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LECLERC — LE CLERC

de divers ouvrages de M. L. C., 2 vol. in-12, Amsterdam, 1699. Ce sont des réflexions critiques dans lesquelles plusieurs articles du Dictionnaire de Bayle sont vivement pris à-partie ; Bayle répondit et les deux adversaires s’accusèrent l’un l’autre d’être des athées. Cf. Mémoires de Trévoux, août 1707, p. 1347-1366 et octobre 1707, p. 1737-1752. — Histoire des Provinces-Unies (1560-1716), éditée d’abord d’une manière très imparfaite et rééditée à Amsterdam en 1738 en 2 vol. in-fol. Mémoires de Trévoux, juil. 1724, p. 1157-1194, et septembre, p. 1610-1633. — Enfin il faut citer les trois encyclopédies publiées par Leclerc, en collaboration avec d’autres écrivains : Bibliothèque universelle et historique, 26 vol. in-12 de 1686 à 1693 ; Bibliothèque choisie, pour servir de suite à la Bibliothèque universelle, 28 vol. in-12 de 1703 à 1713 ; Bibliothèque ancienne et moderne, 29 vol. in-12 de 1714 à 1730. Ces trois recueils ou journaux donnent des analyses parfois très détaillées sur les écrits parus, avec des dissertations souvent singulières. Jean Leclerc avait aussi collaboré aux Nouvelles de la République des Lettres depuis 1684 jusqu’en 1710, 51 vol. in-12, Amsterdam, 1684-1710.

Michaud, Biographie universelle, t. xxiii, p. 521-522 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxx, col. 196-200 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 45-48 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. iii, p. 743-749 ; Haag, La France protestante, t. vi, p. 464-470 ; J. Clerici vita et opera ad annum 1711, in-8°, Amsterdam, 1711 ; A. Sayous, Histoire de la littérature française à l’étranger, t. ii, p. 35-57 ; Histoire littéraire de Genève, t. ii, p. 283-310.

J. Carreyre.

2. LE CLERC Laurent-Josse, sulpicien. — Le troisième des dix-huit enfants du célèbre graveur du roi, Sébastien Le Clerc, d’origine messine, Laurent-Josse naquit le 22 août 1677, à Paris, aux Gobelins où demeurait son père. Après une première éducation paternelle qui sut lui apprendre à observer et à réfléchir, il poursuivit ses études littéraires dans un des nombreux collèges de la Montagne-Sainte-Geneviève et, le 2 juin 1696, il entrait au Petit Séminaire Saint-Sulpice. Le 27 octobre 1703, il passa au Grand Séminaire et fut reçu licencié de Sorbonne le 29 janvier 1704. Il débuta dans l’enseignement par un cours de théologie au séminaire de Tulle. Trois ans après, il fut envoyé à Orléans, lorsque Mgr Fleuriau d’Armenonville confia son séminaire aux prêtres de Saint-Sulpice. Il y demeura jusqu’en 1722 puis fut transféré au séminaire de Lyon, où il resta jusqu’à sa mort arrivée le 7 mars 1736. Tout en professant la théologie et en s’occupant de la direction du séminaire, il se délassait par des recherches d’histoire et de critique qui le mirent en relation avec les savants les plus estimés d’Orléans et de Lyon. Peu à peu ses amitiés littéraires s’étendirent au loin et il entretint un commerce de lettres avec un bon nombre de savants renommés à des titres divers, dont les principaux sont La Monnoye, de l’Académie française, les PP. Lelong et Desmolets de l’Oratoire, le P. Echard, dominicain, dom Liron, bénédictin, les PP. Germon et Oudin, jésuites, l’abbé Papillon, de Dijon, le président Bouhier, Baluze, etc.

Les écrits de Laurent Le Clerc se rapportent à la théologie, à l’histoire ecclésiastique, et à la biographie ou critique littéraire. Les écrits théologiques assez nombreux sont restés manuscrits. Ce sont : 1° Tractatus de gratia divinisque auxiliis qui se compose d’une partie dogmatique et d’une partie historique. Dans celle-ci on trouve, au sujet des querelles du temps, l’éclaircissement de plusieurs faits contemporains peu connus sur lesquels l’auteur avait des renseignements personnels très précis. Ainsi il nous apprend que l’auteur de la lettre envoyée en 1650 par les évêques de France au pape Innocent X, pour demander la condamnation de Jansénius, n’est pas Isaac Habert, évêque de Vabres, comme on le dit communément, mais bien Doni d’Attichy, évêque de Riez, transféré à Autun en 1652. Cette année-là, passant à Orléans, ce prélat avait lui-même certifié le fait à Alphonse Debbene, évêque du diocèse et au doyen du chapitre, Charles Meusnier, lequel écrivit ce double témoignage en tête de son exemplaire de la lettre à Innocent X, que M. Le Clerc dit avoir entre les mains. Dans la partie dogmatique il raconte comment, après avoir lu et relu saint Augustin, et parcouru tous les systèmes, il s’est arrêté à celui du P. Thomassin ; 2° Lettres sur la constitution Unigenitus ; 3° Tractatus de justificatione ; 4° Tractatus de scientia Dei et prædestinatione ;De augustissimo eucharistiæ sacramento ; 6° De ordinis sacramento ; auquel traité se rattache De vita, honestate et moribus clericorum ; 7° Tractatus dogmaticus in quo quæcumque B. Virginis Deiparæ privilegia et laudes spectant, expenduntur ; 8° Dissertation touchant l’autorité de saint Augustin.

Parmi les écrits concernant l’histoire ecclésiastique, signalons : 1° Dissertation touchant l’auteur du symbole Quicumque, etc., par un licencié de Sorbonne, in-12, Lyon, 1730 ; 2° Histoire abrégée des plus célèbres écrivains ecclésiastiques suivant l’ordre du temps, etc. 3° De concilii Antiocheni decreto contra Paulum Samosatenum, in quo reprobatum vulgo creditur Homoousion : 4° Decretum Gelasii vulgo dictum, notis criticis illustratum avec un appendice : S. Fausti innocentia, sanctitas et bona præsertim fides contra ejus sive antiquos sive neotericos obtrectatores demonstrantur ; 5° S. Cæsarii Arelatensis augustinismus discutitur et excutitur.

Ce ne sont pas ces travaux de théologie ou d’histoire restés pour la plupart manuscrits, connus seulement d’un cercle restreint d’auditeurs ou d’amis, qui ont établi la réputation de L. Le Clerc parmi les érudits de son temps, mais il la doit à divers écrits imprimés, contenant des remarques de critique et de biographie littéraire. Sa critique s’exerça d’abord sur le Dictionnaire historique de Moréri. Il publia à Orléans, in-8°, 1719 : Remarques sur différents articles du premier volume du Dictionnaire de Moreri de l’édition de 1718. En 1720 et en 1721 parurent les Remarques sur le second et sur le troisième volume du Moréri. Ces remarques et d’autres non imprimées sur les volumes suivants servirent à perfectionner l’édition du Moréri donnée en 1724. Les frères Bruyzet, libraires de Lyon, voulant réimprimer le Dictionnaire français de Richelet, chargèrent L. Le Clerc de refaire la notice abrégée des écrivains cités dans le dictionnaire qui figurait dans les éditions précédentes. Il donna donc en tête du premier volume, p. i-xcvi, Bibliothèque du Richelet ou abrégé de la vie des auteurs cités dans ce dictionnaire. On y trouve des anecdotes intéressantes, et pour ne citer qu’un exemple, de curieux détails sur la composition et les premières éditions du livre De la fréquente communion, et sur le peu de fidélité avec laquelle ont été traduits les textes cités. En 1731, ce fut le tour de Bayle dont L. Le Clerc examina l’œuvre dans sa Lettre critique sur le Dictionnaire de Bayle, ouvrage rempli d’érudition, qui fut bientôt suivi en 1733 de Remarques critiques sur divers articles du premier volume du Dictionnaire de Bayle. Elles ont été publiées à la fin du premier volume dans la 5e édition donnée par M. de Maizeaux ; les volumes suivants s’enrichirent successivement de remarques semblables. Dans l’édition de 1820, les remarques ont été mises à leur place. Les Remarques critiques sur le Dictionnaire de Bayle publiées à part en 1748 par l’abbé Joly, sont pour la plus grande partie empruntées à L. Le Clerc.

Notre auteur a fourni aussi quantité de remarques et d’additions au P. Echard, dominicain, pour ses