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LOCKE. PRINCIPALES PUBLICATIONS

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    1. LOCKE John##


LOCKE John, philosophe anglais, 1632-1704. — I. Vie. II. Principales publications (col. 849). III. Système de philosophie religieuse : domaine du naturel (col. 851). IV. Système de philosophie religieuse : domaine du surnaturel (col. 858).

I. Vie.

Fils d’un avocat qui exerçait les fonctions de clerc de la justice de paix, John Locke, né à "Wrington, près de Bristol, en 1632, fut élevé dans la religion puritaine et destiné tout d’abord à l’état ecclésiastique. A l’âge de quatorze ans, il entra à la célèbre école de Westminster. Les événements politiques qui bouleversèrent le pays à cette époque, la guerre civile ainsi que l’exécution de Charles I er donnèrent au jeune étudiant l’horreur de ces luttes continuelles et durent favoriser en lui cet esprit de tolérance qui devint dans la suite la caractéristique de toutes ses entreprises.

En 1652, il alla faire ses études philosophiques et théologiques à Christ-Church, collège d’Oxford, où il fut rebuté par un enseignement trop formaliste, qui, par réaction, fit naître en lui cette passion pour les idées claires et ce sens de la réalité qui sera le trait dominant de sa doctrine. Reçu bachelier es arts en 1655, maître es arts en 1658, il prit un engagement comme senior sludent et devint successivement lecteur de grec.de rhétorique et censeur de philosophie morale.

Son libéralisme naissant fut développé par ses rapports avec les théologiens de Cambridge. A l’âge de vingt-sept ans, il lut Descartes. Cette philosophie fut pour lui une véritable révélation, moins par son côté doctrinal que par l’indépendance qu’elle revendiquait pour la raison. Elle lui donna le goût de la pensée personnelle qui s’affranchit de toute idée préconçue.

Malgré l’intérêt que Locke portait aux problèmes religieux, il se sentait de moins en moins la vocation ecclésiastique. Sous la direction d’un des savants les plus renommés de l’époque, Robert Boyle, il s’initia aux sciences expérimentales et, en particulier, à la médecine. En 1666, lord Ashley l’attacha à sa maison comme médecin particulier et conseiller intime. Cet engagement fut décisif ; car lord Ashley, devenu peu après comte de Shaftesbury, était appelé à jouer un rôle politique considérable auquel Locke fut désormais associé. A partir de ce moment, on le trouve également occupé de questions religieuses et morales, scientifiques et politiques. Sa correspondance à cet égard présente un très grand intérêt. Voir Ollion, Notes sur la correspondance de John Locke, Paris, 1908.

En 1675, des raisons de santé l’amèneront à s’installer en France, où il séjourna jusqu’en 1679. C’était l’époque où paraissaient les ouvrages de Malebranche. Locke eut pour le philosophe français une alïection toute particulière. De même il s’intéressa aux œuvres de Nicole, de Gassendi et des maîtres de Port-Royal. 1)c retour en Angleterre, il eut à souffrir de la disgrâce politique qui atteignit lord Shaftesbury. Après la mort de celui-ci, Locke se réfugia en Hollande, où il fit la connaissance de Limborch et Le Clerc, membres de la petite Église libre des Remontrants. Leur sympathie pour les écoles d’Oxford et de Cambridge, avec lesquelles ils cherchaient à entrer en communauté reliplique le bon accueil qu’ils firent au philosophe anglais. C’est grâce à eux que Locke se décida à Tis. La Révolution de 1689,

qui amena Guillaume d’Orange sur le trône d’Anglepermil à Locke de retourner dans son pays natal. A partir de 1700, il vécut presque absolument retiré du monde à Oates où il mourut en 1704.

II. Principales publications. - De 1res lionne heure, Locke avait pris l’habitude de noter et parfois

< flexions. C’est ainsi que nous trouvons

Common une série de

petits écrits qui nous permettent de |uger d< si nts en mal ii ri de n in. Ion, Error, Sat i

Scriplura sacra, Ecclesia, Traditio, Unitaria, Trinily, sont les titres des plus intéressantes parmi ces études qui sont comme une ébauche de son système religieux. On les complétera par le petit traité Infallibilis Scripturx interpres non necessarius, 1661, ainsi que par des esquisses ultérieures : Religio, Deus, Resurrectio, Enthusiasm. — Virtue and vice, voir CommonPlace Book, ainsi que Thus I think et Of Ethics in gênerai, voir Miscellaneous Papers, nous font connaître ses idées morales à cette époque ; un Essay concerning toleration, 1667, voir Shaftesbury Papers, ainsi que la Defence of Non-Conformity, nous révèlent en lui un défenseur ardent de la paix et de la liberté religieuses.

Ce n’est qu’en 1689, pendant son séjour en Hollande, qu’il fit paraître son premier écrit, sa célèbre Epistola de toleranlia, adressée à Limborch. L’année suivante, après son retour en Angleterre, il publia, dans le but de justifier les événements politiques, Two treatises of government, dont l’un est une réfutation de l’absolutisme qui assimile le pouvoir politique au pouvoir paternel, tandis que l’autre traite de l’origine, de l’étendue et du but du gouvernement civil.

La même année vit la publication intégrale de son ouvrage principal, An essay concerning human Understanding, « Essai sur l’entendement humain ». Voyant les hommes se diviser dans le domaine de la connaissance, division qui allait jusqu’à menacer la religion et la morale dans leurs bases, Locke entreprend « d’examiner les différentes facultés de connaître qui se rencontrent dans l’homme, en tant qu’elles s’exercent sur les divers objets qui se présentent à son esprit ». Et il s’attache à faire voir « par quels moyens notre entendement vient à se former les idées qu’il a des choses » et à marquer « les bornes de la certitude des connaissances et les fondements des opinions qu’on voit régner parmi les hommes ». Avant-propos. — Chose étrange I La consolidation des bases de la religion et de la morale lui était apparue comme une des raisons les plus décisives pour justifier son entreprise et c’est d’avoir porté atteinte à la religion qu’on lui reprocha avec le plus d’amertume. Stillingfleet, évêque de Worcester, redoutait que cette new way of reasoning n’imposât à la pensée des limites trop étroites de façon à mettre en danger les articles de foi concernant la Trinité, l’incarnation, la résurrection des corps, l’immatérialité de l’âme. Locke se défendit dans A letter to the R. Rev. Edward, lord bishop of Worcester, concerning some passages, etc. (1697), en protestant de sa fidélité à l’égard de la révélation divine. Il y eut deux répliques de l’évoque et deux du philosophe : 1697, 1699. Cette polémique nous fait assister au conflit qui devait inévitablement se produire entre deux conceptions de la révélation dont l’une réclamait pour critère de sa divinité un examen rationnel que l’autre repoussait.

L’Essai sur l’entendement humain fut suivi de près par une deuxième (1690) et troisième (1692) Lettre sur la tolérance, ainsi que du célèbre traité de l’éducation, Some thoughts concerning éducation, 1693, dont Rous seau s’est inspiré. Locke y fait la critique d’une instruction trop exclusivement littéraire et formaliste

qu’il voudrait voir remplacée par l’étude des Umi des sciences, de l’histoire et de la philosophie en vin I mer des membres utiles de la société. A cette même époque se placent aussi les Adoer ecwla théologien (vers 1694), qu’on peut considérer comme donnant une orientation sommaire sur certaines opinions théologiques du philosophe anglais

Lorsque Guillaume m projeta là réunion de toutes protestantes en Angleterre, Locke entreprit

de leur fournir une base de ralliement dans son trait) The Reasonableness of Christianlty a » deltœred irt the

Scriptures (1695). Il y reprend le système conciliant