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LULLE. ŒUVRES ENCYCLOPÉDIQUES


plusieurs problèmes de bibliographie lulliste, néanmoins il faut attendre les résultats de la vaste enquête entreprise, surtout depuis 1914, par V Institut d’Estudis Catalans, J. Rubiô et R. d’Alôs, Memoria sobre la celebracio del VIe Centenari de la mort de R. Lull, dans Anuari de l’Institut d’Estudis Catalans MCMXIIJ-XIV, Barcelone, t. v, p. xxx-xxxv, et les travaux de la Comisio Editora de Palma dirigés actuellement par MM. Alcover et Galmès, avant de tenter avec succès un tableau définitif de l’activité littéraire de Raymond Lulle.

Malgré ces incertitudes, le chiffre des écrits lullistes que la légende a élevé parfois jusqu’à trois mille, R. d’Alôs, Los catalogos, p. 9. peut être fixé approximativement, grâce à des documents du début du xive siècle. La Vida, p. 356, assure en effet que, dès avant le concile de Vienne, Lulle avait déjà composé 123 ouvrages au moins. Deux catalogues contemporains, le premier, écrit en août 1311, le second probablement en 1314, l’un et l’autre provenant sûrement de Thomas le Myésier, précisent davantage. Paris, Bibl. nat., lai. 15 450, 1°. 88 ; Littré, op. cit., p. 71-74 ; d’Alôs, Los catalogos, p. 14-17. Dans le premier, 124 écrits sont énumérés, dans le second, 30 autres. C’est d’après eux que Thomas le Myésier rédigea son Breviculum. J. Rubiô, ElBreviculum, p. 75-77. Ces données précieuses sont néanmoins incomplètes ; des écrits catalans sont omis : de même les opuscules de la dernière période de la vie de Lulle à Messine et à Tunis.

La liste complète des ouvrages lullistes n’est donc pas encore fixée, pas plus que la chronologie définitive. Les catalogues de 13Il et de 1314 ont, en effet, négligé de la déterminer et, qui plus est, ne contiennent à ce sujet aucune indication. De plus, les essais tentés depuis le xve siècle ont peu de valeur : seules les listes diverses dressées par Pasqual, Vindicise, t. i, p. 369-383, Vida del B. R. Lulio, éd. du B. A. L., Palma, 1890-1981, t. il, p. 331, s’appuient sur un effort critique et une documentation manuscrite considérable. R. d’Alôs, Los catalogos, p. 43-45. Ce qui rend difficile une fixation définitive, c’est le fait que de nombreux écrits de Lulle de 1274 à 1285 ne portent aucune indication chronologique ni topographique. Après cette date, R. d’Alôs, Poésies, p. 149, il n’en est plus ainsi généralement, mais en maintes occasions les données ne s’harmonisent point.

Vu le caractère provisoire de la chronologie lulliste, il est donc préférable de grouper les écrits du bienheureux d’après leur contenu, tout en ayant soin de les sérier dans la mesure du possible. Telle est la méthode suivie par l’érudit catalan. A. Rubiô y Lluch. En Ramon Lull. Sumari d’unrs lliçons en els Estudis t’iiiversitaris Catalans, Barcelone, 1911. Quelques brèves annotations en indiqueront la matière, s’il y a lieu de le faire.

Des analyses plus détaillées se trouvent dans les ouvrages suivants : Rubiô, LU ons (quand on citera seulement A. lîubiô, on renvoie à cet ouvrage) ; Golubovich, op. cit., p. 373-392 ; Keicher, op. cit., p. 36-61, et surtout Littré, (il>. rit., p. 74-386. De même des indications plus complètes sur les inss se rencontrent dans des publications récentes de grande valeur : M. Obrador, H. Lull m Venecia, Reteva de

itentes en lu bibl, Veneciana

rir San Marco », dans ]}. A. L., 1900, p. 300 ; Vialgi d’tnætligacin a 1rs btblioleques de Munich // MUA, dans Anuari ilr Vlntlllui d’I ludi » Cuiai, , us, 1908, p. 588-613 ;.1. Mass, , Torrents, Blbliografla, 1, 1s antics poêles rata/uns, dans Anuari 1913-1914, t. i, p. 49-55, 208-225, t. ii, p. 738710 ;.1. Rubiô, Los codices lulliano » i" la bibl., ir Innichen Hlvhta de fitologla. apanola, Madrid, 1917, t IV, P 303-340 ; H d’Alôs, El manoscrttto Ottobonlo.no lai. 405, P 101-112 et / le » p 15-18 ; J. Batlsta y Roca, Calalech -ibrrs lullianes d’Oxford dans Bolelln de la lirai Academta dr biirnas tétras de Barcelone, Barcelone, 1915, t w, p 20422M, t. xvi, p. 308-330 ; t. Marx, Veneichnlu in Hand DICT. DE 1 moi.. CATHOl

schriften-Sammlung des Hospitals zu Cues bei Bernkastel, Trêves, 1905. Quant aux éditions lullistes des renseignements abondants sont fournis par A. Rubiô, Lliçons, p. 10-12, Probst, op. cit., p. 8-11, et surtout par M. M. Rogent-Duran, Les edicion ?s lulianes de la bibl. Universitaria di Barcelona, Barcelone, 1913.

I. encyclopédies.

1° Le Liber contemplationis (Majorque, avant 1277), Opéra, éd. Mayence, t. ix et x, est « l’œuvre capitale de la mystique lullienne et par son extension l’un des ouvrages en prose les plus considérables que possède la littérature romane au xiii e siècle ». J. Rubiô, dans Anuari de l’Institut d’Estudis Catalans, 1913-1914, t. ii, p. 768.

R. Lulle le rédigea à l’âge de près de quarante ans, Lib conl., t. III, c. cxxix, t. ix, p. 196, avant d’avoir quitté sa famille, c. cxxxviii, p. 317. Ce ne fut pas sans grande souffrance qu’il put mener son œuvre à bout, t. V, c. ccclxvi, t. x, p. 597. Écrite d’abord en arabe, l’œuvre fut traduite par Lulle en catalan. Le texte original arabe est perdu ; la version catalane a été éditée avec soin, sinon définitivement, par MM. Obrador, Ferra, Galmès, Obres originals del illuminât Doctor Mestre Ramon Lull : Libre de contemplacio en Deu, 7 vol., Palma, 1906-1914. Son texte le plus pur est conservé dans les mss. A. 286 Inf. et D. 549 Inj. (autrefois réunis) de l’Ambrosienne de Milan, transcrits directement de l’original en 1280 par Guillaume Pages, prêtre de Majorque, et en partie dans le ms. lai. 3348 a de la Bibl. nat. de Paris, donné par R. Lulle en 1298 aux chartreux de Vauvert. Obrador, Viatge, p. 605, Delisle, Cabinet des mss. de la Bibl. Nat. de Paris. t. ii, p. 252. — L’ouvrage est divisé en 5 livres et 40 distinctions. Au total il comprend 366 chapitres dont un complémentaire pour les années bissextiles et offre ainsi un thème de méditation pour tous les jours de l’année. Son contenu est si varié qu’il résiste presque à l’analyse, Littré, op. cit., p. 220-235. Avec raison, l’évêque de Vich, Mgr Torras y Bagès, Tradicio catalana, Barcelone, 1902, p. 226, a appelé le Liber Cont., « une admirable synthèse littéraire embrassant toutes les connaissances de l’époque et la philosophie de l’immense cercle des êtres qui dépendent de l’Être premier, source de vie et de touteexistence, un tableau grandiose où se peint avec éclat la merveilleuse harmonie des relations qui relient l’Être incréé et la créature, la nature infinie et le fini, les attributs divins et les facultés de l’homme, les hiérarchies célestes et les états de la vie terrestre, la société civile et la société religieuse, la matière et l’esprit ». Des pages théologiques fortement pensées abondent dans cet ouvrage ; signalons particulièrement les traités sur Dieu, Lib. Conl.. 1. I et II, c. [-en, t. ix, p. 3-224. L’œuvre entière est soulevée par des effusions d’amour et d’adoration, des appels au martyre, des sanglots de douleur au souvenir des in Bdèles qui se perdent. au point que, après les Confessions de S. Augustin, il n’y a pas dans la littérature chrétienne d’ouvrage aussi pathétique et aussi débordant de lyrisme. CI. A. Rubiô, p. 25 : Avinvo, op. cit., p. 365-367 ; J. Rubiô, Anuari, p, 768769.

2° L’Arbor Scicnlin- (Rome, 1295), éd. Lyon, 1 est un précieux résumé de la pensée lulliste. Le symbolisme de l’arbre permet de la grouper ci d’organiser ainsi une hiérarchie et une classification de tout le savoir. L’écrit est divisé en 16 parties : l’arbre

mentaire, qui est un abrégé de physique ; l’arbre <

tal, traité de botanique : l’arbre sensuel, qui traite des sens et de leur objet ; l’arbre imaginaire, qui étudie les i ma lies et les impressions sensibles ; l’arbre b uni a in : l’arbre moral : l’arbre impérial, qui est un traité intéressant de politique ; l’arbre apostolique, qui traite de

la hiérarchie ecclésiastique et de la primauté pontificale ; l’arbre céleste, qui est une Introduction à l’as IN.

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