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LÉANDRE DE SÉVILLE — LE BOSSU

en campagne en 582 ; la guerre civile eut les conséquences que l’on sait. Fait prisonnier en 584, et exilé à Valence, le jeune prince sera décapité en 585.

C’est durant ces conjonctures, à une date que nous ne saurions préciser, que Léandre devint archevêque de Séville. Son épiscopat menaçait donc d’être fort traversé. Mais un extraordinaire revirement eut lieu à la mort de Léovigilde (586). Le fils du roi arien, le frère du martyr Herménégilde, Reccarède, dès’les premiers mois de son règne, se décidait à passer au catholicisme, entraînant avec lui une bonne partie des’3 Wisigoths. Sans doute les choses ne se passèrent pas avec la célérité dont parlent certains historiens. Une lettre de Grégoire le Grand à Léandre d’avril 591, celle-là même qui annonce l’envoi prochain des Moralia in Jobum, engage l’archevêque à veiller de près sur la persévérance du monarque. Episl., i, 43, P. L., t. lxxvii, col. 498 C. Dès ce moment pourtant Reccarède avait accompli une démarche très considérable. En mai 589 il avait convoqué à Tolède un concile (Conc. Toletanum III) de tous les évêques d’Espagne, où il avait personnellement fait profession solennelle de la foi catholique et provoqué les décisions dogmatiques et disciplinaires propres à unifier l’Église espagnole. Si Léandre ne présida pas ce concile, comme on le dit quelquefois, il ne signe en effet les Actes conciliaires que le troisième, Mansi, ConciL, t. ix, col. 1 000, il ne laissa pas d’y jouer un rôle considérable, comme le dit Jean de Biclar, Chronicon, P. L., t. lxxii, col. 869 B. Ce fut lui en tout cas qui clôtura l’assemblée par un discours qui s’est conservé, et qui exprime toute la joie de l’Église pour la conversion des Wisigoths. On ne connaît pas d’autre fait saillant de l’épiscopat de Léandre, qui a dû mourir en 601. Il est honoré comme saint.

Son frère Isidore de Séville lui attribue dans le De uiris illustribus, 41, P. L., t. lxxxiii, col. 1103 : 1. Deux livres contre les dogmes des hérétiques, composés pendant son voyage d’exil, in exsilii sui peregrinatione, fort riches d’érudition scripturaire, où Léandre en un style véhément mettait à découvert l’impiété arienne, en montrant les griefs qu’avait contre les hérétiques l’Église catholique et en quoi elle se séparait d’eux pour la religion et les mystères de la foi. — 2. Un autre opuscule contre les institutions, instituta, des ariens, dans lequel il exposait les dits de ceux-ci et leur opposait ses réponses. De ces deux traités de polémique antiarienne, il ne s’est rien conservé. — 3. Un De institulione virginum et contemplu mundi libcllum adressé à sa sœur Florentine. Ce court traité, qui s’efforce d’adapter la règle de saint Benoît aux nécessités particulières d’un couvent de femmes, a survécu. — 4. Des travaux liturgiques, relatifs soit à l’office, soit à la messe : in ecclesiaslicis offlciis non pçirvo luboravit studio ; in tolo enim psalterio duplici editione oraliones conscripsit ; in sacrificio quoque laudibus alque psalmis mulla dulci sono composait. Ainsi Léandre aurait ou une part considérable dans la composition de la liturgie wisigothique qui commence à prendre ses caractères définitifs. Mais il est impossible de préciser ce qui lui revient. — 5. Isidore signale enfin des lettres dont une au pape Grégoire sur le baptême, et de très nombreuses adressées aux évêques ses collègues. Il n’en reste rien, mais nous savons par la lettre de Grégoire citée précédemment, le sens de la question posée à ce pape, fallait —il, en Espagne, continuer le rite de la triple immersion, ou n’immerger le catéchumène qu’une fois afin de mieux affirmer le dogme de l’unité divine compromis par les ariens 7 i.a réponse (lu pape est un bel exemple du libéralisme de ce pontife. — (i. Isidore ne mentionne pas, mais les mss ont conservé le discours prononcé par Léandre a l’issue du concile de 589.

  • i > i THÉOL. CATHOL,

En définitive Léandre fait figure d’homme d’action beaucoup plus que d’écrivain ; il a eu dans la conversion des Wisigoths au catholicisme une part considérable ; c’est ce qu’exalte surtout, et avec beaucoup de raison, son frère Isidore : fide ejus atque industriel populi gentis Gothorum ab ariana insania ad fidem catholicam reversi sunt.

Les textes de Léandre dans P. L., t. lxxii, col. 870-898 ; les textes contemporains qui se rapportent à lui ont été signalés au cours de l’article. — Les notices littéraires postérieures n’ont fait que répéter Isidore de Séville. Tous les travaux relatifs a Isidore font à son frère une place plus ou moins considérable, voir t. viii, col. 110.

E. Amann.

LE BALLEUR Joseph, théologien franciscain du xviie siècle. — Né, paraît-il, à Sablé, il fut professeur de théologie et provincial de la province de Touraine-Pictavienne. On a de lui : La religion défendue contre les ennemis qui l’ont attaquée, Paris, 1751, 4 vol. in-12. Suivant Hauréau, l’école franciscaine a produit, dans le xviiie siècle peu de livres aussi recommandables.

B. Hauréau, Histoire littéraire du Maine, t. iv, Paris, 1852, p. 231 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1394, sous le nom de Balleur.

E. Amann.

LE BLANC Guillaume, théologien français, mort évêque de Toulon (1520-1588). — Natif d’Albi, il étudia (à Toulouse sans doute) l’un et l’autre droit ; prêtre, il devint prévôt d’Albi, puis chanoine et chancelier de Toulouse. En 1571, il fut nommé à l’évêché de Toulon. C’est en cette qualité qu’il assista aux États de Blois, 1576, et à l’Assemblée générale du Clergé de France de 1579 ; il mourut à Avignon en 1588 où le cardinal Georges d’Armagnac, qui était alors légat, l’avait pris pour vicaire ; il fut inhumé dans cette ville au couvent des dominicains fondé par sa famille. Un Guillaume Le Blanc a publié à Paris en 1551 la traduction latine de l’abrégé fait par Xiphilin de Dion Cassius. Il y a toute chances, comme le dit le Gallia Christiana, qu’il soit le même que l’évêque de Toulon. Celui-ci est en tout cas l’auteur de deux traités de controverse : 1° Recherches et discours sur les points principaux de la religion catholique qui sont aujourd’hui en controverse entre les chrétiens, Paris, 1573. — 2° Discours des sacrements de l’Église en général, contenant la doctrine d’iceux, enseignée par Jésus-Christ, annoncée par ses ambassadeurs et reçue de toute l’Église catholique où les plus grossiers et aveugles pourront comprendre et voir à l’œil, selon la vérité évangélique, tous arguments et erreurs des hérétiques repoussés et découverts, avec deux discours, l’un du célibat et l’autre des vœux, Paris, 1583.

La Croix-du-Maine et du Verdier, Bibliothèque française, édit. Rigoley de Juvigny, t. iv, p. 68-69 ; Moréri, Le grand Dictionnaire historique, édit. de 1759, art. Blanc (Le), t. ii, p. 491 ; Gallia christiana, t. i, col. 754, cf. t. iii, col. 1179 ; Albanés et Chevalier, Gallia christiana novissima, t. v, 1911, p. 632-639 ; les pièces publiées par Albanés et Chevalier permettent de trancher la question longtemps pendante du vrai nom de l’évêque de Toulon, que l’on trouve appelé tantôt du Blanc, tantôt le Blanc. Ces deux noms désignent donc un seul et même personnage ; et dès lors il n’est guère douteux qu’il ne faille attribuer à notre Guillaume Le Blanc la traduction de Xiphilin.

E. Amann.

LE BOSSU Jacques. — Jacques Le Bossu (Bossulus) naquit à Paris, vers 1546, se fit bénédictin à l’abbaye de Saint-Denis, étudia en Sorbonne où il fut reçu docteur en théologie l’an 1574. Précepteur du cardinal de Guise, qui fui massacré au États de de Blois, l’an 1588, attaché à la maison de Lorraine, Le Bossu devint un des plus fougueux ligueurs et exerça son zèle surtout à Nantes. La Ligue une fois vaincue, il dut l’expatrier, se retira à Rome, s’attacha au cardinal Alexandrini,