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    1. LIBERE##


LIBERE. LA « CHUTE » OU LA « CAPITULATION

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Lors du passage de Constance dans la capitale, la foule réclame le retour du pape légitime : « On vous le rendra, répond l’empereur, s’il veut écouter les évêques de la cour, i P. G., t. i.xyii, col. 1136-1137..Mais les ariens d’extrême gauche deviennent de plus en plus entreprenants, c. xii ; Basile d’Ancyre s’efforce de les combattre, c. xiii ; et réussit à faire expulser Eudoxe d’Antioche, c. xiv. Il se transporte ensuite à Sirmium où Constance vient de s’installer. Libère est convoqué à la cour et on prétend l’amener à confesser que le Fils n’est pas consubstantiel au l’ère. Il y avait là, pour faire pression sur lui, Basile, Eustathe et Éleusius. Ceux-ci combinent une formule de foi en fondant ensemble la première formule de Sirmium (celle de 351) et la formule du synode d’Antioche In encssniis ; ils prétendaient en elïet que, sous prétexte d’homoousios, certains avaient tenté de soutenir leur hérésie, ebç lui 7tpocpàae !.

TOÛ ÔjjLOOOalo’J £7TlXEI.pOUVTùiV TI.VWV ÎStXV OUVlaTGCVSlV

oupeaiv ; ils firent si bien que cette formule fut souscrite par Libère et plusieurs évêques africains ; y consentirent aussi Ursace, Germinius, Valens et tous les Orientaux. En revanche, ils emportèrent une profession de foi émanée de Libère condamnant ceux qui déclarent que le Fils n’est pas semblable au Père en essence et en tout : èv [xépei Se xocl ôu, oXoyîocv exo-LÛaavTO 7tapà Aiosplou <&7tox7)pÙTiroijaav toùç lu] xaT’oùolav xocl /ït « rnivia olioiov tû Ilarpl tÔv ïïov àTroçaîvovTaç. Car, peu auparavant, à l’époque où Eudoxe d’Antioche et les ariens de ces pays avaient appris la capitulation d’Osius (lequel avait signé le formulaire anoméen de 357), on racontait dans ce monde-là que Libère avait lui aussi condamné Vhomoousios et déclaré le Fils dissemblable du Père : to ôliooôcuov àTrsSoxÎLiaae xal àv6u, oiov tôS ITaTpl tôv Tïov So^àÇsi.. Après que les choses eurent été ainsi réglées par les délégués de l’Occident, l’empereur permit à Libère de rentrer à Rome, c. xv, loc. cit., col. 1152. Ce récit est extrêmement clair, et distingue bien deux faits qui ont été souvent confondus. D’une part, Sozomène donne comme certain que Libère souscrivit une formule (celle que nous appelons la 3e de Sirmium), formule qui n’accepte pas Vhomoousios parce que cette expression a pu servir à plusieurs pour dissimuler un sabellianisme plus ou moins explicite. Par contre, le pape demande expressément que l’on proclame le Fils semblable au Père en essence et en tout (c’est l’expression homreousienne, la propre formule de Basile d’Ancyre). Voilà le symbole que Libère a souscrit à Sirmium ; mais il a fait ajouter personnellement un anathème contre ceux qui ne s’y rallieraient pas, parce qu’il importait de couper court à certains racontars qui circulaient dans les milieux arianisants d’Antioche. On y avait fait courir le bruit que le pape avait fait comme Osius et signé la formule anoméenne, que nous appelons la 2e de Sirmium. Ce bruit, Sozomène (ou son garant) ne le discute pas ; il se contente de le signaler, en ajoutant le démenti que Libère cherche à lui opposer. Comparée aux vagues propos de Socrates et de Théodoret.le renseignementjde Sozomène nous apparaît comme extrêmement précis. C’est lui qui permet le mieux de rétablir la suite des événements que nous essaierons de reconstruire en terminant. Voir col. 652.

Le récit de Sozomène, d’autre part, se raccorde fort bien avec celui de l’auteur arien Philostorge, dont il convient évidemment de ne pas prendre à la lettre tous les dires, mais qui achève d’éclairer la narration de Sozomène.Voici l’abrégé qu’en fait Photius : A Sirmium, Constance rappelle d’exil l’évêque de Rome, Libère, réclamé par ses diocésains et le rend à leurs instances. Libère à ce moment avait souscrit contre Vhomoousios et contre Athanase, de même que l’évêqueOsius.carun synode s’étaitréuni à Sirmium et

les avait ralliés a sa communion, auv680) tivoç èvrocûda auoràaijç y.y.i elç ôu.o<pci>v>.av kùtoùç 6reoa7raooc(iévi]ç Après qu’ils eurent signé, Osius put retourner à doue et Libère à Rome. Edit. Bidez dans le Corpus de Berlin, p. 60. Il est clair que Philostorge est l’écho des racontars qui circulaient à Antioche, et suivant lesquels Libère, tout comme Osius, aurait signé la foimule dite 2e de Sirmium. Nous ne prétendons pas que cette donnée soit exacte ; nous la croyons même fausse : mais tout ceci donné l’impression que, dans les années 357 et 358, Libère est entré en collusion avec un certain nombre d’adversaires de l’homoousios, qu’il a souscrit des formules compromettantes et que c’est grâce à cela qu’il a pu entrer à Rome.

Et si l’on avance que ces renseignements viennent en définitive d’auteurs non catholiques fSabinos est macédonien, Philostorge arien., il convient de ne pas perdre de vue qu’ils recouvrent très exactement les témoignages fournis par des catholiques, Athanase, .Jérôme, Hilaire, plus intéressés les uns que les autres à présenter sous un jour favorable le malheureux pape Libère.

On peut arrèterici l’audition des témoins orientaux, tous les historiens de l’époque byzantine ne faisant que prendre leur bien dans les auteurs que nous venons d’interroger. Mais il convient, avant d’abandonner cette question, de ne pas oublier les témoins à décharge que la défense a convoqués.

6. Les témoins à décharge.

Pour laver la mémoire du pape incriminé de tout reproche de compromission, on a invoqué le silence de certains auteurs qui, si la chute de Libère avait été un fait patent, auraient dû la signaler. Ni Phébade d’Agen, ni Lucifer de Cagliari en Occident, ni Epiphane en Orient, si sévères tous trois à toutes les collusions avec les hérétiques ne disent un mot de cette affaire. Mais c’est un argument bien délicat que l’argumentum a silentio : en bonne critique historique il ne saurait prévaloir contre un témoignage positif.

Autant faut-il en dire des témoins de moralité, dont le rôle dans les procès ordinaires est précisément d’embrouiller le jury et de faciliter les effets oratoires de la défense. On a réuni une liste très imposante de personnages ecclésiastiques qui s’expriment en fort bons termes sur Libère : En 385, le pape Sirice mentionne un décret de son précécesseur Libère de vénérable mémoire. P. I.., t. xiii, col. 1133. — Vers 400, le pape Anastase, dans une lettre à Vénérius, évêque de Milan, récemment retrouvée, cite comme ayant résisté avec courage aux ennemis de la foi, Denys de Milan, Libère, Eusèbe de Verceil, Hilaire de Poitiers, ut de plerisque taceam quorum potuerit arbitrio residere cruci polius adftgi quam Deum Christum blasphemarenl. Texte dans Revue d’hist. et de litt. religieuses, 1899, t. iv, p. 6. — En 377, saint Ambroise insère dans le traité De virginibus, III, i, adressé à sa sœur Marcelline, le discours que le pape Libère, d’heureuse mémoire, avait prononcé à la prise de voile de celle-ci. P. L., t. xvi. col. 219 sq. — Vers la même date, saint Basile parlant du rétablissement d’Eustathe de Sébaste par le concile de Tyane après le voyage à Rome, appelle Libère ô LiocxapiMTOCTo : è-Z’.ay.oTzoz. Epist., 363, P. G., t. xxxii, col. 980 A. — On nous dispensera de citer des historiens postérieurs, comme Cassiodore, Théophane le confesseur. Cédrénos. vraiment trop éloignés des événements pour être dignes d’une convocation.

Il faut s’arrêter pourtant à un autre témoignage dont on a fait d’abord grand état, mais qui, à le considérer de près, semble de plus en plus difficile à retenir. Au t.it de ses Inscripliones christianæ.p. 83 sq., Œ Rossi a publié une épitaphe provenant d’un cimetière de la Via Salaria qu’avait conservée la Sijlloge