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LIEUX THÉOLOGIQUES. SOURCES


telles que les formulera Cano : /n sacris disciplinis multiplex est locus arguendi : unus est ex sacrarum scriplurarum testimonio et hic est firmissimus locus argumentandi. Aller est ex sacrorum conciliorum generalium vel provincialium traditione. Tertius est ex sanctorum et veterum.Patrum Ecclesiw sententia. Isti omnes surit proprie loci theologici… Postremo addemus et ralioncs humanas, qui locus arguendi non est alienus ab hac disciplina.Cano dépend-il de Carranza, ou inversement ? A. Lang, qui a versé ce texte au présent débat, n’ose se prononcer et croit vraisemblable une origine commune, François Vitoria, qui, lui-même, n’aurait fait que reprendre l’idée lancée par saint Thomas, Sum. theol., I*, q. i, a. 8, ad 2um, A. Lang, Die loci th. des M. Cano, p. 71, note 1. Cano devrait-il à l’adversaire de toute sa vie la conception de son œuvre ? Ce serait piquant, mais il lui resterait le mérite unique de l’avoir réalisée, et cela avec une conscience si plénière, si aiguisée des exigences de détail de la méthode théologique, qu’il en reste le maître original, inégalé et incontesté.

Il ne l’est pas moins à d’autres points de vue. L’excellente latinité dont il use, en humaniste consommé, ajoute à la valeur du fond cette perfection de la forme, sans laquelle il n’y a pas d’oeuvre classique. Sa documentation est érudile, copieuse, et choisie cependant avec un sens théologique sûr. Sans doute il laisse des erreurs à rectifier, des lacunes à compléter, nombre d’affirmations à mettre au point ou à contredire, sur l’Immaculée Conception par exemple, De Loris, t. VII, c. iii, 1° conclus., mais, dans l’ensemble, faits et textes ont conservé leur positivité. Les développements de la doctrine catholique, sur l’inspiration de l’Écriture et l’infaillibilité du pape en particulier, ont plutôt confirmé, en les précisant, les positions de Cano, qu’ils ne leur ont ajouté. Il y a évidemment dans son œu-yre un côté transitoire, mais non pas caduc et qui en a fait, comme le dit bien le D r A. Lang. l’actualité, op. cit., p. 53, ses discussions par exemple avec Érasme, Luther, Calvin, les gallicans et certains théologiens Cajetan, Sylvestre de Ferrare ; il a Cette redondance des locutions cicéroniennes. ces

ssions, épisodes, souvenirs, réflexions personnelles à la Montaigne, qui sont d’ailleurs le charme de son œuvre. Mais, parce qu’il ne s’est pas renfermé

les étroites limites de la polémique et dans l’horizon resserré des unilatérales questions du jour, parce qu’il a bâti, avec un sens théologique averti, sur la tradition séculaire, son œuvre a une valeur qui restera. Comme une pierre milliaire. elle se dresse sur le chemin du développi ment théologique, tout à la fois marquant

l’acquis du passé et OUVranl la route aux buis de l’avenir.. I. an g, op. cit.. p. :, I. Disons, sinon mieux,

du moim sans métaphore, que pour la conception et la m œuvre de la méthode théologique, Cano est et denieiin le maître, le classique. Ce penseur, tout simplement en pensant tout haut, apprend aux théologiens qui hméditent a penser en théologiens. Son œuvre est pour la méthode théologique une œuvre typique, qu’est la Somme théologique de saint e en œuvre du donne révélé, rant que, dans le Dictionnaire de Th

gir catholique, nous sommes débiteurs d’une doctrine

commun » nie, nous ferons abstraction dans

innombrables points de vue qui se sont’depuis Cano, tant sur les détails que sur la

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pendant en appendice facultatif,

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Nous allons donc, au lieu de parler en notre nom propre, prendre comme livre de texte le De locis theologicis de Melchior Cano, fondateur et docteur authentique et universel de cette discipline.

IL Sources. — Absence de précédents ne signifie pas absence de sources. Pour un ouvrage de méthodologie, les sources sont de deux sortes, correspondant les unes à la forme, les autres à la matière de la méthode.

1° Au point de vue de la forme, Cano s’inspire directement du De inventione dialeclica de Rodolphe Agricola, Cologne, 1527, Paris, 1529. Le c. xi du 1. XII du De locis theologicis, qui est capital au point de vue du côté formel de sa méthode, est emprunté en grande partie à Agricola, De inv. dial., t. I, c. n ; t. II, c. iv, c. xix, c. xx, c. xxii. Quelques passages sont presque copiés. Lang, op. cit., p. 68, en a reproduit plusieurs à titre de spécimen, voici le premier, qui est tiré du chapitre xix (et non 26) du livre II du De inventione dialeclica.

Agricola, t. II, c. xix : Prius est ut numerum naturamque locoium, quot sint et qua : cujusque sit vis et pioprietas, explorate planeque teneat. Quod sive nostra descriptione sive quovis alio consequatur auctore, nonmultum refert… Nec vero memoria tenuisse locos esse credidero, sed paratos et exercitos…

Cano, t. XII, c. xi : Primum ergo discatur numéros naturaque locorum, qui sint, quot sint, quoe vis cujusque ac proprietas. Quae res, sive a nobis accipiatur seu ab alio… non multum refert… Nec enim memoria tenuisse sat est, sed paratos. et expeditos haberc oportet.

La notion du lieu est identique chez l’un et chez l’autre : Agricola, De invent, dial., t. I, c. il, édit. Paris, 1529, p. 8 ; Cano, De locis, t. I, c. m. Cano épouse la querelle d’AgricoIa contre la dialectique d’Aristote : Agricola, I. L c. iii, p. 11-14 ; Cano, t. XII, c. m. Si Cano s’excuse de ne pas traiter de l’usage des lieux théologiques in concione populari, c’est sans doute parce que le 1. III du De inventione dialeclica d’Agricola était consacré à cet objet :

Cette dépendance de Cano vis-à-vis d’AgricoIa prouve avec évidence, qu’au point de vue historique Cano ne se rattache pas Immédiatement aux topiques d’Aristote, que ceux-ci n’onl pas été le modèle sur lequel il a construit sa théorie des lieux. I op. cit., p. 67..Mais, par là. n’est pas tranchée la question de savoir si l’on peu ! ou non établir un parallélisme entre les topiques d’Aristote et les lieux théologiques de Cano. ainsi que nous l’avons fait dans l’article : La notion du lieu théologique. A. Lang. n celle question, op. cit., p.66, cl. finalement, se plaçant au point de vue pratique, semble bien incliner dans noire sens, en citant avec laveur notre mol : Peu importe, pour parler avec Gardeil, que l’on nous con teste le mol. si l’on nous donne la chose. - Op. Cit., p. 7’J-7.’.. note. C.f. Jlerue des Sciences philosophiques et Ùques, 1908, p. 194. Par contre, cette même dépendance vis-à-vis d’AgricoIa suggère la dépendance de Cano visa is de I ron, le maître préféré d’AgricoIa. Il n’en faudrait pas conclure que Cano ne connaissait que par son intermédiaire l’orateur romain, qu’il fréquentait au contraire, au point de lui devoir le meilleur de son style. Cano a lu a fond les topiques de Cicéinn. l’Orator, Oratore, dont les pensées et Souvent les expressions se fondent avec son propre texte, qu’il l(

ou non.

2° Au point de vue de la matière, si nous enti i par la. non point la documentation, mais les imurs

analogues, Cano, nous l’avons dit. n’a pas <v p

dents : son Unique source, il faut l’en croire, et saint Thomas d’Aquin : Divas Thomas mihi ri aæjnr el