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LULLE. VIE


le Liber mirandarum demonsirationum, t. I, c. xiv, Op., t. ii, p. 7, et avec Aristote dont il cite et résume les principaux écrits, Docirina puéril, c. lxxv, p. 197199. Des analogies frappantes permettent encore de croire qu’il a étudié le De divisione philosophiæ de Gundisalvi. La dialectique du Liber de Gentili et tribus sapientibus, Op., t. ii, ses exposés célèbres de la théologie musulmane, Golubovich, op. cit., p. 376, supposent aussi une longue et pénétrante initiation aux grands courants de la pensée islamique.

Ces divers travaux de préparation scientifique durèrent neuf ans. Après cette période, Lulle se retira au mont Randa, situé près de sa demeure, pour se livrer plus complètement à la contemplation. Vida, p. 351. « Le huitième jour de sa retraite (1274), il lui vint une certaine illumination divine qui lui montra, en un seul moment, la méthode qu’il devait adopter dans ses livres contre les infidèles. » Sur la nature de « cette grande illustration », Vida, p. 351, dont R. Lulle parle maintes fois, Pasqual, op. cit., 1. 1, p. 68, et qui lui a valu le titre de Doctor illuminatus, les documents contemporains ne donnent pas d’explications, mais il est probable, comme l’entend Pasqual, op. cit., t. i, p. 61-72, t. iv, p. 286306, que cette lumière, achevant le long travail de préparation de R. Lulle, lui découvrit avec ampleur ce qui devait être le principe de son système, à savoir l’idée de la primauté absolue des attributs divins ou dignités et de leurs relations entre eux et le monde dont ils sont l’exemplaire infini : Videtur ipsi datum lumen ut divinas perfectiones agnosceret quoad aliquas proprielates et habitudines quas habent ad invicem secundum omnes modos quibus ad invicem possint comparari… Eodem lumine, cognovit totum esse creaturœnihil aliud esse quam imitationem Dei. — Après cette faveur, Lulle descendit du mont Randa et se rendit au couvent cistercien de Santa Maria de la Reyal ; il y composa sur le champ son Ars magna, puis, l’œuvre achevée, il retourna à Randa et sur l’endroit où il avait reçu o la grande illumination » fit construire un ermitage où il demeura quatre mois, Vida, p. 351., se livrant à la contemplation. Pasqual, op. cit.. t. i, p. 95-113. Se remettant ensuite au travail, R. Lulle rédigea, entre 1274 et 1276, plusieurs ouvrages considérables. Il était tellement absorbé qu’il devint nécessaire de donner a son épouse, Dona Blanca Picany, un curateur, Pierre Galccran, pour administrer les biens qui lui restaient. L’acte fut fait le 13 mars 1275. A. Rubiô y Lluch, Documents per l’historia dr la cultura calalana mig-eval, Barcelone, 1908, t. i. p. 3-4. Il est sûr que Lulle, attaché alors à son épouse et à son fils. I.ibrr Cont., t. II, c. xci, et t. III, c. cxxxviii, Op., t. ix. p. 200, 317. ne demeura pas insensible dans la situation pénible où l’appel divin le mettait.

I.’activité scientifique du converti fut bientôt connue du roi de Majorque, Jaime I er, qui tenait souvent sa cour à Montpellier. I.e souverain manda H. Lulle et fit examiner ses ouvrages, particulièrement son Liber contemplationis, par un frère mineur, maître en théologie. Vida, p. 351, lient être lier trand Héranger, lecteur au studium de cette ville. Waddlng, Annales Ont. Min., an. 1287. n. Il : Pasqual, "/ ». cit., t. i, p. 113 ; Lorenc Bibcr, Ramen Lnll m Montpeller i/ m la Sorbona dans La Reviala Quincenal, Barcelone. 1917, I. i. p. 310-339. I. i xa men fut favorable. Durant ce séjour à Montpellier, Lulle composa VArt demonttrailoa et le lut publiquement. Ce fait suggère l’idée qu’il reçut .i la suite de cet examen, le grade de maître que tous documents lui donnent. S. Boxé. R Llull // /// Uengua UaUna, dans Jtoirim de la Rmi Academta

de Barcelona, t. xv, p. 70-72. A cette occasion, il obtint du roi la fondation d’un collège de langues à Miramar où, sous sa direction, treize frères mineurs se préparaient, surtout par l’étude de l’arabe, à l’évangélisation des infidèles. Vida, p. 352 ; André de Palma, El B. Ramon Lull, p. 120-129. Le collège de la Sainte-Trinité de Miramar, dont Lulle se proclama toujours le fondateur, Blanquerna, c. lxvi, Obres, t. ix, p. 230, surtout dans le Cant de Ramon, R. d’Alôs, Poésies, p. 30, fut approuvé par une bulle de Jean XXI, donnée à Viterbe, le 17 octobre 1276. A. Rubiô, Documents, t. i, p. 4-5 ; Mgr Maura, évêque d’Orihuela, Lo Beat R. Lull, fundador del primer colegi de llenguas orientales, dans Riinsla Lulliana, Barcelone 1902, t. ii, p. 260-266.

Après ce premier voyage en France, Lulle retourna à Majorque. Ce qu’il fit ensuite n’est pas facile à déterminer, car pour toute la période 1276-1286, la Vie ne fournit aucun renseignement. A la suite de Pasqual, op. cit., t. i, p. 128-142. la plupart des historiens modernes, M. André, op. cit.. p. 86-102, J. Avinyo, El terciari Francesca, B. Ramon Lull, éd. du J5. A. L., Palma, 1906-1907, t. xi. 371-383, J. Borras, Espiritu del B. Ramon Lull. dans B.A.L., Palma, 1909, t. xii, p. 339-341, S. Galmès, dans la préface du Blanquerna, Obres. t. ix, p. xvi, appuyés sur divers passages du Blanquerna et du Félix de les maravelles, croient que vers cette époque, de 1277 à 1282, R. Lulle a fait le tour du monde alors connu, visitant successivement Rome, l’Allemagne, où il aurait été accueilli avec bienveillance par Rodolphe I er de Habsbourg, l’Europe septentrionale, l’Orient jusqu’aux Indes, l’Egypte, le Magreb, d’où selon quelques auteurs, Avinyo, op. cit., p. 382, il se serait embarqué pour l’Angleterre. D’autres écrivains, au contraire, passent sous silence cette grande odyssée, Sollier, Acta Sancl.. p. 645, Bihl, art. cit., p. 331 ; ils sont d’avis que, durant cette période, R. Lulle demeura généralement à Miramar à la direction de son collège de langues orientales. Keicher, op. cit., p. 24, A. Rubiô. Lliçons, p. 7,.1. Rubiô, Ramon Lull, p. 553. Il est difficile de résoudre le problème, car le Blanquerna, auquel l’opinion affirmative fait appel, est un roman où à côté de données sûrement biographiques se mêlent les plans et les rêves de R. Lulle, l’exposé de ses idées sociales, la description du monde connu d’après les renseignements mis en circulation par les voyageurs et les croisés, et cela avec le poudroiement d’une, imagination orientale. Néanmoins deux laits semblent bien s’imposer. D’abord la présence de Lulle à Rome en 1278, à l’époque où Nicolas III dépêchait au grand khan des Tartares une ambassade de cinq frères mineurs sous la conduite de Gérard de Pralo, Blanquerna, c. lxxx. Obres, t. îx, p. 302. En effet les longs récits du Blanquerna où Raymond le troubadour, op. cit.. c. i.xxix. p. 290292. interroge la cour romaine sur les dix problèmes apologétiques et sociaux que le Majerquain ne cessa d’agiter et sur lesquels il demanda plus tard l’avis de l’Université de Paris, Avinyo. op. cit., p. 372-371. les passages où le. héros du roman défend devant les cardinaux le système d’argumentations du I.ibrr mirandarum demonstratiomirn. Blanquerna, c. i. xxviii, p. 284, ne s’entendent guère si Ion n’y voit point l’eXDOSé dramatisé des tractations du « procureur des infidèles », <//> rit., c. m. p. : i.V2, pour obtenir du Saint Siège un mandat l-.n second lieu, il paraît Suffisamment établi que xers (elle époque Lulle se rendit en Terre sainte et isita une partie du monde musulman. l’Egypte entre autres. I.e l.tbrr de finr ei rit a Montpellier en 1305, cf. A. GottTOn, Ramon l.tills l< rruzztii/snlrrn. Berlin,