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LIBÈRE. LA « CULTE » OU LA « CAPITULATION


Centulensis. Ce texte assez long (54 vers) parle d’un pape dont le nom n’est pas exprimé, mais qu’on a cru d’abord être Libère. Confesseur puissant, prêtre saint, tels sont les épithètes qu’on lui donne pour commencer. Après un bref curriculum vitx, on le montre assis sur le siège pontifical,

Electus fidei plenus summusque sacerdos Qui nivea mente immaculatus papa sederes.

luttant, seul contre tous, pour la foi de Nicée, avec une constance intrépide ; traîné en exil d’oii il monte triomphant au ciel.

Insuper exilio decedis martyr ad astra

pour y prendre place parmi les patriarches, les prophètes, les apôtres, les martyrs et répandre ses bienfaits sur tous ceuxqui l’invoquent. — Fùt-il démontré que cette inscription est celle du pape Libère, qu’il ne faudrait pas s’empresser de tirer des mots (Liberius) immaculatus papa une preuve que la conduite de ce pontife n’a jamais connu de défaillance. Comme le dit très bien L. Duchesne, à qui s’associe le P. Feder, « une épitaphe est une épitaphe ; il faut y relever les bons sentiments inspirés par le défunt, et, pour le reste, en user avec beaucoup de discrétion. » Libère et Fortunatien, p. 74. Sans compter que l’on pourrait faire remarquer que l’auteur de l’inscription passe bien vite sur le point délicat et envoie directement son héros de l’exildans le ciel. Cette dernière circonstance est bien faite d’ailleurs pour éveiller les soupçons sur l’attribution du texte anonyme au pape Libère. F, X. Funk, qui est revenu plusieurs fois sur la question, pense que l’épitaphe serait celle du pape Martin 1 er qui. lui, est mort en exil ; cette attribution est au moins vraisemblable et cela suffit pour engager les critiques à ne pas trop urger la preuve d’innocence que certains croient trouver dans l’inscription signalée.

Mais fùt-clleplus explicite encore, et les témoignages on faveur des vertus et des hauts faits du pape Libère fussent-ils plus nombreux, ils ne sauraient, en bonne critique, contrebalancer les dépositions très positives que nous avons d’abord entendues. Les successeurs de Libère n’avaient aucune raison pour ternir la mémoire d’un pape dont, après tout, on pouvait dire qu’il avait, en des circonstances difficiles, rendu service à l’orthodoxie nieéenne. Dans les milieux romains qui se rallièrent à Libère et plus tard I Datasse, on n’avait nulle envie d’éplucher de trop près les raisons qui avaient amené le retour du pape dans sa ville. Il y avait tant de gens, après Kimini, qui avaient intérêt a ce que l’on ne fouillât pas trop le passe’Kn Orient, saint Basile avait dû glisser sur bien des choses pour constituer le pari i qui assurerait le triomphe de Nicée : et l’on ne voit pas non plus pourquoi saint Ambroise se sérail montré rude à I endroit du pontife qui avait donné le voile à sa sæur Mareelline. El quant à la joie que le peuple romain témoigna a retrouver Libère, on la comprend satis peine Ce n’est pas le populaire qui pouvait nuances qui séparaient les diverses formules de Sirminm On lui avait enlevé un pape qu’il chélit ; on l’avait remplacé par un intrus dont les ivec les ariens n’inspiraient que de la méfiance Le jour on I. ibère rentra. RUl ne se posa

de longues questions pour savoir’le quel prix Il avait son retour : on l’acclama et l’on chassa l’antl

la Chronique de Jérôme n’était venue

révéler un peu plus tard les collusions auxquelles

lil prêt ! 1 il. ère. la mémoire de l’exilé de Béret aurait continué a èlre vénérée dam Rome.

De l’audition très impartiale des divers témoignages a charge et i décharge, il semble donc résulter que

Libère a été amené à un moment ou à l’autre, durant son exil, à des concessions regrettables sur la doctrine. De quelle nature furent ces concessions, c’est la seconde question qu’il faut résoudre.

2° De quelle nature furent les concessions de Libère ? — Suivant Athanase et Jérôme, Libère a souscrit quelque chose, un formulaire sans doute (l’on sait quel rôle ces symboles de foi ont joué à cette époque). En même temps, ils’estséparédela communiondeï’évêque d’Alexandrie et l’on se rappelle toute l’importance que l’empereur attachait au l’ait qu’Athanase fut abandonné par tous les évoques de l’empire. Or il circule, depuis les années 300, plusieurs lettres attribuées, à tort ou à raison, au pape Libère où il est expressément parlé de la signature d’un formulaire et de la répudiation d’Athanase. Si ces lettres sont authentiques, elles donnent tout naturellement la réponse à la question que nous nous sommes posée.

1. Authenticité des quatre lettres attribuées ù Libère. — Les lettres en question, au nombre de quatre, sont contenues dans le recueil désigné jusqu’à présent sous le titre de Fragmenta historica qui nous est arrivé sous le nom de saint Hilaire, et à qui le dernier éditeur, le P. Feder, a proposé de donner le nom beaucoup plus exact de Collectanca antiariana parisiensia. Voir l’essentiel sur la question littéraire à l’art. Hilairi ;, t. vi, col. 2404-2108. La démonstration que donne le P. Feder de l’origine hilarienne de tous ces fragments semble devoir s’imposer de plus en plus. Or cette question d’origine est capitale pour déterminer l’authenticité des pièces attribuées à Libère.

Sous le titre Adversus Valentem et L’rsacium libri. l’évéque de Poitiers rédigea à diverses reprises un récit des événements qui se déroulèrent en Occident depuis le concile de Sardique jusqu’après celui de Kimini. L’ouvrage, publié en plusieurs fois, consistait essentiellement en une série de documents réunis par des textes narratifs destinés à les introduire, aies commenter brièvement, à en montrer la liaison et l’importance. Ce livre n’est pas conservé, mais seulement les extraits qu’en avait fait un chercheur anonyme, désireux de rédiger une histoire de Tarianisme, vers la fin du ive siècle. Ces extraits n’ont pas été mis en œuvre, mais négligemment rassemblés par un scribe qui les trouva dans les papiers de l’anonyme. C’est à eux que nous devons non seulement les quatre lettres que nous allons discuter, mais la plupart des épîtres de Litière considérées par tout le monde comme authentiques el d’après lesquelles nous avons écrit l’histoire du pontifleat. En bonne logique, il n’y a pas de raison a priori pour que l’on mette une différence entre les lettres gravement accusatrices pour Libère et celles qui lui font honneur. Hilaire, qui transmet avec impartialité les unes et les autres, prend d’ailleurs soin de faire remarquer, au moins quand il s’agit des trois dernières lettres incriminées, qu’elles s’opposent aux démonstrations antérieures du pape : Pnsl hœc omnia quæ vel cesserai vel promiserat liberius, unirersa in irrilum deduxit scribrns pnrvaricnloribus A riants h : rrrii<is. Feder, p. 167-168. Nous reviendrons d’ailleurs sur la valeur de ces textes narratifs. Étudions

successivement les lettres.

a) La lettre Studbns paoi, doit éiic considérée a

part des autres : elle n’est connue que par les Colléetnncii. tandis que les trois suivanles sont transmises par la plupart des collections Canoniques anciennes (qui d’ailleurs les ont prives dans lesdils ( lollet lunrn ; elle n’est pas encadrée dans le même contexte historique : enfin son exégèse est laborieuse, Ces <u raisons expliquent que, depuis Baronius, les critiques aient eu tendance A la léparer de ses sœurs. Nombre

« (eux qui admettent l’authenticité de celles-ci, refusent

de ret onnaitre celli lé ; el les tentatives récentes