Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/695

Cette page n’a pas encore été corrigée

13Î

LYON (lie CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE ;. HISTOIRE

L376

discuter ; il écrivait aussi, aux mêmes fins, à divers archevêques, évêques et chefs d’ordres religieux de tous pays. Cf. J.-B. Martin, n. 156l, 1562. Avant cette date, Humbert de Romans avait rédigé, pour le concile, dans le même ordre d’idées, un mémoire traitant des Sarrasins, de l’union avec les grecs et de ce qu’il y avait à corriger dans l’Église latine. Cf. K. Michel, Das Opus tripartitum des Humbertus de Romanis, Felsoor, 1920.

Au mois d’avril 1273, en consistoire, Grégoire X fit connaître qu’il avait choisi Lyon pour réunir le concile général. Cf. J.-B. Martin, n. 1563. Ancien chanoine de Lyon, ayant pris part au I er concile œcuménique de cette ville, il savait combien elle offrait de ressources pour une pareille assemblée. Il ne se décida pas sans peine à quitter l’Italie, où sa présence était très utile dans l’état de lutte entre guelfes et gibelins. Mais l’intérêt de la Terre sainte le détermina ; l’aide qu’elle réclamait dépendait surtout des princes et des prélats qui pouvaient plus commodément se grouper au delà des monts, ainsi qu’il s’en expliquait dans les lettres par lesquelles, le 13 avril 1273, il annonça le choix de Lyon à l’archevêque de Sens et à ses sufïragants, ainsi qu’aux autres archevêques et évêques, aux rois de France, d’Angleterre, de Castille, etc. Le 27 avril, il invita au concile le roi et le catholicos (patriarche) d’Arménie — Il les priait d’envoyer à Lyon les actes du concile de Nicée, ou d’autres conciles qu’ils pourraient avoir en arménien, avec des interprètes habiles. Deux bulles du même jour au patriarche latin de Jérusalem et à l’évêque d’Arados les informaient de cette demande et les pressaient d’insister dans le même sens. Cf. J.-B. Martin, n. 1567-1577.

Le 3 juin 1273, samedi des Quatre-Temps de la Pentecôte, Grégoire créa cinq cardinaux. Cf. C. Eubel, Hierarchia catholica medii sévi, 2e édit., Munich, 1913, p. 9. L’un d’eux était le dominicain Pierre de Tarentaise ; nommé archevêque de Lyon, le 8 juin de l’année précédente, cf. J.-B. Martin, n. 1548-1551, il y avait apaisé momentanément une lutte de trois ans entre les bourgeois et les chanoines, et facilité de la sorte la réalisation du dessein du pape de réunir à Lyon le concile œcuménique. Un autre fut saint Bonaventure, général des Frères mineurs ; en lui annonçant qu’il l’avait créé cardinal-évêque d’Albano, le pape lui ordonna de se rendre immédiatement auprès de lui, (Grégoire était à Orvieto), pour aller, de là, au concile de Lyon. Cf. S. Bonauenturse opéra omnia, Quaracchi, 1912, t. x, p. 63.

Grégoire X arrive à Lyon avec une nombreuse suite, entre le 3 et le 18 novembre 1273, non vers la mi-carême, comme le dit Guillaume de Nangis, Gesta Philippi III régis, t. I, c. xiv, dans Monum. Germ. hist., Script., t. xxvi, p. 671, ni en décembre, comme l’affirment les Notée Lemovicenses, ibid., p. 437. Cf. J.-B. Martin, n. 1591. Toute une série de lettres sont écrites pour obtenir certaines présences au concile. Celle des représentants de Michel Paléologue est désirée entre toutes ; afin d’écarter les obstacles, le pape exhorte Charles d’Anjou, Philippe, empereur latin de Constantinople, et Laurent Tiepolo, doge de de Venise, à conclure une trêve avec l’empereur grec et multiplie les demandes de sauf-conduits pour ses envoyés. Cf. J.-B. Martin, n. 1593-1606. Il engage le roi d’Angleterre, Edouard I er, à hâter son couronnement qui se trouvait fixé au temps du concile, en sorte que lui et les évêques anglais puissent prendre part à la grande assemblée. Cf. J.-B. Martin, n. 1608. Pour que Jacques I er, roi d’Aragon, vienne personnellement, il lui envoie le dominicain Pierre d’Alcana. Cf. J.-B. Martin, n. 1615. Avec les princes temporels, il appelle au concile un des princes de l’intelligence, frère Thomas d’Aquin, qui se met en route de Naples

vers Lyon, emportant le traité qu’il a composé, sur l’ordre d’Urbain IV, contre les erreurs des grecs. Cf. Guillaume de Tocco, Vita S. Thorax, n. 57, 64, dans les Bollandistes, Acta sanctorum, édit. Palmé, mars, t. i, p. 674, 676.

2° Les membres du concile. — On eut, à Lyon, une des plus nombreuses assistances conciliaires qui aient jamais été vues. Les chroniqueurs s’accordent, sauf quelques variantes, à donner les chiffres suivants : 500 évêques, 60 abbés, plus de 1000 autres prélats ou procureurs. Cf. J.-B. Martin, n. 1648. D’après trois annalistes, il serait mort, durant le concile, 166 cardinaux, archevêques, évêques ou abbés mitres ; deux annalistes évaluent à 160 000 les étrangers qui se rendirent à Lyon à l’époque du concile. Cf. J.-B. Martin, n. 1830, 1856. Évidemment ces derniers chiffres sont surfaits. Les actes officiels et les auteurs contemporains ont fourni une liste d’environ 125 noms de membres du concile, « dont 44 prélats et seigneurs d’Italie, 26 d’Allemagne et des pays du Nord, 21 de France, 19 de l’Orient (Syrie et Orient latin), 8 de l’Angleterre et 6 de l’Espagne ». Cf. J.-B. Martin, p. xxix-xxxi.

Parmi les cardinaux figurent Pierre de Tarentaise, évêque d’Ostie et de Velletri (le futur Innocent’), Ottoboni Fieschi, cardinal-diacre de Saint-Adrien (le futur Adrien V), Pierre d’Espagne, évêque de Tusculum (le futur Jean XXI), saint Bonaventure. Après eux, les patriarches latins d’Antioche et de Constantinople. Parmi les évêques qui sont restés célèbres à des titres divers, le bienheureux Albert le Grand, évêque de Ratisbonne, Marin d’Éboli, évêque de Capoue, Guillaume I er Durand, évêque de Mende, Etienne Tempier, évêque de Paris, Odon Rigaud, archevêque de Rouen, Aymar de Roussillon devenu de prieur de Cluny archevêque de Lyon où il succédait, aux environs du 5 mai, à Pierre de Tarentaise. Parmi les religieux, saint Philippe Beniti, général de l’ordre des servîtes, le dominicain Humbert de Romans et Jean de Verceil, général des Frères prêcheurs. Parmi les laïques, un seul roi, Jacques I er d’Aragon ; en outre, des représentants des rois de France, qu’Allemagne, d’Angleterre, de Sicile, de Chypre, du khan des Tartares. Les représentants de l’empereur Michel Paléologue et des évêques grecs sont présents aux trois dernières sessions. Saint Thomas d’Aquin n’assiste pas au concile, comme l’a prétendu Amaury Augier de Béziers, Actus pontifteum romanorum, dans Muratori, Rerum italicarum scriplores, 1723, t. m b, p. 425 ; tombé malade en s’y rendant, il était mort au monastère de Fossa Nuova, le 7 mars 1274. Ni Michel Paléologue non plus, ni Rodolphe de Habsbourg bientôt empereur d’Allemagne, ni Guillaume, grand maître de l’Hôpital, ne paraissent au concile, quoi qu’en aient dit divers chroniqueurs. Cf. J.-B. Martin, n. 1760-1762. On y voit Guillaume de Corcelles, chevalier des hospitaliers de Saint-Jçan de Jérusalem, et Guillaume de Beaujeu, grand maître du Temple.

Philippe le Hardi, roi de France, venu en visite auprès de Grégoire X (mars-avril 1274), et qui avait terminé avec lui l’affaire de la cession du Comtat-Venaissin au Saint-Siège, lui avait laissé, pour le temps du concile, une garde nombreuse commandée par Imbert de Beaujeu, son parent. Cf. J.-B. Martin, n. 1633. En même temps qu’archevêque de Lyon. Aymar de Roussillon a été nommé gardien du concile. Cf. J.-B. Martin, n. 1764. Sur la part prise p.*r Albert le Grand et Jean de Verceil, général des Frères prêcheurs, aux travaux de l’assemblée conciliaire nous avons des renseignements assez vagues. Cf. V.-M. Fontann. Monumenta dominicana, Lyon, 1675, p. 104. Les deux personnages de premier plan furent manifestement le dominicain Pierre de Tarentaise et le franciscain