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    1. LIBÈRE##


LIBÈRE. LA « CHUTE » OU LA « CAPITULATION

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Rhnini, à Niké de Thrace et au concile de Constantinople de 360. Texte dans Socrates, H. E., IV, xii, P. G., t. lxvii, col. 484-485. Ces précautions prises, Libère pouvait entrer en communion avec l’épiscopat oriental désireux de se rallier à l’orthodoxie. C’est ce qu’il fit dans une lettre très explicite adressée à tous [es évêques d’Orient, et qui porte en tête les noms des soixante-quatre prélats qui avaient député à Rome Kustathe et ses deux collègues. Jaflé, n. 228. Cette lettre, qui rétablissait l’union entre Rome, fidèle gardienne de l’orthodoxie nicéenne, et l’Orient revenu à de meilleures dispositions, fut lue au concile de Tyane qui se tint au retour des délégués, et qui, sans la brutaie intervention de Valens, aurait pu rétablir, sans plus tarder, la paix en Orient. Il reste que Libère y avait travaillé de tout son pouvoir. Le pape ne connut pas d’ailleurs cet échec de sa politique car il mourut cette même année 36(i, le 23 septembre. C’est à cette qu’il est mentionné par le Martyrologe hiéronymien, voir Ad. Sanct., novemb., t. n a, p. 124. Baronius n’a pas voulu l’admettre au Martyrologe romain. Il aurait dû laisser la réputation d’un bon et grand pape, défenseur de l’orthodoxie nicéenne, restaurateur de la paix religieuse en Occident, initiateur des mesures salutaires qui, quatorze ans plus tard, amèneraient en Orient le triomphe définitif de l’orthodoxie nicéenne. Or, que l’on veuille bien lire le Liber Ponlificalis, et l’on y trouvera du pape Libère un portrait tout différent. Libère y apparaît transformé en un hérétique abominable qui, dans Rome, persécute sauvagement les catholiques. Singulier grossissement d’une circonstance obscure de la vie de Libère, sur laquelle nous avons maintenant à nous expliquer !

II. I.A CHUTE » OU LA " CAPITULATION » DU PAPE

Libère, — Comme celui du pape Honorius, le nom du pape Libère a été mêlé à la plupart des discussions qui ont mis aux prises les théologiens adversaires ou partisans de l’infaillibilité personnelle du souverain pontife. Jusqu’au concile du Vatican il a été question du malheureux exilé de Bérée. Hâtons-nous de dire néanmoins que les deux cas sont très loin de se ressembler. On a dit plus haut. I. vii, col. %. toute la complexité de la question d’Honorius. Celle de Libère est d’une belle simplicité. Fût-il démontré d’une manière absolument certaine que, pour obtenir la fin d’un exil pénible, le malhcureirx pape aurait abandonné la communion d’t hanase. aurait accepté Celle des plus compromit d’entre les Orientaux, aurait même souscrit les formulaires de foi les plus compromettants, qu’on sr trouverait en présence d’un acte engageant simplement Libère et non l’autorité du chef de l’Église. Et Libère serait à ranger sans pins dans la série des papes qui n’ont pas toujours eu pleine conscience de leurs devoirs, et te sont laisses aller a de coupables défaillances, (’.butes proprement morales, abandons du droit chemin même dans l’ordre intellectuel, ces défailrsonnelles n’ont rien a voir avec l’infaillibilité du pape parlant rr cathedra, et il faut vraiment s’être de l’infaillibilité pontificale une singulière concep lion pour découvrir une difficulté contre elle dans entures de Libî rc

I clarté du cas explique des lors comment fies

déterminés du privilège pontifical "lins ou Bellarmin n’aient point hésité à

illdre le problème contre le malheureux Libère,

. Rappliquant a l’affaire d’Honorius, ils ont multiplié, pour sauver l’Inculpé, las hypothèses les

1 * di i no ies années ont

u se renouveler la question de Libère. Or. l’on a

doute des savants catholiques, et non des

moindres, prendre délibérément position pour l’inno e du malheureux pontife ; mais ce sont des catho

llques aussi qui semblent « voir le mieux prouvé el

l’authenticité des documents accusateurs, et la culpabilité, très relative, du même pape ; et c’est un jésuite, le P. Feder, qui nous semble en avoir fourni la démonstration la plus convaincante.

Ainsi, le problème que nous avons à résoudre est-il strictement d’ordre historique ; encore faut-il le bien démontrer au théologien, afin de ne pas laisser celui-ci s’aventurer en des hypothèses hasardeuses, comme il est arrivé parfois.

Il s’agit de savoir si c’est au prix de concessions coupables que le pape Libère a obtenu de rentrer à Rome ; de savoir au juste quelles furent ces concessions.

1° Le pape Libère a-t-il fait des concessions coupables ? — Un certain nombre de textes contemporains, émanés, au moins en bonne partie, de personnes favorables à Libère, semblent imposer cette conclusion Les voici dans leur ordre chronologique.

1. Saint At hanase.

a) — Vers la fin de 357 ou au début de 358, l’évêque d’Alexandrie rédige son llistoria arianorum ad monaclws. Après avoir signalé tous les moyens employés par Constance pour amener l’épiscopat occidental à abandonner le vieux défenseur de l’orthodoxie nicéenne, Athanase raconte, avec forcedétails, c.xxxv-xl, la courageuse résistance que Libère opposa d’abord au souverain, et l’exil qui en fut la conséquence. Il ajoute ensuite, c. xii, P. G., t. xxv. col. 741 : ».Mais Libère, ayant été banni, finalement après un intervalle de deux ans, fléchit, et par peur de la mort dont on le menaçait, il souscrivit : ô Ss Aiêsp’oçèçopiaQstçûaTspov peTàSiETÎixpévovoîxXaæ xod cpoÔTjOslç tôv a7TEt.Xoop.evov Gàvaxov ÛTTsypasbev. » Mais cela même, continue Athanase, montre et leurs violences et la haine que Libère avait contre l’hérésie, et les sentiments qu’il nourrissait à l’endroit d’Athanase quand il était libre de manifester ses préférences. Car les rétractations que l’on obtient par la torture témoignent beaucoup plus des sentiments du bourreau que de ceux de leurs victimes. Bien qu’Athanase ne dise pas expressément ce que Libère souscrivit, il n’y a pas de doute que ce ne soit la condamnation de l’évêque d’Alexandrie. Car c’est du refus opposé à cette exigence de l’empereur qu’il a été question dans tout ce qui précède. Dans les chapitres suivants, au contraire, où il s’agit de la « chute » d’Osius. l’auteur marque expressément que, si l’on put amener l’évêque de Cordoue à signer un formulaire très suspect, il fut impossible de lui faire, annthémal iser son vieil ami Athanase.

b) - Sers 360, et en tout cas axant la mort de Constance, 361, Athanase donne une nouvelle édition de son Apologie contre les ariens, publiée d’abord en 350, à laquelle il ajoute un certain nombre de pièces justificat Ives. ec nous, dit-il, nous avions nn grand nombre d’évéques, et ce n’étaient pas des évêques de bourgades. Plusieurs nous sont restés fidèles, malgré l’exil, par exemple. Libère, l’évêque de Home. Sans doute il n’a pu supporter Jusqu’au bout les souffrances

du bannissement, pourtant il est encore resté fidèle à notre communion pendant deux ans. car il connaissait le secret de la machination montée contre nous : si fàç xv.’l zle -i’i.’iz’1')/ &7c£u.eivev roû èïopi’jo.vj t/, v 6X[vpiv, ôp.d)Ç SiETtav ëpsivsv èv t ? ( ii, eT0tx(qt P G t. xxv. col. [09

deux témoignages concordants sont dune [elle

précision qu’il est impossible de s’en débarrasser, sinon en Supposant une interpolation postérieure dans les

textes, hypothèse absolument désespérée et qui ne

trouve aucun appui dans la tradition manuscrite.

2. La pièce n. I de la Collectlo Avcllana. On la voit souvent citée comme étant la préface du I ibcllus

precum i pièce, n. 2), lequel est une supplique

lée aux empereurs N’aient mien. ThéodoSC « "