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LIEUX THÉOLOGIQUES. ÉLABORATION PRÉALABLE


et doctos et pios, il n’ose prévenir le jugement de l’Église, qu’il regarde d’ailleurs comme assuré : Nolumus hic nos Ecclesiæ sententiam prævenire, sed si ad générale concilium referatur, hæreseos nota errori illi inuretur. De locis, t. VI, c. vu.

Il insistera donc uniquement sur l’existence du privilège pontifical, voie dans laquelle il avait été précédé par Cajetan, dont il résume les opuscules célèbres : De auctorilale papæ et concilii ; De Ecclesiæ romanæ primalu. Il néglige de rédiger en formules les règles habituelles qui rendront ce lieu utilisable, mais il se trouve que ce qu’il est amené à dire pour sa thèse, ajouté à ce qu’il avait dit sur les conciles, fournit, si l’on en rassemble, comme nous le ferons, les éléments épars, une équivalence intégrale de la définition vaticane.

1. Le fait de l’infaillibilité pontificale.

La démonstration

de Cano comporte trois assertions principales :

a) L’apôtre Pierre, institué par le Christ pasteur de l’Église universelle, prop.l, lorsqu’il enseignait l’Église et confirmait les fidèles dans la foi, ne pouvait errer, pr.2.

— ft)Le successeur de Pierre, de droit divin, lui succède dans les mêmes pouvoirs et autorité, prop. 3, Cano, De locis, t. VI, c. m. — c) Le pontife romain succède, de droit divin, à Pierre dans lafermeté desa foi et dans son pouvoir de dirim^r les controverses religieuses, prop. 4, ibid., c. iv.

Les deux premières propositions sont établies par les témoignages de l’Écriture, de la tradition, des Pères. La troisième, surtout par des arguments tirés des nécessités sociales de l’Église, faisant lumière sur les intentions du Christ, appuyées par des exemples tirés de l’Ancien Testament. La quatrième, ibid., c. iv. d’abord par les affirmations des papes eux-mêmes, sans nul cercle vicieux, ainsi que l’explique Cano, ibid., c. v, car leur témoignage est ici invoqué comme étant le témoignage des chefs de l’Église, qu’ils soient infaillibles ou non, — hommes de toute race et nationalité, graves, de doctrine intègre, saints ; et de plus il est confirmé par le témoignage des Pères les plus anciens. Une seconde preuve à l’appui, est tirée des conciles ; ibid., c. vi. Enfin Cano fait jouer l’argument rationnel, en l’espèce l’argument de prescription : Il faut de toute nécessité un successeur à Pierre dans son magistère infaillible, cꝟ. 3e proposition. Or, on n’en peut désigner d’autre : nimirum mit hir est. aut nullus est. Ibid., c. vu. L’usage perpétuel de l’Église, legum Christi interpres nullus sanior, manifeste que, dans les controverses les plus graves concernant la foi, c’est au pontife romain qu’en dernier ressort on s’est toujours adressé. — Toutes ces propositions sont établies avec une grande vigueur de raisonnement dans l’interprétation des textes, et avec un luxe de témoignages patristiques ou de faits historiques qui. sauf sur certains points où la science historique trouvera à reprendre ou à s’exercer, ne laissent rien dans l’ensemble à désirer.

2. I pies par lesquels Cano prépare Ir Uni théologique de l’autorité pontificale pour l’usage théoloqiqne. Pour les met re en évidence, nous ne pouvons mieux faire que d’encadrer ee qu’il en dit dans la reste maltresse que nous livre la définition vaticane. Cf. Denzinger-Rannwart, n. i

Ta pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra. iilltant de sri fonction de pasteur et de docteur de tous ie* chrétiens..

quivalencc de ce membre de la définition vati Cano parles propositions : l’rfriim

/s inslitutum « 

lorii, ]. VI, c. iii, prop. 1°, avec son rorol ryaxtor omnium fldelium Petrus est, , / ;, , ,

Inr ergo et magister EccleSitE siiprrmtls cfjcrlus njoints nver la prop

ftefunrlo, dinino furr. "^ qui illi succédât in eadem

auctoritate et potestate. On pourra faire état d’autres passages, comme : Petro dicta in Evangelio a Christo sunt , non ut homini privato, sed ut Ecclesiæ præfecto. — Sin vero quidquam illi convenit ut principi et Ecclesiæ pastori, hoc citra controversiam putemus ad succedentes in Ecclesiæ pontificalu esse, référendum, idque in genuino sensu litteræ. De locis, I. VI, c. viii, resp. ad ÎO"" 1,

b) En vertu de son autorité apostolique, définit une doctrine concernant la foi ou les mœurs, comme devant être tenue par toute l’Église… En vertu de son autorité apostolique…Cette clause est représentée chez Cano par les nombreux textes de papes et de conciles, cités par lui, t. VI, c. iv et v et qui défèrent les causes graves, principalement en matière de foi, à l’autorité apostolique du siège romain, héritière du prince des apôtres, cf.-, c. vii, passim… — Définit une doctrine de fide vel moribus ab Ecclesia universali tenendam. — Pour l’intelligence de cette expression, de nombreux textes se présentent : a. A propos du mot d’Innocent III : Licet quidam prædecessores nostri sensisse aliter videantur, Cano remarque : sensisse, ait, non définisse. Sed ne Innocentius quidem définit quicquam sed explicat opinionem suam dicens : Non credimus, etc., De locis, t. VI, c. viii, resp. ad. 2um. — De même à propos du mot -.Judico, d’Alexandre III : Verbumjudico fréquenter… usurpatur ut idem sit quod sentio, seu opinor. Ibid., ad 3 1 " 11. — Cano enseigne à distin guer entre l’intention et la conclusion d’un décret pontifical et ses motifs : In conclusionc pontiftees summi errare nequeunt, si fidei quæslionem ex apostolico tribunali decernunt. Si vero pontificum rationes necessariæ nonsunt… nihil est immorandum. Non enim pro causis nos a pontificibus redditis, tanquam pro aris et focis depugnamus. Alexandcr igitur non définit… etc., Ibid., adum 4. — Causas enim pontifices quandoque adferunt, non quæ cogant, sed quæ suadeant. Ibid., ad 5um.

— c. Il distingue entre ce que les pontifes disent obiier et in transcursu, de suo, et ce qu’ils disent : sententiam ferendo, qua fidèles obligatos esse velint ad credendum. Ibid., ad V 11 ™. — rf. Enfin, pour ne pas prolonger ces citations outre mesure, Cano distingue deux erreurs possibles : alterum personalem, alteriim fudicidlem, s’il y a par exemple des erreurs dans les commentaires des décrétâtes qu’édita Innocent IV, hominis nimirum est, non pontificis. Ai si idem Innocentius in judicio de fidei qiuvstionc definiret qnippiam quod rc i<cra falsum esset… esset proinde judicialis, ].Xl.c. viii, in principio ; eꝟ. t. X, c. v. $ Illud item damus ; § Nonne igitur, dixerit quis.

c) Possède par l’assistance divine qui lui a été promise dans le bienheureux Pierre. — - Cette assistance est parfaitement définie par Cano, paropposition à l’inspiration de l’Écriture sainte. De locis. 1. V. c. v, q. 3.

d) Cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que son Église fût munie pour définir la doctrine de fide vel moribus. — Cctle clause résulte chez Cano des passages mêmes dans lesquels il a établi que Pierre, en la ut que pasteur de tOUS les fidèles, ne pouvait se tromper et que le pontife romain lui succédait dans ce privil il divin.

i | Et, par conséquent. les décisions de ce genre du pontife romain sont de soi irré/ormables, et non par le consentement de l’Église, — Formel chez Cano, Nunquam enim admissa est appellatio in causis fidei, a Sede rnmana : seil hxreticos ab eu iudiniU s Ecclesia semper hærelicos elium fudtcavlt… Quo tino argumenta oslendit Cictasius Srdem apostolieam de loin Ecclesia judicarr. ipsam vero ad nullius prrtinere judirinm… lia fiel ni hujus tribunalis rie mlc.iudirium rrrtum omnino habcatur.’De loris. 1. I. c. vt, 5 Prrrlerea I’cclesi : r ronsurtudn.

fi » Sixième lieu théologique : L’autorité des Saints. —

le vocable par lequel saint Thomas et l’antiquité scolastlque désignent les saints Pères. leur autorité