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1383 LYON (lie CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE). ŒUVRE DU CONCILE 1384

Si^Manuel Calécas (f vers 1400), Aduersus Grœcos, t. III, P. G., t. clii, col. 172 (voir une partie de son texte grec dans les Observationes de P. Poussines sur Pachymère, P. G., t. cxliv, col. 787, 788), méritait confiance, cette dernière définition aurait été promulguée in concilio Lugdunensi græcis latini.sque congrcgalis, ratifiée par les grecs et les latins, écrite en grec et en latin, et envoyée à Constantinople avec les légats. Que si, poursuit-il, cet écrit ne se voit pas maintenant partout, ce n’est pas étonnant : comment aurait-on conservé des écrits dont l’œuvre a été promptement détruite ? Mais, conclut-il, qu’un si grand et célèbre concile ait été réuni pour cela, plusieurs s’en souviennent encore.

Van Espen etBossuet, sans, du reste, se réclamer de Calécas, ont dit quelque chose de semblable. Qu’une constitution relative à l’un des principaux points discutés entre latins et grecs ait été émise avant la venue des grecs, donc avant la ive session, c’est tout à fait contraire à la vraisemblance, dit Van Espen, Scripta omnia, Louvain, 1753, t. iv, p. 116. Bossuet, Defensio declar. cleri gallicani, p. III, t. VII, c. xxxv, suppose que la constitution sur la procession du Saint-Esprit couronna l’œuvre du concile.

On ne saurait l’admettre. Des 31 constitutions, la première, sur la procession du Saint-Esprit, est la seule qui soit dogmatique ; or, le procès-verbal du concile nous apprend de la ive session seule que latæ sunt constitutiones pro zelo fidei et il n’insère pas la constitution sur le Saint-Esprit dans la liste qu’il dresse des constitutions portées aux séances ultérieures. A le lire, on constate que tout s’est passé comme l’avaient voulu Clément IV et Innocent IV : la foi que les grecs ont proposée n’a été ni définie ni discutée, mais simplement reconnue par eux comme la foi véritable. Durand dellende, de son côté, dit que les grecs chantèrent le Filioque en union avec les latins, mais non que la constitution sur le Saint-Esprit, qu’il commente, ait été faite pour eux et souscrite par eux. In sacrosanctum Lugdun. conc. commentarius, ꝟ. 3 b.

Quelle fut donc la raison d’être du can. 1 du concile et dans quelle mesure a-t-il été porté en vue des grecs’? Il semble que le concile ait profité d’une circonstance favorable pour affirmer à l’adresse de tous les fidèles, en termes plus explicites que par le passé, la croyance de l’Église catholique sur la procession du Saint-Esprit ex Pâtre et Filio ianquam ex uno principio. Définir que le Saint-Esprit procède ex Pâtre et Filio c’était condamner l’erreur des grecs. Définir qu’il en procède tanquam ex uno principio c’était proscrire l’erreur opposée, plus ou moins admise par certains latins, osant prétendre quod Spiritus Sanctus ex Paire et Filio tanquam. ex duobus principiis et non tanquam ex uno procédât. Cette deuxième condamnation n’avait-elle pas, du même coup, l’avantage de ménager l’amour-propre des grecs en leur montrant qu’ils n’étaient pas les seuls à s’être trompés, que l’Église romaine ne faisait pas acception de personnes et s’opposait à l’erreur partout où elle la trouvait, que ce fût chez les latins ou chez les grecs ? Il est croyable que ces considérations ont été présentées aux grecs arrivant au concile, et l’on comprend, sans que la définition ait été promulguée en leur présence et avec leur consentement, — la date tardive où écrivait Cak’cas explique son inexactitude sur ce point — qu’ils aient emporté chez eux le double texte de la définition, grec et latin, dont parle Calécas.

L’empereur donc et les évêques grecs, par leurs représentants, déclarèrent qu’ils adhéraient à la profession de foi prescrite par Clément IV et par Innocent IV, et s’engagèrent, en se servant de la formule de serment contenue dans la lettre des cardinaux de

1270, à garder cette foi, et, tout particulièrement, à reconnaître la primauté de l’Église romaine. Cossart, dans Labbe, Concilia, Paris, 1671, t. xi a, col. 971, insinue que le texte connu du sacramentum yncrorum n’est pas authentique, étant donné qu’il est à peu pics le même que celui de l’empereur ; c’est, au contraire, une raison d’en admettre l’authenticité substantielle, puisque la lettre des cardinaux renfermait une formule unique, à l’usage de l’empereur et des autres grecs.

Voici la profession de foi :

Credimus sanctam Trinltatem, Patrem et Filium et Spiritum sanctum, unum Deum omnipotentem totamque in Trinitate deitatem coessentialem et consubstantialem, coseternam et omnipotentem, unius voluntatis, potestatis et majestatis, creatorem omnium creaturarum, a quo omnia, in quo omnia, per quem omnia quæ sunt in coelo et in terra, visibilia, invisibilia, corporalia et spiritualia. Credimus singulam quamque in Trinitate personam, unum verum Deum, plénum et perfectum.

Credimus ipsum Filium Dei, Verbum Dei, œternaliter nalum de Pâtre, consubstantialem, coomnipotentem et œqualem per omnia Patri in divinitate, temporaliter natum de Spiritu sancto et Maria semper virgine, cum anima rationali, duas habentem nativitates, unam ex Pâtre nativitatem seternam, alteram ex matre temporalem, Deum verum et hominem verum, proprium in utraque natura atque perfectum, non adoptivum, nec phantasticum, sed unum et unicum Filium Dei in duabus et ex duabus natutis, divina scilicet et humana, in unius personas singularitate, impassibilem et immortalem divinitate, sed in humanitate, pro nobis et salute nostra, passum vera carnis passione, mortuum et sepultum, et descendisse ad inferos, ac tertia die resurrexisse a mortuis vera carnis resurrectione, die quadragesima post resurrectionem cum carne qua resurrexit et anima ascendisse in coelum, et sedere ad dextram Dei Patris, inde venturum judicare vivos et mortuos, et redditurum unicuique secundum opéra sua, sive bona fuerint sive main.

Credimus et Spiritum sanctum, plénum et perfectum verumque Deum, ex Pâtre Filioque procedentem, coœqualem et consubstantialem et coomnipotentem et coæternum per omnia Patri et Filio.

Credimus hanc sanctam Trinitatem, non très Deos sed unicum Deum omnipo Nous croyons à la sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, un seul Dieu toutpuissant et, dans la Trinité, toute la divinité coessentielle etconsubstantielle.coéternelle et toute-puissante, d’une seule volonté, puissance et majesté, fun seul Dieu] créateur de toutes les créatures, de qui, en qui et par qui sont toutes choses, celles qui sont dans le ciel et sur la terre, visibles et invisibles, corporelles et spirituelles. Nous croyons à chaque personne dans la Trinité, à un seul vrai Dieu, accompli et parfait.

Nous croyons au Fils même de Dieu, le Verbe de Dieu, éternellement né du Père, consubstantiel, coomnipotent et égal en toutes choses au Père en divinité, né temporellement du Saint-Esprit et de Marie toujours vierge, avec une âme raisonnable, ayant deux naissances, une naissance éternelle du Père, une autre, temporelle, de sa mère, vrai Dieu et vrai homme, réel et parfait dans l’une et l’autre nature, non î fils] adoptif, ni fantastique, mais un seul et unique Fils de Dieu en deux natures et de deux natures, à savoir la divine et l’humaine, dans la singularité d’une seule personne, impassible et immortel dans sa divinité, mais dans son humanité, pour nous et notre salut, ayant souffert une vraie passion de la chair, mort et enseveli, et descendu aux enfers, et le troisième jour ressuscité d’entre les morts par une vraie résurrection de la chair, le quarantième jour après la résurrection monté au ciel en la chair avec laquelle il ressuscita et en âme, et assis à la droite de Dieu le Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts, rendant a chacun selon sel œuvres, bonnes ou mauvaises.

Nous croyons aussi au Saint-Esprit, Dieu accompli et parfait et véritable, procédant du Père et du Fils, coégal et consubstantiel et coonmipotent et coéternel en toutes choses au Père et au Fils.

Nous croyons a cette sainte Trinité, non pas à trois Dieux mais à un Dieu unique tout