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1389 LYON (lie CONCILE ŒCUMENIQUE DE). ŒUVRE DU CONCILE 1390

les croix primitives détruites par les huguenots. Cf. L. Bégule, Monographie de la cathédrale de Lyon, Lyon, 1880, p. 94. Sur le sort des décrets conciliaires en Orient, voir l’art, suivant, col. Ic91 sq.

La croisade.

L’allocution finale de Grégoire X

fut consacrée au développement de cette idée que des trois buts proposés au concile deux avaient été heureusement atteints : l’union avec les grecs et les mesures en faveur de la Terre sainte. La question de la croisade était liée avec celle de l’union entre gre : s et latins ; c’était beaucoup de pouvoir compter sur l’appui de Michel Paléologue. Par ailleurs, les ambassadeurs du khan des Tartares étaient venus au concile solliciter une alliance contre les musulmans, le pape avait obtenu du concile pendant six ans la levée des décimes nécessaires, la prédication de la croisade eut quelque succès en France, les principaux souverains de l’Europe : empereur, rois de France, de Sicile, d’Angleterre et d’Aragon, prirent la croix, et une trêve conclue entre Charles d’Anjou et Michel Paléologue (1 er mai 1275) parut supprimer les derniers obstacles. Tout cela n’aboutit à rien. La mort de Grégoire X (10 janvier 1276) fut pour quelque chose dans l’avortement de l’entreprise. Mais on peut se demander si, lui vivant, elle aurait eu des chances sérieuses de triompher et si l’idée même de la croisade n’avait point péri avec saint Louis, le meilleur des croisés.

Le réforme morale.

 S’il était joyeux des résultats

du concile en ce qui regardait l’union et la croisade, Grégoire X manifesta sa peine de n’avoir pu mener à bonne fin toute l’œuvre de la réforme et dit, entre autres choses, quod prælali faciebant ruere lotum mundum. Brevis nota, Mansi, t. xxiv, col. 68. Les décrets disciplinaires rendus par le concile contribuèrent à améliorer la situation.

1. L’élection du pape et le conclave. Voir Conclave, t. iii, col. 709-713.

2. Les évêques.

Le pape dit, au concile, son étonnement de ce que de mauvais évêques ne se corrigeaient pas et les avertit de s’amender, alioquin dixit se dure acturum cum ipsis super reformatione mo-um. Brevis nota, dans Mansi, ibid. Dès le concile il fit quelques exécutions, celle notamment de l’évêque de Liège, Henri de Gueldre, qu’il avait vu de près avec indignation au temps où il était lui-même archidiacre de Liège. Cf. J.-B. Martin, n. 1796, 1800, 1826-1827.

3. Le clergé séculier.

Les constitutions du concile visent les ordinations, le culte divin, les censures, les procès, les bénéfices et biens d’églises.

4. Les ordres religieux.

Par son can. 23, le concile supprima tous les ordres mendiants fondés depuis le « concile général », c’est-à-dire depuis le IVe concile oecuménique du Latran, sans l’approbation du Saint-Siège. A ceux qui avaient été institués après le concile et qui étaient munis de cri le approbation il défendit de recevoir de nouveaux membres à la profession religieuse, d’acquérir de nouvelles maisons, d’en aliéner aucune, sans la permission du pape. Défense également d’exercer, à l’égard des étrangers, le ministère de la prédication et de la confession et de leur donner la sépulture. M ; iis cette constitution ne s’étendait pas aux deux ordres des Frères prêcheurs et des Frères mineurs qims evidens ex fis utilitas Ecclesia universalt provenions perlu bel approbatos. Les carmes et les ermite de saint Augustin, approuvés antérieurement au

IV* concile du Latran, devaient rester dans l’étal actuel

jusqu’à ce que le pape se prononçât sur eux. car il avait l’intention de pourvoir à tous les ordres, mendiants et antres, selon le besoin des Ames et le bien de ces ordres. Les auteurs nomment quelques-uns des

ordres frappés par cette constitution : FrcUm bcalæ

Maria—. Servi beattt Mari : r. Sarririi. l’ratrrs de pemi Untta, l’ratrrs de Ynllr viridi. Cf. J.-B, Martin, n. 1K| ! i,

2934. Pierre d’Ailly, Vita S. Pétri Cœlestini, t. II, ci, n. 5, dans les Acta sanctorum, édit. Palmé, mai, t. iv, p. 492, raconte que, le bruit s’étant répandu que le concile convoqué à Lyon supprimerait les ordres religieux non approuvés par le Siège apostolique, Pierre de Murrone, le futur Célestin V, alla trouver le pape, que celui-ci le reçut avec honneur et que privilegium confirmationis sui ordinis sub beali Benedicti régula impetravit. Cf. la bulle du 22 mars 1275, dans Potthast, n. 21 006. Grégoire X aurait désiré fondre en un seul tous les ordres religieux militaires ; il y renonça sur l’observation qui lui fut faite que l’Espagne, qui en possédait trois, n’y consentirait jamais. Cf. J.-B. Martin, n. 1821.

Rapports avec le pouvoir civil.

Le canon 12 est « comme la charte de la régale, » selon le mot du P. Desjardins,

La régale autrefois et aujourd’hui, dans les Éludes, janvier 1889, p. 80, qui, du reste, a donné de ce canon une interprétation discutable, février 1889, p. 268, 269. Cf. L. Bourgain, La régale autrefois et aujourd’hui, dans L’Université catholique, juin 1889, p. 280-286.

Dans son mémoire sur les réformes à introduire au concile, Bruno, évêque d’Olmiitz, conseiller intime d’Ottokar, roi de Bohême, avait signalé le mal résultant des prétentions rivales de Rodolphe de Habsbourg et d’Alphonse de Castille à la dignité d’empereur et l’obstacle qu’elles mettaient à la croisade et à la défense contre le schisme et l’hérésie qui menaçaient du côté du royaume hongrois. La manière dont il parlait du royaume de Bohême : soli regno Bohemise imminere videtur in partibus nostris defensio fidei christianæ, Raynaldi, Annal., an. 1273, n. 14, semblait poser la candidature d’Ottokar à l’empire. Ni Ottokar ne fut choisi, ni Alphonse de Castille. Le 6 juin, en consistoire, Grégoire X décida de donner la couronne impériale à Rodolphe, au nom de qui Otton, prévôt de Saint-Gui de Spire, son chancelier et procureur, les cinq archevêques de Mayence, Cologne, Trêves, Magdebourg et Brème, avec huit évêques et deux seigneurs temporels, confirmèrent au préalable les privilèges accordés par les empereurs d’Allemagne à l’Église romaine. L’élection de Rodolphe ne fut reconnue officiellement qu’après le concile. Cf. J.-B. Martin, n. 17831784, 1917 ; Raynaldi. Annal., an 1274, n. 55.

Remarquable par l’importance des questions traitées, le IIe concile œcuménique de Lyon le fut également par le nombre des personnages présents et par le prestige de quelques-uns d’entre eux : le pape, esprit supérieur, énergique et habile ; les quatre futurs papes Innocent V, Adrien V.Jean XXI et Nicolas IV (Jérôme d’Ascoli), ce dernier non présent au concile mais travaillant pour lui auprès de Michel Paléologue : toute une pléiade de saints, de théologiens et d’évêques illustres, à savoir, pour ne rien dire de saint Thomas d’Aquin mort en venant au concile, saint Bonaventure et saint Philippe Bénit i. et. avec les bienheureux ire X et Innocent V, les bienheureux Albert le Grand, Jean de Verceil et Humberl de Romans, et ce Jean Parastron qui. renvoyé par le concile en Grèce avec les grecs, raconte Nicolas Glassberger, Chronica,

dans les Analcrta franrisrana. t. m. p. 88, " lit. le jour de sa mort, plus de trois cents miracles et dont l’empereur et les prélats grecs sollicitèrent la canonisation auprès du pape, et Durand [" de Mendo le Spéculateur et Marin d’Êboli, et d’autres encore.

Les résultats réels ne répondirent pas aux promesses du concile. Du moins, comme l’a remarqué le chroniqueur contemporain Sabfl Malasplna, Rerum sicut., I. V. c. v. dans Baluze, Mttcellonea, édit. Mansi.

Lucques, 1761, t. i. p. 264, mit-il en relief le dévoue | ment et l’obéissance de. évêques BU Saint-Siège. Rarement la papauté apparut aussi puissante.