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LOUIS DE GRENADE — LOUIS DE SAINTE-THÉRÈSE


Les œuvres de Louis de Grenade ont donc eu une influence durable et étendue soit par elles-mêmes,

soit par toute la littérature ascétique qu’elles ont suscitée. A vrai dire, cette Influence est encore mal connue, mais réelle, et mériterait qu’on l’étudiât en détail et de taçon approfondie. Louis de Grenade apparaîtrait sans aucun doute plus grand, si on le connaissait mieux. Ses contemporains, saint Charles Borromée, à la demande duquel le pape écrivit à Louis de Grenade une lettre élogicuse, sainte Thérèse, saint Pierre d’Alccntara, plus tard saint François de Sales, ne se sont pas mépris sur sa valeur. N’eût-il l’ait que préparer et inspirer François de Sales, ce serait déjà pour lui un véritable et suffisant titre de gloire.

Luis Muiioz, Vida y virtudes de ! vénérable varon el P. M. Fray Luis de Granada de Santo Domingo, in-4°, Madrid, 1639 ; Biografia de Fray Luis de Granada, eon unos arliculos literarios donde se demostra que et Vénérable Padre, y non San Pedro de Aleantara, e el verdadero y unico auctor del LIBRO DE LA ORACION por et Padre Fr. Juslo Cuervo, de la Orden de Predicadores, rector del colegio San Juan de Corias, doctor en filosofia y letras, Madrid, Gregorio del Amo, 1896 ; Quétif et Echard, Scripiores Ordinis Prœdicalorum, t. ii, p. 285-291.

A propos de la controverse au sujet du livre de Louis de Grenade et du traité de S. Pierre d’Alcantara, cf. l’excellent résumé du R. P. Dudon, S. J., Dans son TRAITÉ DE L’ORAISON, S. Pierre d’Alcantara a-t-il démarqué Louis de Grenade ? dans : Revue d’ascétique et de mystique, 1921, p. 384-401. On trouvera dans cet article toute la bibliographie de la controverse.

Une bonne et brève étude d’ensemble : P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. iii, Les temps modernes, I re partie, Paris, 1925, p. 143-153 ; cf. aussi Ste Thérèse, Lettre à Louis de Grenade (datée par le P. Bouix de fin 1577), dans Lettres de Ste Thérèse, trad. par le R. P. Bouix, S. J., Paris, 1861, t. il, p. 336 ; S. François de Sales, Lettres spirituelles, lettre 184, à Antoine de Revol, évoque nommé de Dol, 3 juin 1603, dans Œuvres de S. François de Sales, édition complète des visitandines d’Annecy, Annecꝟ. 1902, t. xii, p. 189.

M. -H. Lavocat.

8. LOUIS DE HEILSBERG.

Ce mystique franciscain, plus connu sous le nom de Louis de Prusse (Prutenus), entra chez les observants en 1464 ou 1466. Il avait étudié à l’université de Cologne. Luimême nous apprend qu’en 1456, il y tint une dispute sur le sort réservé à Aristote et aux sages de l’antiquité morts avant la venue du Christ. Pendant trente ans environ il eut la direction des écoles conventuelles à Gorlitz et à Thorn, et se livra à la prédication. En 1493, il assista au chapitre général des observants cismontains célébré à Florensac (Hérault). La date de sa mort est inconnue, mais se place sûrement avant 1496.

D’après Sbaraglia, Supplementum ad Scriptores, Rome, 1806, p. 502, Louis de Heilsberg écrivit un traité, De immaculata conceptione B. M. V., et un opuscule mariai, De usu liberi arbilrii B. Virginis in utero matris. Mais son ouvrage le plus important et le seul qui ait été conservé est le Trilogium anima ;. Achevé en 1493, il fut édité à Nuremberg en 1496 par Nicolas Glassberger. L’ouvrage est divisé en trois livres ; le premier traite de la noblesse de l’âme et de ses puissances, le second, de ses afïections et particulièrement de l’amour et de l’extase, le troisième, des habitudes infuses, des vertus et des dons du Saint-Esprit. La mystique de Louis de Heilsberg s’inspire presque exclusivement de saint Bonaventure. Le Trilogium est d’un grand intérêt pour l’histoire de la spiritualité franciscaine du xve siècle.

P. Minges, O. F. M., Dus Trilogium anima’des Ludwig von Preussen, dans les Franziskanische Studien, Munstercn-W. , 1914, 1. 1, p. 291-311 ; N. Glassberger, Chronica, dans Analecta Franciscana, Quaracchi, 1887, t. il, p. vi-ix.

E. LONGPRÉ.

9. LOUIS DE SAINT-JEAN L’ÉVAN GÉLISTE, frère mineur déchaussé de la province de Saint-Joseph, en Espagne (XVIIe siècle), que nous trouvons décoré du titre de confesseur de la reine d’Espagne et du pape Paul V, fut, en outre, deux fois définiteur général de l’ordre, commissaire général pour les provinces ultramontaines, visiteur dans les Flandres et en Allemagne. Le 1 er décembre 1609, il obtenait du souverain pontife la confirmation des privilèges de l’ordre et la permission de réciter l’office de l’Immaculée Conception les samedis non empêchés par une fête à neuf leçons. Rentré dans sa province, le P. Louis publia en langue vulgaire divers traités de morale et de spiritualité. Nous citerons : Luz de sacerdotes y guia de confessores, donde con grave estilo y copiosamenle se tratan todas las materias de los sacramentos y las concernientes â ellas, que se contienen en el Quarto del Mæstro de las sentencias, in-fol., Madrid, 1622, le second volume est demeuré manuscrit ; Tratado de la instabilidad de la vita y exortaciôn a la penitencia de las culpas y satisfacion délias, in-8°, ibid., 1625, c’est un dialogue en six parties, entre le maître et le disciple ; Tratado de la administrait n de los sacramentos, 1637 ; Arte que ensena a evilar las culpas y unir et aima con Dios, in-8°, ibid., 1640. On lui attribue encore plusieurs autres ouvrages dont les titres précis nous font défaut.

Jean de Saint-Antoine, Bibliotheca universa franciscana, Madrid, 1732 ; Marc de Santa-Rosa, Chronica de la santa provincia de San Josef, Madrid, 1738 ; Sbaraglia, Supplementum et castigatio ad scriptores ordinis minorum. Rome, 1806 ; Nicolas Antoine, Bibliotheca hispana nova, Madrid, 1788, t. n ; Perez Pastor, Bibliografia madrilena, Madrid, 1907, t. m.

P. Edouard d’Alencon.

10. LOUIS DE SAINTE-THÉRÈSE, carme déchaussé français, théologien et historien, naquit à Beauvais, le 27 mai 1602, et s’appelait dans le monde Claude de Bouchamp. A l’âge de seize ans, il entra au couvent des Carmes déchaussés de Paris, où il reçut l’habit à l’Avent de 1618 et prononça ses vœux le 16 janvier 1620. Ses études terminées, il s’adonna à la prédication et fut aussi lecteur de théologie. Il fut prieur des couvents de Paris, de Marseille, de Bar-le-Duc et de Meaux ; il contribua beaucoup à la fondation du couvent d’Amiens et remplit la charge de visiteur général des Flandres, d’Angleterre (oct. 1668), d’Irlande et des missions carmélitaines de la Hollande. Enfin il mourut au couvent de SaintJoseph de Paris, le 14 octobre 1671, étant définiteur provincial. Sa grande prudence et discrétion le firent choisir comme commissaire pour trancher les différends au sujet de la réforme des religieux de l’institut de Saint-Antoine, des prémontrés, des guillelmites de Paris et des Pères de la doctrine chrétienne. Plusieurs de ses œuvres sont restées manuscrites ; parmi celles qui furent imprimées les principales sont : 1° La succession du saint prophète Élie en l’ordre des carmes, el en la Ré/orme de sainte Thérèse : selon l’ordre chronologique, Paris, 1662, pet. in-fol. de xln-671-xi pages. Il y défend les traditions de son ordre au sujet de son origine élianique. — 2° Annales des Carmes déchaussés de France de 1608 à 166-5, qui parurent à Paris en 1665, in-fol. ; une nouvelle édition en fut faite par le P. Albert-Marie du Saint-Sauveur, C. D., à Laval, 1891 ; 2 tomes, in-4° de lxvii-634 et 1005 pages ; quelques extraits en parurent à part ; l’œuvre mérite des éloges à plus d’un point de vue. — 3° Traité théologique de l’union de l’âme avec Dieu, Paris, 1665, in-4°. Il y explique la doctrine de saint Jean de la Croix par celle de saint Augustin et de saint Thomas.

Martial de S.-J.-B., Bibliothec. script… Carm. Exe, Bordeaux, 1730, p. 279, 280, n. 22 ; Cosme de Villiers, Biblic-