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LIBÈRE. LA « CHUTE » OU LA « CAPITULATION


'on a fait disparaître les expressions qui devaient couper court à toutes les tentatives arianisantes : yevvir|6évTa… èx tt)< ; oùaîaç -où LTaTpôç.YEWYjOÉvToc où -oiYjÔévTa, ôfvooûaiov TÔilIaTpt. Considérées dans ce qu’elles disent, beaucoup de ces formules sont orthodoxes, et cela est vrai tout spécialement du symbole de 351 ; considérées dans ce qu’elles passent sous silence, dans ce qu’elles omettent délibérément, elles laissent planer sur ceux qui les ont mises en circulation, sur ceux qui les ont souscrites de regrettables soupçons. Que dirait-on d’une Profession de foi de Pie IV, où des mains expertes auraient arraché la croyance en la transsubstantiation ? Si, comme tout semble le démontrer, Libère amis sa signature au bas du document en question, on ne saurait l’innocenter d’une faute grave. Baronius, qui ne transige pas avec l’orthodoxie, n’hésite pas à parler d’hérésie. Nous n’irons pas jusque-là.

Il est inutile de démontrer, après ce que nous avons dit. que le pape Libère n’a pas souscrit la formule de 357, nettement subordinatienne. Texte dans Hahn, S 16t. La meilleure preuve que l’on en puisse donner c’est la reconstitution des événements qui se sont passés en cette même année. La « capitulation » de Libère doit se placer au début du printemps, car, lors de son séjour à Rome en mai, Constance y fait déjà allusion : Libère vous reviendra meilleur qu’il n’est parti, i dit l’empereur au peuple romain. A ce moment donc, le souverain était décidé à renvoyer le pape dans sa ville épiscopalc. Mais comment se fait-il que cette promesse n’ait été lenueque l’année suivante au cours de l'été? C’est que, dans l’intervalle, de multiples revirements se sont accomplis dans l’esprit si mobile de Constance. Rentré à Sirmium à l'été de 357, celui-ci donna l’ordre de faire venir Libère à la cour, dans l’intention sans doute de le renvoyer à Rome. Mais, quand le pape arrive auprès du souverain, un changement considérable vient de s’accomplir. Les anoméens les plus intransigeants sont parvenus à entraîner à leurs vues Valens, l’rsace, Germinius, toujours prêts aux pires compromissions et tout-puissants à la cour. C’est dans ce milieu que se rédige le formulaire de 357, que l’on aura l’invraisemblable impudence de faire patronner par le vieil Osius. On peut juger si, pour tout ce monde, les concessions arrachées à Libère quelques mois plus tôt retardaient. Sans doute le pape fut-il, I >ut comme Osius, sollicité de mettre sa signature au bai de la formule hérétique. Plus ferme que le vieil me de Cordoue. auquel son grand âge doit faire beaucoup pardonner. Libère refusa. Au lieu de reprendre Immédiatement le chemin de Home, il dut séjourner a là cour, en attendant une occasion plus favorable.

Celle-ci n’allait pas tarder a se présenter. L’impudence anoméenne avait suscité, dans tous les milieux qui n'étaient pas gagnés à l’arianisme strict, la plus vive répulsion. Au début de 358, on vit arriver à Sirniiiim l'évêque d’Ancyre, Basile, porteur des décisions doctrinales arrêtées en un concile qui comprenait un 'i nombre d'évéques orientaux. Ces anathématisræi répudiaient énerglquement l’anoméisme qui était en liasse ( |, devenir la religion officielle de Constant < Basile manu nvra si bien que le souverain fut ébranlé. lies mesures furent Immédiatement prises pour enrayer

i tntioche le triomphe de l’arianisme. le formulaire

de 357 fut retiré. Il s’agissait maintenant pour Basile

mble de l'épiSCOpat hostile aux ariens

notolrei a cette altitude nouvelle Libère, toujours

nt a la cour de Sirmium. comprit toute l’impur

tance de ce < hangement de front, qui aurait pu amener la Victoire décisive de la saine doctrine. Depuis

un an, il était en communion avec cei évéques arien

île étatl le représentant le plus BCtll

Libère n’hésita pas à entrer dans les vues de l'évêque d’Ancyre. Le récit, très clair sur ce point de l’historien Sozomène nous le montre en collaboration étroite avec le porte-parole des Orientaux. Voir ci-dessus, col. 641. Le pape accepte, il est vrai, la formule homœousienne de Basile ; mais cette formule représente un énorme progrès par rapport non seulement au symbole anoméen de 357, mais même par rapport à la formule imprécise et douteuse de 351. Texte dans Hahh, § 163. Sozomène, qui envisage les événements aupoint de vue de la plus stricte orthodoxie, semble jugerassez sévèrement la conduite de Libère qui aurait prêté les mains à ces diverses compromissions. Voir ci-dessus, col. 642. En réalité ces tractations, dont le détail est difficile à reconstruire, étaient un premier triomphe pour la vérité, surtout si l’on pouvait être absolument sûr de l’affirmation de l’historien, suivant laquelle Libère aurait ajouté au symbole de 358 une déclaration condamnant ceux qui ne voulaient pas reconnaître la parfaite similitude du Fils avec le Père : toÙç [17] xocT-'oûatav xal xarà TtâvTa ô|i, oiov t£> LTxTpi tov Tïov àTCOçoâvovTaç.

Cet accord fort légitime entre le pape et l'évêque d’Ancyre explique bien comment les homeeousiens triomphants ont pu contribuer au retour de Libère à Rome : « Ils écrivirent à Félix, qui gouvernait alors l'Église romaine, et au clergé de cette ville qu’ils eussent à recevoir Libère ; que les deux évêques occuperaient ensemble le siège apostolique et feraient d’accord les fonctions sacerdotales. » Sozomène, H. E., IV, xv, P. G., t. i.xvii, col. 1152. Plus tard, au concile de Séleucie, les homéens, en possession de la faveur officielle, feront un lourd grief à Basile d’Ancyre de cette solution bâtarde et le rendront responsable des troubles qu’elle causa dans l'Église romaine. Sozomène IV, xxiv, col. 1192.

Cette reconstruction des événements qui. seule, tient compte de toutes les données d’un problème assez complexe, permet de préciser au mieux la culpabilité du pape Libère. Sa vraie faiblesse n’estpas celle que lui reproche Sozomène. La signature du formulaire de 358 et les tractations avec Marcel d’Ancyre ont eu pour contre-partie l’amendement très orthodoxe que Libère a fait accepter. Sa vraie faiblesse se place un an plus tôt. quand, au début de 357, le pape abandonne Athanasc, entre en communion avec des personnages suspects et signe un formulaire de provenance douteuse. Cette faiblesse, qui d’ailleurs ne lui a pas obtenu sa grâce. Libère la rachète partiellement dès la fin de la même atinée en refusant de souscrire aux volontés des anoméens ; il la rachète plus complètement encore en 358 par la fermeté avec laquelle il impose la répudiation de l’anoméisme. A vrai dire, les collusions avec Basile d’Ancyre et son parti fournirent au pape l’occasion de saisir plus exactement, et dans toute leur

complexité, les questions de personnes et les questions de doctrine telles que des circonstances nouvelles mit les poser. Et ces rapports avec les grands chefs de

l’nomœouslanisme ne seront pas sans Influence sur la

formation en Libère d’un état d’esprit nouveau qui lui

permettra de refaire, après 382, l’unité catholique en

Occident. de tenter de la refaire en Orient. Pour rcgiettable qu’elle soit. la faute commise par Libère au début de 357 a clé sans Influence sur le reste de sa tanière

de pontife. Défaillance purement personnelle et d’ailleurs plutôt d’ordre moral que d’ordre Intellectuel, elle n’a pu empêcher le pape les circonstances étant n

venues normales, de s’acquitter de sa fonclion d’ailo tredela foi : elle ne saurait, à plus forte raison, clic tournée contre l’essentielle prérogative du Siège apostolique.

III llisiium BOMMAIR] m i QUESTION Dl

Libbri i éi lératlon des principaux travaux