princes latins. Cf. Martène, Vet. script, collcct., t. vii, p. 244.

2° Sous Innocent V et Jeun XXI. Grégoire X

mourut le 10 janvier 127<>, quelques jours après l’arrivée des messagers qui l’avaient rencontré sur son chemin de retour a Rome. Moins souples, moins habiles, ses deux successeurs Immédiats allaient par leurs exl gences nouvelles compromettre les résultats obtenus.

1. Les demandes d Innocent V. —— Pierre de Tarcnqui Buccéda le 21 Janvier à Grégoire sous le nom d’Innocent v. poursuivit les négociations. Les envoyés de l’empereur avaient ordre d’observer les démarches et de pénétrer les projets de Charles d’Anjou. Ils purent êire témoins des Instances pressantes par lesquelles ce prince cherchait A obtenir du nouveau pape l’autorisation de se lancer > la conquête de Byzance Celui m. Insensible A ses prières, répliquai !

qu’il n’était pas juste d’enlever aux grecs leurs possessions légitimes, qu’il ne fallait pas faire la guerre à des chrétiens de peur de s’attirer la colère de Dieu. Une telle attitude, que les grecs ne manqueraient pas de rapporter à leur maître, devait prouver à celui-ci la bienveillance du Saint-Siège.

La réponse au message du Paléologue fut remise aux ambassadeurs grecs dans une lettre datée du 23 mai. En termes pressants, le pape y invitait le basileus à coopérer avec les latins à la croisade. Pour ce qui était de la requête pontificale au sujet des princes grecs alliés des latins contre Michel, il n’y pouvait accéder, à cause de l’opposition de ces derniers : il devait éviter de prendre parti dans le conflit pour ne point nuire à son rôle de conciliateur. Une ambassade pontificale, composée de quatre frères mineurs ayant à leur tête Jérôme d’Ascoli, général de l’ordre (le futur Nicolas IV), devait suivre de près l’ambassade grecque. Elle reçut, également le 23 mai, six lettres relatives à sa mission. Deux concernaient les pouvoirs des envoyés ; deux autres étaient adressées à Michel et l’invitaient, l’une à dépêcher des délégués pour traiter de la paix avec Philippe de Courtenay, .prétendant à l’Empire latin d’Orient, et le roi de Sicile, s’il voulait éviter la réalisation des projets angevins, et l’autre à se prêter aux demandes des légats pour une exécution plus complète de l’union religieuse ; une autre lettre exhortait le prince héritier Andronic à favoriser ce progrès ; une dernière enfin invitait le clergé à se conformer aux indications des légats touchant la profession de la vraie foi et la reconnaissance de la primauté romaine dont il devait donner assurance au Saint-Siège. Potthast, Regesta, n. 2113) —21 143.

Une instruction, remise le 25 mai aux légats, Potthast, n. 21 144, contenait les demandes précises du pape. L’empereur devait confirmer par un serment personnel la profession de foi faite en son nom à Lyon. Il devait obliger le clergé grec, qui n’avait fait sa soumission que par sa lettre au concile, à la prononcer de bouche avec serment en chacun de ses membres. Ceux-ci devaient promettre de ne rien faire ouvertement ou secrètement contre la croyance romaine. Ils devaient au contraire en instruire le peuple et introduire le Filioque dans leur symbole. Le pape s’engageait de son côté, selon la prière qu’en avait faite l’empereur, à laisser à l’Église grecque ses rites, pour autant qu’ils étaient conformes à la foi et aux canons. Les légats avaient aussi l’ordre de se rendre dans les principales villes de l’empire byzantin pour y recueillir les professions de foi du clergé. Ils recevaient en outre du pape le pouvoir d’excommunier quiconque s’opposerait à l’union, quel que fût son rang ou sa dignité.

Pour juger équitablement ces demandes d’Innocent V, il faut se souvenir que Georges Acropolite, qui avait à Lyon prononcé le serment au nom de l’em i percur, n’avait produit aucun document écrit qui l’accréditât à cet effet, mais avait seulement affirmé que l’empereur lui avait confié ce mandat de vive voix. Quant à l’épiscopat grer, sa lettre au concile ne contenait point de profession de foi et ne parlait qu’eu termes vagues de la primauté romaine, il et ail donc naturel et juste de lui demander des assurances à ce

sujet. En outre, les Intérêts politiques avaient été

tellement mêlés aux tractations religieuses que le pape pouvait se croire eu droit d’éprouver la sincérité

des greCS et dru exiger un gæe manifeste. L’insertion

du F Moque au symbole devait être la preuve de la pureté de leur foi et de leur obéissance au Saint-Siège,

considérations s’appliquent pareillement a la

Conduite de Jean I et de Nicolas III is a

Orientaux. Innocent V* prévoyait li bs deman des rencon la résistance des grecs. I >eua cédu »