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    1. LUXURE##


LUXURE. ESPÈCES

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En souillant leur corps par l’impureté, ils se rendent coupables d’une profanation, d’autant plus exécrable, qu’ils ont été élevés à une dignité plus haute et une union plus étroite avec la sainte Trinité. Tollens ergo membra Christi faciam membra merelricis ? Absit. An nescitis quoniam qui adhseret meretrici unum corpus efficitur ? I Cor., vi, 15. Non enim vocavit nos Deus in immunditiâm, sedin sanctificationem. I Thess., iv, 7.

4. Les Pères, — L’enseignement patristique sur cette matière est en partie le commentaire développé des passages précités. On pourrait aisément multiplier les citations. Contentons-nous de celles-ci, qui sont pour ainsi dire classiques.

Saint Jean Chrysostome commentant le texte de saint Paul, I Cor., vi, 15, écrit : « Si votre corps n’est pas à vous, vous n’avez pas le droit de déshonorer ce corps, qui ne vous appartient pas, et qui surtout est le corps du Seigneur ; vous n’avez pas le droit de souiller le temple du Saint-Esprit. » In laxa ad Cor., hom. xviii, P. G., t. lxi, col. 147 ; cf. hom. xi, ibid., col. 87 sq. — Saint Jérôme, In Epist. ad Gal., t. III, c. v, P. L., t. xxvi, col. 414 sq. ; In Epist. ad Ephes., t. III, c. v, ibid., col. 519 sq. — Saint Augustin, Ista(ppera carnis) in nobis, iamquam idola frangenda sunt. In usus meliores vertenda sunt ipsa corporis nostri membra, ut quæ serviebant immundiliæ cupiditatis, serviant gratiæ caritatis. Serm., clxiii, P. L., t. xxxviii, col. 890 ; cf. Serin., clxii, col. 885 sq. — Saint Grégoire de Nysse : « C’est une maîtresse cruelle et terrible que la luxure, C : udclis enim domina ac rabiosa luxuria est. » P. G., t. xliv, col. 363. cf. Oratio in illud : qui fornicatur in proprium peccat, t. xlvi, col. 490 sq. — Saint Grégoire le Grand : Luxurise inquinamenta Deo valde odibilia sunt. In I Reg., t. VI, P. L., t. lxxix, col. 408 ; et encore : Luxurise. crimen usque ad perditionem vorat, omnesque virtutes destruil. Lib. Moralium, t. XXI, c. xii, t. lxxvi, col. 201. — Voir aussi Cassien, De cœnobiorum institutis, t. VI, De spirilu fornicationis, P. L., t. xux, col. 265 sq. ; Collationes, coll. v, De cclo principalibus vitiis, P. L., t. xlix, col. 609 sq.

Morale chrétienne et morale indépendante.

On

voit par là quelle différence radicale existe entre la morale chrétienne et la morale dite indépendante.

Les représentants de cette dernière se partagent en deux groupes principaux. Les uns, par rapport à la chasteté, admettent plus ou moins les principes de la saine raison, mais, faisant abstraction de Dieu et de la religion, ils les fondent uniquement sur l’honnêteté naturelle. Que pareille morale soit impuissante à maintenir la vie sexuelle dans les bornes fixées par Dieu, auteur de la nature, on ne saurait en douter. L’expérience quotidienne en fait foi.

Les autres, matérialistes plus ou moins prononcés, nient qu’il y ait une moralité proprement sexuelle. Tout, d’après eux, « se ramène en cette matière soit à des règles d’hygiène, rendues morales indirectement par les principes de tempérance <— de dignité, Boil a l’application entre les hommes et les Femmes des règles générales de sincérité ci de bienveillance, soit enfin 41u respect provisoire des luis existantes, lors même qu’on travaille a en obtenir le changement. » André Lalende, Euat de catéchisme moral. Cette doctrine, qui révolte la saine raison, trouve indirectement sa réfutation dans notre exposé des principes chrétiens.

Nous ne nous attarderons pas à discuter la doctrine tonl récemment « posée par Freud et qui a eu la vogue que l’on sait. I>’aprcs lui. toutes les névroses proprement dites, sont, sans exception, d’origine sexuelle. Pour l-’r ! ud, la sexualité confisque a peu près toute la vie affective, La libidoe » à l’origine de la religion et de

Ja morale. Voir Ch. Illondcl. L-/ psi/, humilier. I

1924 ; Gemelli, op. < il., p.’j : i sq.

MCI DB r Il OL.’M Ilot.

III. Espèces.

Les péchés contre la pureté se divisent en péchés externes ou internes. Les péchés externes sont ou des péchés consommés ou bien non consommés. Les péchés consommés peuvent se subdiviser en péchés juxia naturam et en péchés contra naturam.

Péchés consommés.

Ce sont, dit Noldin, op. cit.,

n. 14, ceux où il y a effusio seminis. Ils sont, dit-il, juxta naturam, quando effusio seminis ex se apla est ad generaiionem hominis ; ils sont contra naturam, quando effusio ineptæst ad hominis generationem.— — Cette définition est au moins équivoque, puisqu’elle ne peut s’appliquer aux deux sexes, n’y ayant point chez la femme de semen proprement dit. D’ailleurs, comme nous le verrons, la pollution qui est un péché consommé, contre nature, ne tire pas sa malice, à proprement parler de la déperdition volontaire du semen, mais bien du fait qu’elle est un usage complet des organes sexuels en dehors du concubitus. Il serait donc plus exact de définir les péchés consommés : Inordinatus usus completus membrorum genitatium. Ce péché est juxta naturam, quand la génération peut en suivre ; il est contra naturam, quand l’usage en est tel qu’il exclut la génération.

1. Les péchés juxta naturam sont la simple fornication et la fornication qualifiée. Celle-ci diffère de la première en ce qu’il s’y joint une circonstance qui aggrave sa culpabilité ou en change l’espète. Dans cette catégorie rentrent selon saint Thomas, Summ. theol., II a —II iE, q. cliv, a. 1, l’adultère, l’inceste, le stupre, le rapt et le sacrilège. Cf. Gratien, Décret., caus XXXVI. q. 1, c. 2 ; P. Lombard, IV Sent., dist. XLI. — De la fornication, de l’adultère, de l’inceste, il a été traité dans des articles spéciaux ; pour le stupre, voir Fornication, col. 606. Du rapt et du sacrilège charnel il sera question dans des articles ultérieurs. Il nous reste donc à parler des péchés ( ontre nature.

2. Les péchés contre nature sont : la pollution, la sodomie, la bestialité et l’onanisme. Pour l’onanisme, voir Époux (Dev >irs des). — Ces péchés sont spécifiquement distincts. Voilà pourquoi le pape Alexandre VII a condamné la proposition suivante. Mollities.sodomia et bestialitas sunt peccata ejusdem speciei infimes ; ideoque sufficit dicerc in confessione, se procurasse pollulionem. Denzingcr-Bannwart, n. 1124.

a) Pollution. — Ce péché tire son nom de l’effet physiologique qu’il produit chez l’homme, c’est-à L dire de l’effusion du sperme Impliquant une souillure corporelle. Toutefois, cet effet ne constitue pas, comme nous le verrons, la raison propre de ce péché. On l’appelle encore, sans doute à cause d’un mot mal compris de saint Paul, mollitics. terme qui signifie mollesse de volonté et de tempérament, et qui marque le défaut dont sont affectés d’ordinaire ceux qui s’adonnent à ce ice. (Saint Paul, I Cor., VI, 10, attache à ce mot un autre sens, il entend par molles ((jKXAOCXt t> les efféminés qui servent de patients aux àpævoxoÏTai.)

Masturbation est un autre terme par lequel on désigne la pollution. On veut le faire dériver de manu stupratto ou manuturbatlo, cette dérivation doit indiquer la manière dont ce péché se commet d’ordinaire. Enfin, pour des raisons qu’on devine Facilement, on appelle encore la pollution, péché ou onanisme solitaire.

Saint lphonse de Liguori, 1. IV. n. 465, en donne la définition suivante : Motlitirs sine pollutio est cum absque COngresi’J setl COpula viilunlarie pr<n uratur fluxus seminis, sire ut foras rf’fiindatur ut in maribus, sire intus difflual ut in frminis. N’est donc pis compris dans cette définition, le fluxus seminis qui se produit d’une manière Imperceptible et sans délectation, cornu cas chez ceux qui souffrent de iperma IV 13