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LAXISME. HISTOIRE DE LA QUERELLE DU LAXISME — LAYMANN

honesta non fugiendi occur rit.

63. Licitum est quarere

directe occasionem proxi mam peccandi pro bono spi ritual ! vel temporali nostro

vel proximi.

raison utile ou honnête de

s’exposer à cette occasion.

Il est permis de chercher

directement l’occasion pro chaine de pécher, pour pro curer à nous ou au prochain

un bien spirituel ou temporel.

La question des habitudinaires avait déjà été traitée par Alexandre VII, prop. 41. Voir aussi Habitudinaires, t. vi, col. 2025. Les prop. 61, 62, 63 se rapportent plutôt aux occasionnaires ; elles sont en gradation ascendante : certains casuistes excusaient le pécheur qui demeurait cans l’occasion, d’autres celui qui, la trouvant à sa portée, ne la fuyait point, d’autres enfin celui-là même qui, sous prétexte d’un bien spirituel ou même temporel, allait au-devant de l’occasion. Plusieurs des factums composés au plus fort de la querelle du laxisme signalent à l’indignation publique cette doctrine prêtée aux casuistes : un chrétien peut se rendre dans les maisons de tolérance, avec l’intention d’en convertir les pensionnaires, quand bien même il saurait par expérience que cette démarche est toujours pour lui l’occasion d’une faute grave.

64. Absolutionis capax est Est capable de recevoir homo quantumvis laboret l’absolution une personne ignorantia mysteriorum fidei totalement ignorante des et etiamsi per negligentiam mystères de la foi, quand etiam culpabilem nesciat bien même par une ignomysterium sanctissimse Tri— rance coupable elle ignorenitatis et incarnationis Do— rait les mystères de la sainte mini nostri Jesu Christi. Trinité et de l’incarnation.

65. Suffleft illa mysteria II suffit d’avoir cru une semel credidisse. seule fois à ces mystères.

La seconde de ces propositions est toute voisine de la première condamnée par Alexandre VII ; on la rapprochera aussi des propositions 5, 6 et 7 de la présente liste. L’autre minimise au delà de toute limite les conditions imposées à la pratique du christianisme. Pour être capable d’absolution, il faut le propos général de vivre en chrétien, et la vie chrétienne suppose un minimum de connaissances religieuses. Il est bien entendu (nie la connaissance explicite des mystères chrétiens varie beaucoup avec les diverses catégories de fidèles avec lesquels on a affaire. Mais, si le confesseur remarque chez son pénitent une ignorance absolue des vérités les plus élémentaires de la religion, il doit, avant de l’absoudre, lui enseigner sommairement l’essentiel de la doctrine.

4° Les condamnations portées pur A levantine VII J. Dans les années qui suivirent la censure portée par Innocent XI, les controverses sur la morale relâchée firent place aux diseussions sur le péché philosophique. Nous n’avons pas à étudier ici cette bizarre hypothèse, ni à indiquer lefl liens un peu ténus, mais réels, qui la rattachent aux principes mêmes de la morale large. Voir l’art. PÉCHÉ PHILOSOPHIQUE, Ii condamnation pontificale relative à ce point est étudiée 1. 1, col. 749-750. La censure qui frappe cette doctrine est dll 24 BOÛ1 1690. le 7 décembre suivant.

c’était le tour des adversaires des jésuites d’être frappés. Les :  ; i propositions qui furent alors condamnées, et qui représentent assez bien l’enseignement d’une partie des docteurs de i. ouvain.se rapportenl flans l’ensemble aux directives de la vie morale telles que les proposaient les esprits plus ou moins imbus de la doctrine Janséniste. A les imposer, on risquail d’introduire dans l’Église une rigidité peu compatible avec les conditions de la vie chrétienne ordi naire. Elles ont été étudiées en détail à l’article cite On se contentera Ici d’attirer l’attention sur les n. 16, 17 et 18 relatifs A la confession, les n. i i <t 15 relatifs

à la contrition imparfaite, les n. 22 et 23 qui visent la

pratique de la communion, enfin et surtout le n. 3

relatif à la doctrine de la probabilité. Mais on fera remarquer qu’aucune des condamnations portées par Innocent XI n’est retirée par Alexandre VI II.

En fait d’ailleurs le’laxisme théorique avait vécu ; s’il avait pu constituer pour l’Église aux premières années du XVIIe siècle un péril très réel, exagéré peut-être par les uns pour des raisons plus ou moins avouables, nié un peu naïvement par les autres, il tendait à faire place à une doctrine des mœurs de plus en plus rigide. C’était bien plutôt à la défense d’un sage probabilisme qu’il faudrait aller dans le siècle suivant. D’autres querelles d’ailleurs avaient envahi le champ clos réservé aux théologiens. Au milieu du xviie siècle, l’affaire du laxisme s’était mêlée aux disputes du jansénisme première manière. A la fin du siècle, c’est vers le quiétisme de Molinos et de ses partisans que se porte l’ardeur du combat, en attendant que le jansénisme seconde manière, vivifié par Quesnel, impose aux défenseurs de l’orthodoxie de nouvelles et plus douloureuses obligations.

Sources. — Nous avons indiqué au fur et à mesure les sources où trouver les documents qui ont servi à ce travail. Les pièces officielles sont réunies (mais pas au complet) dans C. Duplessis d’Argentré. Collcctio judiciorum de novis erroribus, Paris, 1736, t. iii, l rc et 2e partie ; quelques-unes dans le Recueil des acles, titres et mémoires concernant les affaires du Clergé de France, édit. de Paris, 1771, 1. 1, et dans la Collection des » rocés-verbaux des Assemblées générales du clergé de 1560 à 1770, édit. de Paris, 1770, t. iv, v et VI. Voir aussi les diverses éditions des Œuvres de Bossuet. — Les citations des casuistes incriminés sont rassemblées avec beaucoup de soin (mais parfois d’une manière un peu tendancieuse) dans l’édition de Pascal de la collection Les grands écrivains de la France, publiée par L, Brunschvieg, P. Boutroux et F. Gazier. Voir la table qui termine le t. xi. Nous avons systématiquement évité de mentionner tous les écrits de polémique parus en faveur ou à rencontre des casuistes ; on en trouvera l’énumération (incomplète) d’une part dans la table signalée précédemment, d’autre part dans la Bibliothèque de la Cie de Jésus du P. Sommervogel, qui mentionne pour ce qui concerne les écrivains jésuites qui prirent part à la controverse tant leurs ouvrages que ceux de leurs adversaires. — Pour les condamnations d’ouvrages, voir H. Beusch, Ver Index der verbotenen Bûcher, Bonn, 1885, t. ii, surtout § 39, Jesuilica ; S 41, C.asuisien, 1600-1654 ; % 53, Pascal und Arnauld iiber Jesuiten-Moral ; § 54, Streilschri/ten iiber Moraltheologie, 1657-1730.

    1. TRAVAUX##


TRAVAUX. — Il n’y a pas de travaux d’ensemble sur la querelle du laxisme ; l’ouvrage de I. Dollinger et H. Hcusch, Geschichte der Moralsireiligkeilen in der rômich-katholischen Kirchc, Nordlingen, 1880, est incomplet et très partial. Tous les ouvrages (et ils sont Innombrables) relatifs à Pascal et ara Provinciales, touchent plus ou moins à la question ; outre qu’ils n’en voient généralement qu’un petit coin, ils sont pour l’ordinaire très partiaux dans un sens ou dans l’autre. Notre meilleur guide pour une partie de ce travail a été l’esquisse de A. Degert. Réaction des PROVIN-CIALES sur la théologie morale eti France, dans le Bulletin de

littérature ecclésiastique de Toulouse, novembre et décembre 1913.

E. Amann.

LAYMANN Paul, un des maîtres de la théologie morale, né a Arze, près d’Inspruck en 1574, reçu dans la Compagnie de Jésus en 1694, enseigna dès 1604 la philosophie, puis pendant seize ans la théologie morale aux Universités d’Ingolstadt, de Munich, de Dilligen, et enfin pendant sept ans le droit canon avec un tel éclat que les professeurs d’autres Universités se procuraient, à prix d’argent les cahiers de ses élèves. De partout affluaient vers lui consultants ou consultations dans les cas difficiles : ses réponses étaient tenues comme décisions souveraines. — Sans entrer dans la longue liste de ses premiers opuscules philosophiques et théologiques, il suffira de mentionner ici les grands ouvrages qui font sa gloire. Tout d’abord sa célèbre Théologie morale que Hurter déclara à bon droit hors