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LYON. LE lie CONCILE ET LA RÉUNION DE L’ÉGLISE GRECQUE 1392

I. Sources. — 1° Les lettres de Grégoire X. Les plus importantes avaient été publiées par Haynaldi, Annal., an. 1274 ; nous les avons maintenant d’une façon plus complète dans J. Guiraud, Les registres de Grégoire X, Paris, 1892-1 8 ! ? 8. — 2° Les constitutions du concile. Sur les diverses éditions qui en ont été données, cf. J. —B.Martin, Conciles et bullaire du diocèse de Lyon, n. 1900, Lyon, 1905 ; le texte le plus sûr, d’après les registres de Grégoire X, dans J. Guiraud, ibid., n. 576, p. 241-250. — 3° L’histoire du concile. Nous en possédons le procès-verbal, intitulé : Brevis nota eorum quæ in secundo concilio Ludgunensi generali acta sunt, publié d’abord dans les Concil. général. Ecclesise catholicw, Rome, 1612, t. îv ; édit. de 1628, t. IV, p. 83-86. Parmi les sources grecques, la principale est Georges Pachymère, Mi-/ar, ). II « Xaio).ÔYOÇ, t. V, c. xi-xxii, P. G-, t. cxliii, col." 822-854 ; Nicéphore Grégoras († 1359), ’P(ou.<xïxYi ; lezopiaç, I. V, c. i-n, P. G., t. cxlviii, col. 260-269, est intéressant mais moins sûr. — 4° Les pièces relatives aux négociations entre Michel Paléologue et le Saint-Siège de 1268 à 1278. 62 pièces ont été signalées par L. Delisle Notice sur cinq mss. de la Biblioth. nationale et sur un ms. de la biblioth. de Bordeaux contenant des recueils épistolaires de Bérard de Naples, dans Notices et extraits des manuscrits, Paris, 1879, t. xxvii b, p. 87-167 (reproduite en partie dans Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, Paris, 1915, t. vi b, p. 1457-1471). — 5° Traités relatifs au concile. Des mémoires sur les questions à traiter au concile, celui de Bruno d’Olmutz a été publié en grande partie par Raynaldi, Annal, an. 1273, n. 6-18, et intégralement par Hôfler, Aûalecten zur Geschichte Deulschlands und Italiens, dans les Abhandlungen der hist. Klasse der K. bayer. Akademie der Wissensch., 3e série, Munich, 1846, t. iv, p. 18-28. Celui d’Humbert de Romans est dans Mansi, Concil., t. xxiv, col. 109-132 ; K. Michel, Das Opus tripartitum des Humberlus de Bomanis, Felsoôr (Hongrie), 1920, annonce une édition critique. L’/n sacrosanctum Lugduncnse concilium commeniarius, Fano, 1569, de Durand I er de Mende est doublement précieux par l’autorité du canoniste et par le fait de la part active qu’il prit aux travaux du concile. — 6° Avec le mémoire d’Humbert de Romans, Mansi, Concil., t. xxiv, col. 37-136, a publié les principales lettres de Grégoire X et des grecs relatives au concile, les constitutions du concile, la Brevis nota. Une analyse de tous les documents, complétée par une copieuse bibliographie, dans J.-B. Martin, Conciles et bullaire…, n. 1542-1900, 2864-2959, p. 378-461, 645-659. Voir encore Potthast, Begesta pontificum romanorum, t. ii, p. 1677-1682.

IL Travaux. — Z. B. Van Espen, Commeniarius in canones et décréta juris novi et in jus novissimum, dans Scripta omnia, Louvain, 1753, t. iv, p. 116-137 ; Noël Alexandre, Hist. eccl, sœc. xii et xiv, diss. VII, édit. Roncaglia-Mansi, 1778, t. viii, p. 322-378 (s’étend longuement sur la question des régales) ; A. Pichler, Geschichte der kirchlichen Trennung zwischen Orient und Occident, Munich, 1864, t. i ; J.-F. Schulte, voir au I er concile de Lyon ; G. Ortoleva, San Bonaventurae il secondo concilio di Lione, Rome, 1874 ; P. —A. Uccelli, II beaio Gregorio X pont, mas., il concilio di Lione IIe san Tommaso d’Aquino, dans II Papalo, Rome, 1877, t. viii, p. 289-325 ; A. Lecoy de la Marche, La prédication de la croisade au XIIIe siècle, dans la Bévue des questions historiques, Paris, 1890, t. xlviii, p. 5-28 ; H. Finke, Konzilienstudien zur Geschichte des XIII Jahrhunderls, Munster, 1891, p. 1-18 ; A. Zisterer, Gregor X und Budolj von Habsburg in ihren gegenseitigen Beziehungen, Fribourg-en-B. , 1891 ; C. Chambost, Le second concile général de Lyon, dans L’Université catholique, novembre 1893, p. 321341 ; W. Norden, Das Papsium und Byzanz, Berlin, 1903 (ce qu’il y a de plus complet) ; E. Gôller, Zur Geschichte des zweiten Lyoner Konzils und der Liber Sextus, dans Bbmische Quartalschrift, Rome, 1906, t. xx, p. 81-87 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1914, t. vi a, p. 153-209.

F. Vernet.

II. LE II CONCILE DE LYON ET LA RÉUNION DE L’ÉQLISE GRECQUE.— I. L Établissement de l’union sous Michel Paléologue. II. La ruine de l’union sous Andronic (col. 1403).

I. L’ÉTABLISSEMENT DE L’UNION SOUS MICHEL

Paléologue (1274-1282). — L’union était faite à Lyon. Il fallait la faire à Constantinople, et la chose n’était pas aussi aisée. Nous allons suivre les diverses péripéties de, cette affaire sous les divers papes qui se succédèrent très rapidement après le concile.

Sous Grégoire X.

Partis à la fin de juillet 1274,

les délégués du basileus arrivèrent dans la capitale, de l’empire à l’automne de la même année. Ils y apportaient des lettres de Grégoire X pour Michel Paléologue, son fils Andronic et l’épiscopat grec où le pape les exhortait à effacer toutes les traces du schisme. Ils avaient en outre des commissions verbales pour l’empereur dont la teneur ne nous est pas connue. Peut-être y était-il question du Filioque. Voir ces documents dans Mansi, Concil., t. xxiv, col. 78-80. Des légats du pape avaient été adjoints aux ambassadeurs grecs : Bernard, abbé du Mont Cassin, qui devait négocier une trêve d’un an à partir du 1 er mai 1275, entre Michel Paléologue et Charles d’Anjou, et Jean Parastron, frère mineur qui devait s’employer à l’achèvement de l’union.

La première opération qui s’imposait au basileus était le remplacement du patriarche Joseph. Comme celui-ci ne paraissait pas disposé à quitter sa charge, on assembla un concile et, sur la déposition de témoins qui rappelèrent les termes de son serment, on le déclara privé de sa dignité, et le siège fut vacant. Joseph se retira dans le monastère de la Péribleptos, assigné pour sa résidence. On cessa le 9 janvier 1275 de le nommer dans les prières liturgiques, et le 16 janvier, jour où les grecs célèbrent les chaînes de saint Pierre, eut lieu dans la chapelle du palais la proclamation de l’union. La messe fut célébrée par Nicolas de Chalcédoine, l’épître et l’évangile furent chantés en grec et en latin, et le diacre, aux ekténies, invita solennellement à prier pour « Grégoire, souverain pontife de l’Église apostolique et pape œcuménique ». Quoique le Filioque n’eût point été inséré au symbole, cette déclaration de l’union déchaîna dans la ville, au dire de Pachymère, la plus grande division, les uns prenant parti pour, et les autres contre la paix avec les latins, et la haine entre les grecs devint plus vive que celle qui d’abord les animait tous contre les latins. Pachymère, Michel Paléologue, t. V, c. xxii, xxiii, P. G., t. cxLni, col. 852-856.

L’empereur fit donner comme successeur au patriarche Joseph le chartophylax Jean Veccos, qu’il avait en grande estime pour ses talents et sa vertu. Sa pratique des affaires et sa science théologique, solide et étendue, achevaient de faire de lui le meilleur soutien qu’on eût pu rêver pour l’union. Celle-ci avait encore pour elle les membres du haut clergé, dont quelques-uns sans doute étaient vraiment convaincus, plusieurs autres n’avaient que la religion de l’empereur, et la plupart, gagnés d’abord par des raisons politiques, finissaient par regarder le fait accompli comme régulier et légitime ; mais tous tenaient profondement à leurs rites et coutumes et étaient extrêmement jaloux de leur honneur national. Aux côtés de Jean Veccos se tenaient ses archidiacres, Georges Métochite et Constantin Méliténiote, moins brillants, mais également sincères et prêts comme lui à souffrir persécution pour la vérité. Les circonstances politiques favorisaient grandement ce parti. Car, comme les grecs redoutaient par-dessus tout une nouvelle croisade contre Constantinople, l’union avec Rome enlevait tout prétexte à une expédition de ce genre et obligeait la papauté à s’y opposer. L’empire byzantin, nouvellement rétabli, avait besoin de cette assistance pour assurer sa vie.

Le parti hostile à l’union était de beaucoup le plus fort. Ne comptons pas les évêques qui se trouvaient dans les provinces non encore soumises, mais la masse compacte des moines était une puissance redoutable et pouvait tout sur le peuple. Quant à celui-ci, bien qu’il vît que rien ne changeait à sa liturgie et qu’il respectât la science et la vertu du patriarche catholique, c’était un jeu aux fanatiques d’entretenir son ressentiment contre les latins et de le faire éclater le jour où le bras